(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cladel, Léon (1834-1892) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cladel, Léon (1834-1892) »

Cladel, Léon (1834-1892)

[Bibliographie]

Les Martyrs ridicules, avec une préface de Baudelaire (1862)

Le Bouscassié, nouvelles (1869). — La Fête votive de Saint-Bartholomé-Porte-Glaive (1872). — Les Va-nu-pieds (1873). — L’Homme de la Croix-aux-Bœufs (1878). — Mon ami le sergent de ville (1878). — Bonshommes (1879). — Ompdrailles ou le Tombeau des lutteurs (1879). — Par-devant notaire (1880). — Crête-Rouge (1880). — Eaux-fortes (1881). — L’Amour romantique (1882). — N’a qu’un œil (1882). — Le Deuxième Mystère de l’Incarnation (1883). — Kerkadec, garde-barrière (1883). — Urbains et ruraux, suite des Va-nu-pieds (1884). — Petits cahiers (1885). — Celui de la Croix-aux-Bœufs, réédition (1885). — Héros et pantins (1885). — Mi-Diable (1885). — Léon Cladel et sa kyrielle de chiens (1885). — Titi Foyssac IV (1886). — Gueux de marque 1887). — Effigies d’inconnus (1887). — Raca (1888). — Seize morceaux de littérature (1889).

OPINIONS.

Charles Baudelaire

La pénétration psychique de M. Cladel est très grande, c’est là sa forte qualité ; son art, minutieux et brutal, turbulent et enfiévré, se restreindra plus tard, sans nul doute, dans une forme plus sévère et plus froide, qui mettra ses qualités morales en plus vive lumière, plus à nu. Il y a des cas où, par suite de cette exubérance, on ne peut plus discerner la qualité du défaut, ce qui serait excellent si l’amalgame était complet ; mais malheureusement, en même temps que sa clairvoyance s’exerce avec volupté, sa sensibilité, furieuse d’avoir été refoulée, fait une subite et indiscrète explosion. Aussi, dans un des meilleurs passages du livre, il nous montre un brave homme, un officier plein d’honneur et d’esprit, mais vieux avant l’âge, et livré par d’affaiblissants chagrins et par la fausse hygiène de l’ivrognerie aux gouailleries d’une bande d’estaminet. Le lecteur est instruit de l’ancienne grandeur morale de Pipabs, et ce même lecteur souffrira lui-même du martyre de cet ancien brave, minaudant, gambadant, rampant, déclamant, marivaudant, pour obtenir de ses jeunes bourreaux… quoi ? L’aumône d’un dernier verre d’absinthe. Tout à coup l’indignation de l’auteur se projette d’une manière stentorienne par la bouche d’un des personnages, qui fait justice immédiate de ces divertissements de rapins. Le discours est très éloquent et très enlevant, malheureusement la note personnelle de l’auteur, sa simplicité révoltée, n’est pas assez voilée. Le poète, sous son masque, se laisse encore voir.

[Préface aux Martyrs ridicules ().]

Louis Veuillot

Sans négliger la forme, qui n’a pas embelli, M. Léon Cladel, le nouveau peintre, va, sous la blouse et sous la peau, saisir le vice principal du paysan moderne, qui est, dit-il, l’avarice. En cherchant davantage, il trouverait un autre vice, principal aussi, qui est l’envie, et un autre encore, principal encore, l’orgueil. Mais pour saisir l’orgueil et pour savoir que l’orgueil est vice, il faut une science que, peut-être, l’auteur ne possède pas.

[L’Univers (5 novembre ).]

Anatole France

Ce romancier habile et vigoureux, qui s’applique sans cesse à donner à sa prose un relief extraordinaire, était tout conduit par ses recherches quotidiennes de rythme et de facture à tenter d’écrire en vers ; il l’a fait rarement, mais toujours avec un bonheur presque complet et qui lui était bien dû, car M. Léon Cladel est peut-être le plus infatigable de tous les ouvriers en style.

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-).]