(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre VIII. » pp. 96-97
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(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre VIII. » pp. 96-97

Chapitre VIII.

A un seul homme.] Nous suivons la leçon de Vahlen (1874). L’ancien texte est τῷ γένει, d’où Vettori avait déjà tiré la conjecture τῷγ’ ένί. De même, Physique, II, 5 : Ἄπειρα γὰρ ἄν τῷ ἑνὶ συµϐαίη. — Hermann transporte ici après συµϐαίνει les mots ὤσπερ ποτὲ ϰαὶ àλλοτε φασίν, qui nous embarrassaient tant au chap. vii : c’est un moyen trop commode, pour un homme d’esprit, de corriger Aristote.

L’Héracléide.] Il y avait une Héracléide de Cinéthon qui est citée par le scholiaste d’Apollonius de Rhodes, I, 1357  et une de Pisandre, dont on a quelques fragments, sans parler d’autres poëmes sur le même sujet, mais qui sont peut-être postérieurs en date à la Poétique d’Aristote. Voyez Düntzer, Fragments de la Poésie épique grecque (Cologne, 1840), p. 59.

La Théséide.] Le plus ancien des poëmes ainsi intitulés paraît être celui que citent Plutarque (Vie de Thésée, chap. xxviii) et Aristote. On n’en connaît pas l’auteur. Ceux de Diphilus et de Nicostrate ou Pythostrate sont d’une date incertaine. Voyez Düntzer, livre cité, et W. Müller, de Cyclo Græcorum epico (Leipzig, 1829), p. 64.

Au moment de la réunion des Grecs.] Cet épisode était traité dans les Chants Cypriaques, dont l’analyse par le grammairien Proclus nous a été conservée par Photius (Cod. 239), et dans un poëme intitulé Palamedea, que cite un scholiaste d’Homère (sur l’Iliade, II, 761) publié par Cramer, Anecdota Oxon., I, p. 278.

Sur la question que soulève cette assertion d’Aristote, voy. la note D, § 1, à la fin de l’Histoire de la Critique.

Je transcris ici, comme termes de comparaison, les traductions de Dacier, de Batteux et de Chénier. Dacier : « En composant son Odyssée, il n’y a pas fait entrer toutes les aventures d’Ulysse  par exemple, il n’a pas mêlé la blessure qu’il reçut sur le Parnasse avec la folie qu’il feignit lorsque les Grecs assembloient leurs armées  car de ce que l’une est arrivée, il ne s’ensuit ny nécessairement ny vraisemblablement que l’autre doive arriver aussi  mais il a employé tout ce qui pouvoit avoir rapport à une seule et même action, comme est celle de l’Odyssée. » Batteux : « Il s’est bien gardé d’employer dans son Odyssée toutes les aventures d’Ulysse, comme sa folie simulée, sa blessure au mont Parnasse, dont l’une n’est liée à l’autre ni nécessairement ni vraisemblablement. Mais il a rapproché tout ce qui tenait à une seule et même action, et il en a composé son poëme. » Chénier : « En composant l’Odyssée, il n’a point chanté toute la vie d’Ulysse, ni la blessure qu’il reçut d’un sanglier sur le mont Parnasse, ni la folie qu’il affecta lorsqu’on rassembla l’armée. Ces choses n’étant point des parties nécessaires ou vraisemblables, Homère s’est borné au détail d’une seule action telle que la présente l’Odyssée »

Quant au précepte général qui fait le sujet de ce chapitre, on peut voir dans le Tasse (Discours IIe sur l’Art poétique, et Lettres poétiques, 2 juin, 15 juillet et 15 octobre 1575) combien ce grand génie se préoccupe de l’unité épique et de l’autorité d’Aristote sur cette question. C’est quelque chose de fort semblable aux scrupuleuses discussions de notre Corneille dans ses Discours sur la Tragédie et dans les Examens de ses pièces.