(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre IV. » pp. 78-81
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(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre IV. » pp. 78-81

Chapitre IV.

L’homme imite par instinct.] Aristote a consigné la même observation dans les Problèmes, XXX, 6. Cf Problèmes, XVIII, 3  XIX, 5, page 65 de cette édition, et la note, p. 138  Rhétorique, I, 11  III, 10,  Métaph., I, 1  Anal., post.,  I, 1.

Des objets que, etc.] Observations analogues dans Aristote, Des Parties des Animaux, I, 5, où cette pensée se rattache aux plus belles considérations sur l’étude de la nature. Cf. Plutarque, De la Manière d’entendre les poëtes, ch. III, et Questions symposiaques, V, 1.

Qu’à un faible degré.] Έπì βραχὺ ϰοɩνωνοῦσɩν. Expression tout aristotélique. Cf. Politique, VIII, 5  De l’Ame, II, 4  Morale Nicom., III, 13  VI, 2  Problèmes, XXX, 10  Hist. des Animaux, VIII, 1.

Qu’on n’ait point vu.] Comparez la Rhétorique, II, 23 fin.

Quant au mètre.] Même observation dans la Rhétorique, III, 8. Comparez, sur la différence du mètre et du rhythme, Vincent, Notice, etc., p. 197-216.

Le Margitès.] Des auteurs anciens ont déjà douté si ce poëme était réellement d’Homère. Suidas, au mot ІІίγρης, Atteste qu’on l’attribuait, ainsi que la Batrachomyomachie, à Pigrès d’Halicarnasse. Comparez Harpocration au mot Mαρ-γίτης, et le scholiaste d’Aristophane, sur les Oiseaux, v. 914. Cependant Aristote le cite encore, sans exprimer le moindre doute, dans la Morale Nicom., VI, 7.

Genre… ïambique.] Voyez sur ce sujet les auteurs cités à propos du chap. III, et, en outre, Liebel, Archilochi iambographorum principis reliquiæ (Vienne, 1818), et les commentateurs d’Horace, sur l’Épître Ire du livre II, v. 145 et suiv.

Et, dans ce genre, il est le seul.] Je n’ose pas croire ici que ma traduction donne le seul sens convenable. Oὐχ δτς répond ordinairement à ἀλλὰ ϰαί, non à ἀλλ’ ὅτι ϰαί. Voir la Grammaire grecque de Kühner, § 730 (2e éd. § 525), et les Idiotismes de Viger, p. 788, 4e éd. De Hermann.

Maintenant la tragédie, etc.] Ce passage a beaucoup tourmenté les interprètes. M. Forchhammer, dans un Programme de l’Univ. De Kiel, juillet 1854, propose de revenir pour cette phrase à l’autorité des mss., et de lire : Τὸ μὲν οὖν ἐπɩσϰοπɛĩν παρέχɛɩ ἢδη ἡ τραγῳδία, τοĩς ɛìδόσɩ ίϰανῶῶς ἢ οὐ αὐτὸ τɛ ϰαθ’ αὐτὸ ϰρĩναɩ ϰαì προς τὰ θέατρα, ἄλλος λόγος, ce qu’il traduit par : « Spectandi quidem facultatem jam præbet tragœdia, utrum iis qui satis sciant nec ne ipsum perse respectuque theatri judicare, nihil attinet. » Nous traduisons simplement le texte des mss. peu modifié, sans affirmer qu’il ait précisément le sens profond que lui prête De Raumer dans son Mémoire sur la Poétique d’Aristote (Berlin, 1829). Voyez l’Essai sur la Critique, p. 177. — « Aristote ne juge point à propos d’entrer dans cette question, que peut-être il traitait dans ce que nous avons perdu. Au reste, cette réserve à prononcer marque un esprit très-sage, qui ne veut poser ni les bornes de l’art ni celles du génie. » (La Harpe, Analyse de la Poétique d’Aristote.) Eût-il toutefois adopté ce jugement de Saint-Évremond ? « Il faut convenir que la Poétique d’Aristote est un excellent ouvrage  cependant il n’y a rien d’assez parfait pour régler toutes les nations et tous les siècles. Descartes et Gassendi ont découvert des vérités qu’Aristote ne connaissait pas. Corneille a trouvé des beautés pour le théâtre qui ne lui étaient pas connues. Nos philosophes ont remarqué des erreurs dans sa Physique. Nos poëtes ont vu des défauts dans sa Poétique, pour le moins à notre égard, toutes choses étant aussi changées qu’elles le sont. » (Saint-Évremond, De la Tragédie ancienne et moderne.)

Les chanteurs de dithyrambes.] Sur l’origine et la valeur primitive de ce mot, on peut consulter un savant mémoire de Welcker, dans les Annales de l’Institut archéologique, 1829, p. 398, 401 et suiv. Le mot έζάρχɛɩν se trouve en ce sens dans un fragment dithyrambique d’Archiloque, n° 39, éd. Liebel (Athénée, XIV, p. 628). — Sur les chants phalliques, voyez, entre autres, Athénée, XIV, p. 622  le schol. d’Aristophane, sur les Acharniens, v. 261 et 263 sq.

