(1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »
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(1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Lamartine

Mémoires inédits.

I

Ils étaient ignorés ; ils étaient inédits. Les voilà édités. Seront-ils lus ? On en peut douter. Doute amer ! Le monde n’est plus à l’Idéal, qui fit Lamartine… D’ailleurs, ces Mémoires ne vont que de 1790 à 1815. Ils ne sont donc ni la vie littéraire, ni la vie politique de Lamartine » cet homme de double gloire. C’est sa vie obscure. C’est la délicieuse vie obscure des hommes célèbres, la nuit charmante avant l’aurore de leur gloire, et dont lord Byron, blasé de la sienne, disait avec mélancolie : « Il n’y a dans la vie qu’un malheur, c’est de n’avoir plus vingt-cinq ans ! » Après vingt-cinq ans, les Roméos qui sont descendus du balcon de Juliette n’y remontent plus par la même échelle, et s’ils en sont descendus pour entrer, par le hasard de leur génie, dans la gloire, ils donneraient leur gloire pour y remonter… Ces Mémoires inédits et inachevés de Lamartine, et qu’il a peut-être laissés inachevés à dessein, l’Histoire devant se charger du reste, tromperont l’écho de nos petites têtes sonores auxquelles il faut toujours le bruit d’un grelot. Ils ne sont guères qu’un mince rayon tombé de la plume de Lamartine sur la source cachée d’où devait jaillir plus tard, dans son immensité d’éclat, la plus haute poésie qui ait traversé le xixe  siècle. Certes ! on en voudrait ici retrouver les premières gouttes, mais c’est vainement qu’on les cherche dans la coupe étroite de ce petit livre, — grand comme le creux de la main… Elles n’y sont pas. Il n’y a pas ici un vers, un seul, de cette poésie qui va tout à l’heure déborder sur le monde comme le plus beau des quatre fleuves du Paradis terrestre, et qui nous l’a souvent apporté, le Paradis, dans les flots de son azur divin !… Il n’y a ici que le jeune homme d’avant le poète, le Prince des Ténèbres qu’il est encore avant d’être le Prince de la Lumière, qu’il doit devenir ;

Je suis celui qu’on aime et qu’on ne connaît pas !

Dans ces Mémoires de Lamartine, il n’y a que le jeune homme vêtu de noir d’Alfred de Musset ; le mystérieux rêveur, qui porte son rêve comme un verre plein, sans le répandre ; enfin, le jeune homme inconnu qui n’a que sa jeunesse :

Mais qui sera Virgile un jour !

II

Car il l’a été et il l’est ! Il est le Virgile de notre âge, et bien plus grand que Virgile encore, comme nous, modernes et sortis du Christianisme, nous sommes, en âme, bien plus que n’étaient les Romains. Lamartine est le Virgile de la civilisation chrétienne par la profondeur des sentiments, et c’est un Virgile d’une bien autre force poétique par les facultés. Virgile, le Lamartine de sous Auguste, n’avait qu’une flûte et qu’une trompette, la flûte des Bucoliques et la trompette des Épiques, dont il avait attendri et passionné les sons. Le génie de Virgile est, en effet, la femme du mâle génie d’Homère ; c’est l’Andromaque de cet Hector. Mais le génie de Lamartine n’est la femme du génie de personne. Comme Virgile, il a pu chanter :

Je suis né parmi les pasteurs !

