(1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — I. Fin principale de l’Incarnation du Verbe. » pp. 5-6
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(1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — I. Fin principale de l’Incarnation du Verbe. » pp. 5-6

I.

Fin principale de l’Incarnation du Verbe.

Le but que la Sagesse incarnée s’est proposé, est incontestablement de réconcilier les hommes avec Dieu, & d’en faire des saints. L’Apôtre veut qu’on annonce hautement que cette divine Sagesse ne s’est livrée elle-même pour nous, qu’ afin de nous racheter de toute iniquité, & de nous purifier, pour se faire un peuple particuliérement consacré à son service, & servent dans les bonnes œuvres . On ne peut être associé à ce peuple heureux, qu’ en renonçant à l’impiété & aux passions mondaines  ; qu’ en vivant dans le siécle présent avec tempérance, avec justice & avec piété, étant toujours dans l’attente de la béatitude que nous espérons, & de l’avénement du grand Dieu & notre Sauveur Jesus-Christ . Développons ces importantes vérités.

Un vrai Chrétien est donc un homme qui n’est occupé qu’à bénir la main toute-puissante qui l’a arraché à l’Enfer ; qui a abbatu le mur de séparation, que ses infidélités avoient élevé entre le Seigneur & lui, & qui a fait sa paix avec Dieu. Le souvenir seul d’avoir été son ennemi, & d’avoir porté le joug du démon, le fait frémir. Il ne craint rien tant que d’être chassé de cette nation sainte qui est la conquête de Jesus-Christ, & de rentrer dans les fers de l’Ange superbe. Il tremble à la vue du péché, dont cet affreux état est la juste punition. Il vit dans une attente continuelle de la gloire des enfans de Dieu. L’incertitude du moment où il en doit être mis en possession, ne fait que redoubler sa vigilance & son courage.

Telle est l’idée que les saintes Ecritures nous donnent d’un Juste : & qu’on n’oublie pas qu’il faut l’être dans un degré plus ou moins grand, pour entrer dans le Royaume des cieux. Voilà ce que Jesus-Christ est venu faire dans le monde ; embrâser les cœurs du feu de la charité, former des justes ; voilà l’unique but des mystéres qu’il a opéré sur la terre.

Mais un Chrétien qui désire sincérement de conserver ou de recouvrer la justice, a-t-il des combats à essuyer, a-t-il des combats à essuyer, a-t-il des obstacles à vaincre ? Qui peut en douter ? Tout conspire pour le faire sortir de la voie étroite qui conduit à la vie, ou pour lui en fermer l’entrée. Les Démons, le monde, les passions se liguent ensemble pour s’opposer à l’œuvre de Jesus-Christ dans son cœur.

C’est pour le faire triompher d’ennemis si formidables, que les Livres saints lui découvrent avec tant de soin les ruses, les profondeurs de Satan, & les moyens de s’en garantir. C’est dans la même vue qu’ils lui remettent si souvent devant les yeux la corruption de son cœur, qui renferme le germe de tous les crimes ; qu’ils lui indiquent les remédes-propres à la guérir ; & qu’ils lui prescrivent si expressément de renoncer au siécle, à ses vains désirs, & aux passions mondaines, abnegantes impietatem, & secularia desideria .