(1918) Océan de terre « Océan de terre »
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(1918) Océan de terre « Océan de terre »

Océan de terre

A G. de Chirico
J’ai bâti une maison au milieu de l’océan
Ses fenêtres sont les fleuves qui s’écoulent de mes yeux
Des poulpes grouillent partout où se tiennent les murailles
Entendez battre leur triple cœur et leur bec cogner aux vitres
                        Maison humide
                        Maison ardente
                        Saison rapide
                        Saison qui chante
                Les avions pondent des œufs
                Attention on va jeter l’ancre
Attention à l’encre que l’on jette
Il serait bon que vous vinssiez du ciel
Le chèvrefeuille du ciel grimpe
Les poulpes terrestres palpitent
Et puis nous sommes tant et tant à être nos propres fossoyeurs
Pâles poulpes des vagues crayeuses
O poulpes aux becs pâles
Autour de la maison il y a cet océan que tu connais
       Et qui ne se repose jamais
GUILLAUME APOLLINAIRE