(1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre I. De la Danse profane »
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(1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre I. De la Danse profane »

Chapitre I. De la Danse profane

La Danse ne fut d’abord qu’une expression vive de joie et de reconnaissance. Elle était comme une espèce de langage trouvé et convenu parmi les hommes, pour peindre ces deux sentiments. Ils s’en étaient servis dans leur culte : ils l’employèrent dans leurs plaisirs.

Alors les Philosophes, peut-être par simple curiosité, et les Législateurs, sans doute, par des motifs plus utiles, examinèrent cet exercice avec la sagacité que donne l’esprit et les vues qu’inspire la prévoyance. Il devint ainsi la matière des Observations des uns, et l’objet de plusieurs Lois établies par les autres.

Dans les suites, lorsque le génie s’échauffant par degrés, parvint enfin jusqu’à la combinaison des spectacles réguliers, la Danse fut une des principales parties qui entrèrent dans cette grande composition.

Elle fut donc dans les premiers temps une expression simple de joie dans les Fêtes publiques ou particulières et successivement les différentes images qu’elle peignit dans les occasions, quoique plus composées, leur furent cependant toujours relatives. Elle était telle lorsque les philosophes l’analysèrent, pour ainsi dire, et que les Législateurs en profitant de leurs observations, l’employèrent dans l’éducation, comme un moyen facile de donner du ressort aux forces du corps, d’entretenir son agilité, et de développer ses grâces.

Ces deux objets firent naître l’idée de lui en faire remplir un troisième. On la porta au théâtre et dès lors plus combinée, ayant toujours une action à peindre susceptible de tous les embellissements, elle fut vraiment un Art, qui marcha vers la perfection d’un pas égal avec la Comédie et la Tragédie.