mais il avait, avec la flûte de Virgile, la lyre du lyrique, que Virgile n’avait pas, et qui est le plus magnifique instrument que Dieu ait mis aux mains des poètes. Jamais le Lyrisme n’est monté plus haut dans des vers plus beaux, et qui eussent ravi, en l’étonnant, Virgile lui-même, s’il les avait entendus ! Et ce n’est ni la durée dans le passé, ni la fascinante perspective de l’Histoire, qui grandit les hommes à mesure qu’elle les éloigne de nous, ni le coudoiement avec eux dans la même époque et dans la vie et qui les rapetisse en les mettant de plain-pied avec nous, qui doivent empêcher de juger deux poètes séparés par des siècles, et de dire, sans trembler devant la tradition, lequel est le plus grand des deux. Virgile est depuis deux mille ans sur son socle, couronné de laurier par la sculpture de tous les temps qui ont suivi le sien, et Lamartine n’est que d’hier, et moi, qui écris ce chapitre, je l’ai vu dans le prosaïsme de nos plates mœurs et de nos tristes costumes, avec le chapeau blanc de Louis-Philippe et des épiciers endimanchés sur sa noble tête… Rapprochement de plus d’influence qu’on ne croit sur l’imagination déconcertée et qui compare deux poètes immortels ! Seulement, la Critique, plus forte que l’Imagination, ne doit voir, elle, que l’essence même de la poésie qui est en eux. Assurément, celle de Lamartine a sur la poésie de Virgile la supériorité des choses infinies sur les choses finies, des choses divines sur les choses humaines. Il a chanté Dieu et un Dieu inconnu à Virgile, et, depuis Virgile, nul poète chrétien dans les nations chrétiennes ne l’a chanté avec de tels accents· Voilà le mérite absolu de Lamartine parmi les poètes. Le livre qui donne la mesure complète de son génie, ne vous y trompez pas ! ce sont ses Harmonies. Sur elles seules, sur les Harmonies seules, quand il n’eût pas fait d’autres œuvres, on pourrait le juger sans qu’il perdît rien de sa toute-puissance poétique, montrée pourtant avec tant de profusion et de munificence ailleurs. Et cette toute-puissance, qui n’a pas d’égale, était en lui chose si mystérieusement et si spontanément naturelle qu’il est impossible de l’expliquer, et que lui-même, comme les autres poètes, plus artistes que lui par la volonté et le travail, il ne pensa jamais, par un travail quelconque, à y ajouter.

C’est un poète en dehors de toutes les littératures, et c’est sa gloire, c’est sa gloire spéciale de n’être pas littéraire. Virgile, à qui il est fatal de le comparer, était, malgré le peu qu’on en sait, un poète littéraire. Il tirait des perles du vieux fumier d’Ennius. Lamartine ne tire les siennes que de lui-même. Virgile, en mourant, donna l’ordre infanticide et littéraire de brûler l’Énéide, — ce que jamais Lamartine n’aurait ordonné, dans la naïveté heureuse et irresponsable de son génie ! Il a vécu, à l’époque du monde la plus littéraire, comme le pêcheur sous sa cloche de cristal. Il allait toucher à son midi de talent en 1830, en ce fervent et bouillonnant 1830 qui entraînait tout, poussait tout à la rescousse de la littérature. Victor Hugo, qui croyait être à la fois le Mirabeau et le Bonaparte de cette révolution littéraire, ne divisait pas, mais organisait pour régner et il régnait déjà. Les autres poètes du temps, tous poètes plus ou moins littéraires : Sainte-Beuve, Théophile Gautier, de Musset, de Vigny, Émile Deschamps, reconnaissaient sa royauté, bien plus littéraire que géniale. Mais dans ce mouvement furieux et universel de littérature, Lamartine, en plein génie, s’isola dans son génie même. Quoique Victor Hugo, le grand recruteur qui faisait la presse de la littérature, eût voulu le faire monter sur le char qu’il avait emprunté à Homère et lui donnât à tenir la lance :

Toi la lance et moi les coursiers !

Lamartine ne monta jamais, ou plutôt ne descendit jamais sur ce char-là, et ne prit point la lance qu’on lui offrait, pour le tenter, comme on eût fait à un héros d’Homère. Il ne fut jamais le lancier d’Hugo, Il resta loin de la mêlée, indifférent à la mêlée et à la guerre qu’on faisait dans ce temps pour le compte de la littérature, pleurant, à ce moment, Elvire, comme Achille pleurait Briséis. Il resta, alors comme depuis, ce qu’il y a selon moi au monde de plus beau et de plus rare et ce qu’on n’avait jamais vu, du moins au même degré : — un grand poète sans littérature !

