Querelle de Joconde

Dates

1664

Titre(s) endogène(s)

« Contestation sur Joconde » (Journal des Savants, 26 janvier 1665)

Fiche rédigée par Alain Viala . Dernière mise à jour le 24 December 2014.

Synopsis

Synopsis

En 1663, publication posthume, chez Louis Billaine, de diverses œuvres de M. de Bouillon, gentilhomme de M. d’Orléans, sous le titre Œuvres de feu M. de Bouillon. On y trouve divers contes, entre autres l’Histoire de Joconde, traduction ou imitation d’un morceau du Roland Furieux de l’Arioste. La Fontaine entre dans la « maison » de Mme d’Orléans. Il publie chez Barbin en décembre 1664 ses Contes et nouvelles en vers, dont un conte de Joconde. On compare les deux, et s’organise un pari : Saint-Gilles, parie cent pistoles sur Bouillon, et Jérôme Boileau, frère de Nicolas, sur La Fontaine. On forme un jury composé de « trois des plus galants hommes de France » (apud Dissertation ci-après) : M de Brienne, M de Langlade, ex-secrétaire de Mazarin, et Pierre Cyrano de Bergerac, trésorier des Aumônes et offrandes du Roi. Molière se serait excusé pour ne pas y siéger. Un « fort galant homme », qui selon les Mémoires de Brienne serait Saint Evremond, critique La Fontaine pour le manque de vraisemblance de son récit (La Fontaine répondra dans la préface de sa réédition de 1665). Début 1665, le Journal des Savants rapporte l’existence du débat. Nicolas Boileau publie une Dissertation sur Joconde, qui estime La Fontaine supérieur à Bouillon. Mais le pari n’est pas accompli parce que Charles Perrault intervient pour demander que la sentence ne soit pas rendue et que la somme consignée pour le pari soit rendue à Saint-Gilles. La querelle s’éteint avec la réédition des Contes et leur préface.

Enjeux

Enjeux

Les textes de La Fontaine, dans ses avertissement et préface, et de Boileau, mettent en avant deux questions : bienséance et vraisemblance. Les deux soulignent que le genre du conte ne les exige pas. Mais via la bienséance, c’est la question de l’image de la femme qui est en jeu, et son infidélité supposée chronique.

Au-delà, il est manifeste que le débat se joue entre deux tendances du courant galant : une plus vieille, celle que représente Bouillon, et une plus neuve et plus proprement littéraire, représentée par La Fontaine, Perrault et, ici, Boileau. A noter que Boileau deviendra peu après un adversaire acharné des galants. Il s’agit de définir le style galant comme un style moyen et « naïf », et la versification appropriée.

Dans ce débat sur le style galant, apparaît une interrogation sur les deux versants de la galanterie, la mondaine et la ‘licencieuse’.

Mais au-delà encore, il y va aussi d’une réflexion sur la traduction et l’imitation. Elle implique une comparaison entre la manière française et la manière italienne, et l’affirmation de la supériorité française.

Chronologie

Chronologie

• Décembre 1664. Publication des Contes et nouvelles en vers de La Fontaine.

• 26 février 1665 : le Journal des Savants fait état de la « contestation » en cours sur Joconde.

Noms propres

Noms propres

Références

Références

Corpus

• Bouillon, M. de, Œuvres de feu M. de Bouillon, Paris, Billaine, 1663.

• La Fontaine, Jean de, Joconde, in : Contes et nouvelles en vers, 1664 et rééd. Paris, C. Barbin, 1665.

• Boileau, Nicolas, Dissertation sur Joconde, 1665.

• Journal des savants, Paris, livraison du 26 janvier 1665.

• Brienne, M. de, Mémoires, Arsenal, mss 5171, ffos 167, 224, 245

• Brossette, Boleana, BNF, mss f.fr. 15275

Bibliographie critique

• Jean-Pierre Collinet, éd. de La Fontaine, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, Pléiade, 1991.

• Boudhors, Charles-Henri, éd. de Boileau, Dissertation sur Joconde, Paris, Les Belles Lettres, 1942.

Liens

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