Aidant à ses progrès naturels.] Dacier : « chacun ajoutant quelque chose à leur beauté, à mesure qu’on découvrait ce qui convenait à leur caractère. » Batteux donne à peu près le même sens. J’ai cru me rapprocher davantage de la pensée d’Aristote en serrant son texte de plus près. Les mots ηὐζήθη et προαγόντων rappellent cette phrase, analogue pour le sens, du dernier chapitre des Réfutations sophistiques, où Aristote revendique si noblement l’honneur d’avoir presque fondé la Logique : μέν γαρ τὰς ἀρχάς ɛύρόντɛς παντελῶς έπì μιϰρόν τɩ προήγαγον • οί δὲ νῦν ɛύδοϰιμοῦντɛς, παραλαɛόντɛς ϰαρά πολλών οίον έϰ διαδοχής τών ϰατά μέρος προαγαγόντων, οὕτως ηύζήϰασɩ.

Ce fut Eschyle qui, le premier, etc.] Diogène Laërce, III, 56, rapporte en effet que le chœur figura d’abord seul dans les Dionysiaques, que Thespis y ajouta un acteur  puis Eschyle un second (ce qui permit d’appeler protagoniste le premier ou le principal des deux)  puis Sophocle un troisième. Cf. Suidas, au mot Σοφοϰλής. On peut voir encore la dissertation de Hermann sur les Euménides (volume II de ses Opuscules), et celle de Sommerbrodt, De Æschyli re scenica (Lignitz, 1848).

Décora la scène de peintures.] Vitruve, De Architectura, VII, Præf. Cf. Letronne, XVIIIe Lettre d’un Antiquaire à un Artiste (Paris, 1835).

Au genre satyrique.] Voyez sur ce sujet le mémoire que j’ai publié, à propos de l’Alceste d’Euripide, dans l’Annuaire de l’Association des études grecques (1873).

A la grandeur et à la noblesse.] Dacier : « Enfin elle ne reçut que fort tard la grandeur et la gravité qui luy sont convenables, car elle ne se deffit qu’avec peine de ses petits sujets et de son style burlesque, qu’elle avoit retenu de ces pièces satyriques, d’où elle sortoit. » Batteux : « On donna aux fables plus de grandeur, et au style plus d’élévation. Ce qui toutefois se fit assez tard  car l’un et l’autre se ressentirent assez longtemps des farces satyriques dont la tragédie tirait une partie de son origine. » M. Tycho Mommsen (Journal Philologique publié par MM. Bergk et Cæsar, Cassel, 1845, n. 16 du Supplément) , s’appuyant sur le sens du mot μέγεθος aux chap. VII et XVIII de la Poétique, propose de mettre ici un point après μύθων et il traduit, en conséquence : « Très histriones et scenæ picturam invennit Sophocles : ad hoc justum ambitum ex parvis fabularum argumentis oriendum fecit. Etiam a dictione ridicula sero liberata (tragœdia) magnificentior evasit. » Même après avoir lu les raisonnements dont il appuie cette conjecture, il faut beaucoup de complaisance pour reconnaître avec lui dans le texte d’Aristote une allusion aux trilogies tragiques d’Eschyle, et une confirmation du témoignage de Suidas au mot Σοφοϰλῆς. Si on traduit μέγεθος par longueur, ce texte peut néanmoins se passer de correction  mais de toute façon ne faut-il pas renoncer à lui donner un sens historique trop précis ? Quant au fait même des trilogies et des tétralogies sur un seul mythe, qu’on s’étonne de voir négligé par Aristote dans sa Poétique, il est confirmé par une didascalie des Sept devant Thèbes d’Eschyle, publiée par J. Franz, dans un programme de l’Universite de Berlin (1848) : Ἐδιδάχθη ἐπὶ Θεαγενίδου, ὀλυμπιάδι οη’. Ἐνίϰα (s.-ent. Eschyle) Λαἱῳ, Οἰδίποδι, Ἑπτὰ ἐπὶ Θήϐαις, Σφιγγὶ σατυριϰῇ. Δεύτερος Ἀριστίας Περσεῖ, Ταντάλῳ, Παλαισταῖς σατυριϰοῖς τοῖς Πρατίνου πατρός. Τρίτος Πολυφράδμων Λυϰουργίᾳ τετραλογίᾳ. La trilogie tragique d’Eschyle était donc composée précisément comme le conjecturait, en 1819, G. Hermann (Opuscules, t. II, p. 314). Sur le mot τετραλογία, voyez le schol. d’Aristophane, sur les Oiseaux, v. 282, où il se réfère aux Didascalies d’Aristote  sur les Fêtes de Cérès, v. 135  sur les Grenouilles, v. 1124.

On en fait beaucoup, etc.] Cf. Rhétorique, III, 1 et 8. J’ai réuni quelques exemples de ces vers mêlés, sans le savoir, à la prose, dans les notes de mon édition de Longin (1837), p. 143. On pourra consulter, en outre, la première note de Stiévenart sur Démosthène, Contre Néæra, et surtout J. Foster, An Essay on the different nature of Accent and Quantity, 3° édit. (Londres, 1820), p. 86, 87, qui a recueilli des hexamètres même dans le Nouveau Testament.

Du ton familier.] Ἀρμονίας dit le grec. On lirait plus volontiers ἑρμηνείας. Voyez Démétrius, sur le Style, § 1. Épisodes.] Voyez plus loin, p. 100, sur le chap. XII.