III

Et comme on le sent, dans ces Mémoires inédits ! Sont-ils assez détachés, en effet, assez éloignés de cette préoccupation de littérature qui, dans les Mémoires des autres poètes, apparaît dès les premiers mots ! Byron montrait, dès dix-huit ans, au sortir de Harrow, l’ongle du lion littéraire qu’il était et qu’il continua d’être… Chateaubriand, dans ses Mémoires d’outre-tombe, n’oublia jamais qu’il était Chateaubriand, et ce grand Lettré, qui dans sa prose fut aussi un poète, n’a pas cessé de se mirer littérairement dans toutes les pages de ses Mémoires, l’écrin de ses plus éclatants bijoux, aux feux, là, concentrés. Nulle part on n’avait vu plus de littérature travaillée, archi-travaillée, d’un art qui touche à l’artifice et d’un artificiel qui touche presque à l’artificieux, — nulle part, même dans Chateaubriand !… Les Mémoires inédits de Lamartine sont précisément le contraire de cela. C’est l’histoire la plus simple et la plus unie d’une jeunesse qui ne montre jamais cette prétention de littérature, si exclusive et si tourmentante dans un jeune esprit, quand on l’a. Excepté la romance dont il dit un mot en passant : « Pourquoi me fuir, passagère hirondelle ? » et qui l’avait fui, comme l’hirondelle, car à peu près personne ne savait que cette romance fût de Lamartine, il n’y a rien dans ces Mémoires inédits qui accuse la prétention, l’ambition, l’orgueil et même l’amour de la littérature. Aucun livre ne pèse, de souvenir, sur ce livre-là. Cela n’est que de la vie humaine, les premières impressions d’une âme charmante dans des milieux charmants, et qui les dit comme il les éprouve. C’est, à son début dans la vie, le naturel en action de cet homme qui est bien plus que naturel, qui est tout nature, qui ne cessera jamais de l’être, et qui, quand un jour il deviendra sublime, sera, sans cesser d’être naturel, idéal.

Le naturel dans l’Idéal, oui ! voilà Lamartine. Ou pour mieux et plus exactement parler, l’Idéal dans le naturel. Sa nature était l’idéal même. Il était une équation superbe entre l’âme humaine et l’Absolu, à laquelle ceux qui ne sont pas au courant de la mathématique de l’Absolu et de l’âme ne comprennent et ne comprendront jamais rien, l’ai entendu quelquefois dire aux abjects de ce temps abject, qui ne regardent que la terre où ils mettent leurs pieds de devant comme ils y mettent leurs pieds de derrière, que le naturel divin de Lamartine n’était pas du naturel. Et, au fait, ce n’était pas du naturel à eux ! C’était le naturel d’un être qui n’en était pas moins réel parce qu’il était naturel et divin… On lui reprochait sa manière de voir et de représenter les choses. Parce qu’il était élevé, les esprits bas, qui sont si fins, le disaient niais, et Chateaubriand, Chateaubriand lui-même, le Méprisé des Naturalistes de notre âge, un jour l’appela « un grand dadais », parce qu’il voyait beau et grand, cet homme qui, en la regardant, grandissait la nature, mais qui ne la méconnaissait pas ! Lamartine avait le sens de la réalité humaine tout autant que Chateaubriand, mais en passant par sa grande âme, la réalité grandissait. Faculté non de dupe, mais de poète, faculté enchanteresse et qu’il eut toujours, et non pas seulement dans ses vers, où la nature est plus belle que la réalité, mais dans la vie et même dans la vie politique, où sa nature de poète l’égara. C’est la poésie de Lamartine qui sauve la politique de Lamartine, de cet homme qui répondit un jour, quand il fut nommé député, à ceux qui lui demandaient où il siégerait, lui, Lamartine, dans un Parlement d’imbéciles ou d’esprits plus bas que leur ventre : « Je siégerai dans le plafond ! »

