(1914) L'Ignorance « L’Ignorance »
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(1914) L'Ignorance « L’Ignorance »

L’Ignorance

Icare

Soleil je suis jeune et c’est à cause de toi
Mon ombre pour être fauste je l’ai jetée
Pardon je ne fais pas plus d’ombre qu’une étoile
Je suis le seul qui pense dans l’immensité
Mon père m’apprit les détours du labyrinthe
Et la science de la terre et puis mourut
Et depuis j’ai scruté longtemps la vieille crainte
Du ciel mobile et me suis nourri d’herbes crues
Les oracles c’est vrai désapprouvaient ce zèle
Mais nul dieu pour tout dire n’est intervenu
Et pieux j’ai peiné pour achever les ailes
Qu’un peu de cire fixe à mes épaules nues
Et j’ai pris mon essor vers ta face splendide
Les horizons terrestres se sont étalés
Des déserts de Lybie aux palus méotides
Et des sources du Nil aux brumes de Thulé
Soleil je viens caresser ta face splendide
Et veux fixer ta flamme unique aveuglément
Icare étant céleste est plus divin qu’Alcide
Et son bûcher sera ton éblouissement

Pâtres

Je vois un dieu oblong flotter sous le soleil
Puisse le premier dieu visible s’en aller
Et si c’était un dieu mourant cette merveille
Prions qu’il tombe ailleurs que dans notre vallée

Icare

Pour éviter la Nuit ta mère incestueuse
Dieu circulaire et bon je flotte entre les nues
Loin de la terre où luit ta fille ténébreuse
La Nuit cette inconnue parmi les inconnus
Et je vivrai par ta chaleur et d’espérance
Mais ton amour soleil brûle divinement
Mon corps qu’être divin voulut mon ignorance
Et ciel Humains je tourne en l’éblouissement

Bateliers

Un dieu choît dans la mer un dieu nu les mains vides
Au semblant des noyés il ira sur une île
Pourrir face tournée vers le soleil splendide
Deux ailes feuillolent sous le ciel d’Ionie.