(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 193-194
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 193-194

Baif, [Jean-Antoine de] Secrétaire de la Chambre du Roi, mort en 1592, âgé de 60 ans, Poëte Grec, Latin & François, plus supportable dans les deux premieres langues que dans la sienne. On a fort bien fait de donner aux Poésies qu’il a composées dans notre langue, le titre d’Œuvres en rime de Baïf. Il étoit cependant un des astres de la Pleyade de Ronsard. L’Astronomie littéraire a bien changé depuis .

Baillet, [Adrien] né dans un village voisin de Beauvais, en 1649, mort à Paris en 1706, est un des Auteurs que les Encyclopédistes ont mis le plus à contribution. Presque toutes les Préfaces des Ouvrages de Baillet forment autant d’articles dans le Dictionnaire Encyclopédique, sans qu’on ait pris la peine d’en avertir le Lecteur. Il eût été cependant plus juste & plus honnête de faire connoître au Public à qui il avoit l’obligation de ces morceaux, que de consigner au bas le nom de l’Encyclopédiste, qui n’a pris que la peine de les transcrire ou de les faire transcrire.

M. Baillet doit principalement sa célébrité à celui de ses Ouvrages qui a pour titre, Jugemens des Savans. Cette compilation, où il a souvent mis du sien, lui attira beaucoup d’ennemis, comme s’il n’étoit pas permis d’apprécier les Productions des Auteurs, quand ils les soumettent au jugement du Public par la voie de l’impression. Ménage sur-tout fut offensé de la liberté, ou, pour mieux dire, de la justice avec laquelle il s’étoit expliqué à son sujet ; mais les Lecteurs furent du parti de Baillet, & seront toujours de celui de quiconque, sans humeur & sans partialité, fera connoître les défauts de chaque Ecrivain, sans lui rien dérober de la gloire qu’il mérite pour ce qu’il a composé de bon.

Baillet a fait des Vies des Saints, où sa critique est encore plus sévere que dans son Livre sur les Savans ; mais le style en est inégal, diffus, & peu correct.

Sa Vie de Descartes n’annonce pas non plus le discernement & le goût qu’il exigeoit de la part des Auteurs ses contemporains. Il auroit pu se dispenser de la farcir de mille choses qui n’ont nul rapport à ce Philosophe, & de plusieurs détails minutieux qui le regardent, mais qu’on devoit supprimer. Ce défaut est assez ordinaire aux Biographes ; ils ont plus de zele pour leur Héros, que de jugement & de goût.