C’était trop haut pour ceux-là qui étaient dessous. Ils l’écoutèrent un instant, mais ne l’entendirent pas, cet astre de poésie dépaysé dans leur misérable politique. L’idéalité de la politique de Lamartine a été moins comprise que ne l’avait été l’idéalité de sa poésie ; car la France de ce temps-là, qui valait mieux que celle de ce temps-ci, fut littéralement enivrée, quand elles parurent, de l’éther pur de cette poésie inconnue des Méditations, qu’on n’avait jamais respirée. Seulement, elle ne fut pas de force à monter avec le poète jusqu’à la hauteur de ses Harmonies, et comme, plus tard, il devait rester au plafond où il avait voulu siéger seul, le poète resta seul aussi dans son ciel… Ce qu’il y avait d’amour humain dans ses Méditations avait saisi toutes les âmes et touché tous les cœurs, mais l’amour de Dieu est d’une grandeur et d’une beauté plus incompréhensibles à la majorité des hommes. Et c’est ainsi que la gloire du poète parmi eux fut diminuée par le fait même de la supériorité de l’idéal de sa poésie. Le livre délicieux que Lamartine a écrit sur ses premières années de jeunesse ne sera probablement pas plus apprécié par la critique vulgaire de ces temps que ne le sont les Harmonies. Le naturalisme de cette heure, qui s’est vanté d’être le républicanisme littéraire, n’acceptera pas plus le naturel de Lamartine que son idéal, ces deux choses qui font tout son génie, et ces Mémoires inédits qu’on publie passeront sans attirer le regard et l’admiration de personne, comme il convient, du reste, à un temps grossier, sans âme et sans Dieu.

IV

Mais tous ceux-là, en petit nombre maintenant, qui auront gardé un peu d’âme dans leur poitrine et un peu de Dieu dans leur âme, liront avec une saveur profonde la simple histoire du plus rare des poètes, qui, dans tout le cours de son livre, n’a pas l’apparence de se douter qu’il en est un. Lamartine n’a pas dit à quelle époque de son génie et de sa gloire il a écrit ces souvenirs de sa jeunesse où il n’y a que sa jeunesse, et le livre est tellement et si exclusivement sa jeunesse qu’il est impossible de le deviner. Chef-d’œuvre de suavité en ses peintures rapides, sillonnées par des traits qui rappellent la double présence de l’idéalité qu’on admire et qui plane toujours sur le naturel qu’on adore ! Les détails de ce temps de jeunesse, qui va de la vie presque pastorale de l’enfant à la vie militaire du jeune homme, sont de l’intérêt le plus contrasté et le plus attachant. On ne s’étonne plus de la grâce de bucolique qui, partout, dans ses œuvres poétiques, se mêle sans cesse au lyrisme grandiose de Lamartine, quand on voit de quel nid était sorti le rossignol qui chantait inextinguiblement en lui, quand l’aigle, qui y était aussi, ne criait pas… La première impression que reçut son génie, cette première impression dont nous restons marqués à jamais, fut l’impression de la maison de son père, où il était né parmi les pasteurs, comme Virgile, et les vendangeurs du Mâconnais. Il a décrit les premiers spectacles qu’il eut sous les yeux, et qu’on pourrait appeler les Géorgiques de la maison de son père, où son père, adoré comme un roi :

Comptait ses gras troupeaux rentrant des pâturages,

comme, plus tard, quand il entra aux Gardes du Corps, sous Louis XVIII, il a écrit les choses du temps de cet Empire qui finissait dans le désespoir et de cette monarchie qui recommençait, pour finir avec son espérance. Réfugié en Suisse pendant les Cent-Jours, il y vécut tête-à-tête avec la Nature, en face des lacs qu’il a chantés comme personne ne les chantera plus, aussi nature lui-même que cette nature ! Rentré en France, il allait entrer dans la célébrité, qui n’est belle que quand on est jeune, mais il venait de dépasser ces vingt-cinq ans regrettés de Byron et le livre finit tout à coup… Ce n’est que quelques pages où l’auteur n’est jamais, mais où il y a Lamartine et Lamartine tout entier.

