Querelle des Mariamnes

En 1724-1725, plusieurs pièces intitulées « Mariamne » (l’épouse d’Hérode Le Grand) sont jouées à la Comédie-Française. La première, créée le 6 mars 1724, est une tragédie de Voltaire qui ne rencontre pas le succès. La deuxième est celle de Hardy (1610) qui est alors exhumée par Jean-Baptiste Rousseau. La troisième est écrite par l’abbé Nadal, rival de Voltaire, en février 1725, et ne connaît que quatre représentations (Nadal accuse Voltaire d’être à l’origine d’une cabale contre sa pièce). La dernière Mariamne est d’un auteur inconnu et est rejetée par les Comédiens Français après qu’elle leur a été présentée (Fuzelier et Piron la baptiseront « Mariamne l’inconnue » ; d’après Irail cette pièce correspond à la version de Hardy que Jean-Baptiste Rousseau aurait reprise). Voltaire retravaille sa pièce et en propose une nouvelle version, créée en avril 1725, sous le titre d’Hérode et Mariamne. Elle connaît alors un succès considérable.

La Mariamne de Voltaire est très vite parodiée : dès mars 1724, Denis Carolet fait jouer à la Foire Saint-Germain une Inès et Mariamne aux Champs Élysées, qui la prend notamment pour cible (la pièce est perdue). Puis, à la querelle des Mariamnes, va faire suite une seconde querelle qui se joue sur le même mode de surenchère : celle des parodies des Mariamnes. La querelle des parodistes se cristallise notamment entre deux auteurs : Fuzelier et Piron. Le 1er avril 1724, Fuzelier s’en prend à la Mariamne de Voltaire ; le 3 février 1725, Piron s’attaque à la même pièce dans le prologue des Chimères ou le Bonheur de l’illusion joué à la Foire Saint-Germain ; le 1er mars 1725, Fuzelier donne à la Foire Saint-Germain Les Quatre Mariamnes. Piron accuse alors Fuzelier de lui avoir volé l’idée d’un tel défilé de Mariamnes personnifiées et surenchérit avec Les Huit Mariamnes, pièce créée à la Comédie-Italienne, le 27 avril 1725 : cette pièce met en scène toutes les Mariamnes concurrentes ainsi que Fuzelier (qui s’y voit nommé « le démon Coupletgor »). De son côté, la Comédie-Italienne renchérit dans la veine comique en faisant représenter Le Mauvais ménage de Biancolelli et Legrand (19 mai 1725). Toujours au mois d’août, le différend entre Fuzelier et Piron s’aggrave avec la représentation du Fâcheux veuvage de Piron : dans une longue scène comique, Piron raille Fuzelier et sa collaboration avec le musicien Aubert (la clef est évidente à l’acte III, scène 3).