(1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre XII. De la Danse sacrée des Turcs »
/ 775
(1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre XII. De la Danse sacrée des Turcs »

Chapitre XII. De la Danse sacrée des Turcs

Les pratiques des Hébreux, les superstitions des Païens, les Institutions pures de la Religion chrétienne, sont les sources dans lesquelles Mahomet puisa les rêveries de la sienne. Aussi, la Danse sacrée fit-elle partie de son Plan. On ne la pratique que dans les Mosquées, et elle n’est exercée que par le Sacerdoce.

Les Turcs en ont plusieurs de cette espèce ; mais la plus singulière est celle que les Dervis exécutent, pour célébrer la fête de Menelaüs [Mevlâna] leur Fondateur. La tradition de ces Religieux est, qu’il tourna en dansant pendant quatorze jours, sans se donner aucune relâche, au son de la flûte de Hansé son compagnon.

À la suite de cette pirouette miraculeuse, Menelaüs tomba, dit-on, dans une longue extase, pendant laquelle l’Institution de l’Ordre des Dervis lui fut inspirée.

Pour honorer ce Chef d’Ordre d’une manière qui rappelle son institution, les Dervis Turcs ont imaginé la Danse du Moulinet, à laquelle ils s’exercent avec un zèle et une application infatigables.

Cette Danse s’exécute au son des flûtes, en tournant avec la plus grande rapidité. Les mosquées sont les théâtres de ce spectacle extraordinaire. Les Dervis y pirouettent avec une force, une adresse, une agilité qui paraissent incroyables. Il y en a plusieurs qui poussent cet exercice violent jusqu’à ce qu’ils tombent enfin d’étourdissement, et de lassitude.

En parcourant les Annales du Monde, on est quelquefois surpris de la multiplicité des folies des hommes. Peut-être ne devrait-on être étonné, que de ce qu’au milieu de tant d’extravagances successives, et presque toutes si contagieuses, il est possible encore de trouver quelques sages.