Car on ne dédouble pas Lamartine ! Il n’y a pas un Lamartine qu’on puisse séparer de Lamartine. Il n’y a pas un Lamartine qui fût plus ou moins Lamartine ; un Lamartine d’en deçà ou de par-delà. Il y a Lamartine, et partout où il est et où il se porte, c’est Lamartine tout entier. On ne peut le séparer de son génie, et quand il a voulu s’en séparer lui-même, quand il a voulu greffer sur le Lamartine poète le Lamartine politique et ajouter cette autre gloire inférieure à la gloire supérieure qu’il avait, son inséparable génie le suivit pour le punir de cette ingratitude envers son génie, et c’est son génie qui a frappé son génie et qui l’a vengé. Il n’y a pas eu de Lamartine en petits morceaux ; — il n’y a donc pas eu de Lamartine politique, de Lamartine des affaires, de Lamartine des salons. Il y a eu cette unité splendide qui est Lamartine ! Il était plus un et plus indivisible que la République à laquelle il crut quelques jours. D’autres poètes, d’autres écrivains, d’autres hommes de génie n’ont eu que leurs heures de génie. Lamartine avait les siennes pendant tout le tour du cadran. À l’émeute, entre Lamoricière et Changarnier, il était Lamartine, comme il l’était en veste grise et en pantoufles jaunes, le soir, dans son salon, où toute l’Europe venait encore lorsque la France républicaine, aux reins flexibles, redevenue le second Empire, n’y venait plus. Son génie n’abdiquait jamais, à ce poète qui était orateur comme il était poète, et pour les mêmes raisons : parce qu’il avait son génie dans son âme et que son âme était son génie. Héroïque et poétique à la fois, on aurait dit qu’il ignorait son héroïsme et sa poésie ; on aurait dit que la poésie, quelle que fût la forme qu’elle prît en lui, était si profonde qu’il n’en avait plus la conscience. Il avait cela de La Fontaine… de La Fontaine dont il méprisait l’idéal, du haut du sien. C’était l’arbre qui laisse tomber ses fruits et qui ne sait pas que les fruits qui roulent à ses pieds sont tombés de sa tête. Un jour, en causant avec lui, je citai en passant le vers de La Mort de Socrate :

On profane les Dieux pour les voir de trop près !

Il fut frappé comme si le vers était de moi. Il ne le reconnaissait pas…

V

Tel il fut, ce grand poète mêlé de grand homme. Tel cet ignorant de lui-même et des autres, et qui, pour l’honneur de sa poésie, fut ce que j’ai appelé : « un poète sans littérature ». Quelles avaient été, en effet, son éducation et ses connaissances acquises d’écrivain ?… On ne sait pas bien. Avait-il lu complètement Rabelais et La Fontaine, si antipathiques à l’idéalité de son génie ? On en doute… Homme de facilité superbe, dans les derniers temps de sa vie ce noble forçat de dettes immenses se mit, pour se racheter de cette galère, à faire de l’Histoire, et il porta dans cette Histoire qu’il n’avait jamais apprise et qu’il traversa au galop de son génie, la divination du poète. Il fit de l’Histoire comme il faisait des vers. Celle qu’il écrivit de César est digne de César. Sans études profondes, il se sentait « lui », comme Médée, et c’était assez ! Les petitesses de ce temps ont fait oublier cette grandeur inconsciente de Lamartine. Il est de sots silences tout à coup dans la gloire, et nous sommes dans un de ceux-là. Le poète incomparable des Harmonies dont personne ne parle plus, devra-t-il à ses Mémoires inédits un regain de bruit sur sa tombe ? Encore une fois, qui sait ? Mais voilà le livre. Dans tous les cas, on peut attendre que la gloire reprenne sa parlotte, quand on a, comme Lamartine, devant soi l’immortalité !