(1909) Les Sept Épées « Les Sept Épées »
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(1909) Les Sept Épées « Les Sept Épées »

Les Sept Épées

La première est toute d’argent
Et son nom tremblant, c’est Paline ;
Sa lame, un ciel d’hiver neigeant ;
Son destin sanglant, gibeline ;
Vulcain mourut en la forgeant.
La seconde, nommée Noubosse,
Est un bel arc-en-ciel joyeux ;
Les dieux s’en servent à leurs noces ;
Elle a tué trente Bé-Rieux
Et fut douée par Carabosse.
La troisième, bleu féminin,
N’en est pas moins un chibriape
Appelé Lul de Faltenin
Et que porte sur une nappe,
Devant l’antipapesse, un nain.
La quatrième, Malourène,
Est un fleuve vert et doré ;
C’est le soir quand les riveraines
Y baignent leurs corps adorés
Et des champs de rameurs s’y traînent.
La cinquième, Sainte-Fabeau,
C’est la plus belle des quenouilles ;
C’est un cyprès sur un tombeau
Où les quatre vents s’agenouillent,
Et chaque nuit c’est un flambeau.
La sixième, métal de gloire,
C’est l’ami aux si douces mains
Dont chaque matin nous sépare :
« Adieu, voilà votre chemin. »
Les coqs s’épuisaient en fanfares.
Et la septième s’exténue,
Une femme, une rose morte :
« Merci, que le dernier venu
« Sur mon amour ferme la porte.
« Je ne vous ai jamais connue. »