Querelle du vide

De retour d’Italie en 1646, le père Mersenne diffuse la nouvelle des expériences de Torricelli mais échoue à les reproduire à cause de la mauvaise qualité des tubes. Pierre Petit souhaite recommencer les expériences à Rouen, avec Etienne Pascal, pour profiter de la qualité des verres produits par la manufacture de cette ville. Blaise Pascal en rend compte dans ses Expériences nouvelles touchant le vide, en 1647. Elles font apparaître un « espace vide en apparence » considéré comme « véritablement vide » tant que n’aura pas été « montré l’existence de quelle matière qui le remplisse » (Expériences nouvelles…). D’après S.M. p. 50 sqq c’est Pascal qui est à l’origine de la querelle en tant que telle (pour des questions de propriété d’expérience, d’abord antérieurement à toute publication d’imprimé, dans des débats autour des expériences rouennaises, par exemple dans la narration manuscrite Sur le vide, de Gilles Personne de Roberval).

Premières objections aux positions en faveur du vide soutenues par Pascal cependant dès octobre 1646. Jacques Piérius, curé de Déville et professeur au collège de l’archevêché de Rouen, réalise ses premières expériences au début du mois d’octobre 1646 et publie un opuscule intitulé An detur vacuum in rerum natura. Puis Pierre Guiffart publie en 1647 son Discours du vide, sur les expériences de M. Pascal et le traité de M. Pierius, favorable au vide.

Dès juin 1647, Bourdelot renouvelle l’expérience et dans les mois qui suivent sont inventées diverses expériences qui donnent lieu à des interprétations contradictoires. Pierre Petit fait publier également en 1647 son Observation touchant le vide.

La querelle la plus vive, la plus directe et la plus personnelle oppose Blaise Pascal et son père au R.P. jésuite Étienne Noël (correspondance éditée la première fois en 1779 et livre du Père Noël Le Plein du vide, 1648). À l’automne 1648, Blaise Pascal publie son Récit de la grande expérience de l’équilibre des liqueurs (celle qui est faite au Puy de Dôme par son beau-frère Florin Perier) qui conclut que la nature n’a pas horreur du vide et que tous les effets attribués à cette prétendue horreur doivent l’être à la pesanteur de la masse d’air. Ce nouvel ouvrage relance des discussions et des polémiques, à la fois sur l’interprétation et sur la propriété intellectuelle de cette expérience, en particulier avec Descartes et Gassendi.

Il n’est pas mis fin à la « querelle » du vide par la décision d’une instance qui aurait l’autorité de le faire, et dans ce sens elle n’entre peut-être pas dans le cadre de ce que l’on nomme « querelle » dans ce programme de recherches. Elle se transforme et s’éteint peu à peu.