(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre VII. Objection : On a toujours dansé. » pp. 188-201
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(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre VII. Objection : On a toujours dansé. » pp. 188-201

Chapitre VII.

Objection : On a toujours dansé.

On objecte en sixième lieu, en faveur des danses, que dans tous les temps et dans tous les lieux, elles ont été en usage, surtout dans les occasions de réjouissances publiques. Est-il croyable, dit-on, que s’il y avoit tant de mal ou tant de danger, l’usage en fût si ancien et si répandu ? Ne devroit-on pas être arrêté par la considération de cette multitude innombrable de personnes qui se permettent ce plaisir, ou qui l’approuvent dans les autres, et contre lesquelles il faut nécessairement prononcer un jugement de condamnation, si l’on condamne les danses ?

Réponse. Combien de péchés et même de désordres pourra-t-on excuser, si la coutume, qui les rend très-ordinaires et très-communs, est une excuse légitime ? « Comme les hommes, dit saint Augustin, (liv. 3 de la doctrine chrétienne, c. 10, n.° 15.) sont portés à juger de la nature du péché par leurs usages et par leurs coutumes, plutôt que par la malice de la convoitise, il arrive souvent qu’on croit ne devoir blâmer que ce que les gens de son pays et de son temps ont coutume de condamner ; et pareillement ne rien louer et approuver que ce qui est communément approuvé par ceux avec qui l’on est en commerce. »

Mais est-ce là une règle bien sûre pour juger sainement des choses et pour se bien conduire ? Et que deviendra en beaucoup d’occasions l’observation de la loi de Dieu, si la coutume (qui est très-souvent contraire) est une règle de conduite ? Qu’est-ce qui fait la coutume ? C’est la multitude qui se porte à des actions qui passent ainsi en coutume. Or, Dieu disoit à son ancien peuple dans le livre de l’Exode : (c. 23, v. 2.) Vous ne suivrez point la multitude pour faire le mal. C’est la multitude qui marche par le chemin large et spacieux , dont Jésus-Christ dit, qu’il mène à la perdition , comme il dit au contraire du chemin qui mène à la vie, qu’il est étroit , et qu’il y en a peu qui le trouvent. (Matth. c. 7, vv. 13 et 14.) Laisser donc le chemin étroit pour marcher par la voie large en suivant les mauvaises coutumes, et par elles la multitude, c’est renoncer à la vie éternelle, et courir à l’enfer où la multitude se précipite sans cesse. Lorsque saint Paul écrit aux Romains : (c. 12, v. 2.) Ne vous conformez pas au siècle présent , n’est-ce pas comme s’il disoit : Ne suivez pas les mauvaises coutumes du monde, non plus que ses mauvaises maximes et ses mauvais exemples ?

Tertullien, exhortant les chrétiens à ne pas suivre les coutumes contraires à la loi de Dieu, établit ce grand principe qu’il ne faudroit jamais perdre de vue : (traité du voile des vierges, c. 1.) « Que ni le temps, ni la dignité des personnes, ni les priviléges des pays ne peuvent prescrire contre la loi de Dieu ; car c’est quelqu’une de ces trois choses qui donne ordinairement lieu à la coutume qui, ne subsistant d’abord que par l’ignorance ou la simplicité des hommes, se fortifie ensuite par l’usage, et s’élève contre la vérité. Mais Notre-Seigneur Jésus-Christ s’est appelé la vérité et non pas la coutume » ; par conséquent, en nous ordonnant de suivre la vérité, il nous défend de nous régler par la coutume.

Saint Cyprien dans sa lettre à Pompée, évêque de Sabra, (la 74.e de l’édition d’Oxford, p. 317.) établit le même principe. « La mauvaise coutume, dit-il, ne doit point prévaloir sur la vérité : car une coutume qui n’a point la vérité pour fondement, est une vieille erreur. Laissons donc l’erreur, et suivons la vérité qui est toujours victorieuse. C’est ce que Jésus-Christ nous présente dans l’Evangile, lorsqu’il dit : Je suis la vérité, (Jean. c. 14, v. 6.) C’est pourquoi, si nous sommes en Jésus-Christ, et si nous avons en nous J. C., si nous demeurons dans la vérité et si la vérité demeure en nous, tenons-nous attachés à ce qui est vrai, plutôt qu’à ce qui est selon la coutume. »

Saint Jean Chrysostôme expliquant à son peuple l’endroit de la Genèse, où il est parlé du mariage de Jacob avec Rachel, (c. 29.) en prend occasion de parler contre les danses et les autres désordres qui avoient lieu de son temps aux noces, et qui étoient autorisés par la coutume. (hom. 56, sur la Genès. tom. 4, p. 139.) « Vous voyez, dit-il, dans le mariage dont vous venez de lire l’histoire, avec quelle modestie les anciens patriarches célébroient leurs noces. Y entendoit-on le son des flûtes et des autres instrumens de musique ? Y voyoit-on ces danses diaboliques qu’on voit parmi nous ? Nùm tunc choreæ diabolicæ ?  » Et comme on prétendoit justifier cet abus par la coutume, ce saint docteur détruit ainsi cette vaine excuse : « Je sais bien qu’il y en a plusieurs à qui la coutume sert de prétexte ; mais nous sommes obligés de dire ce qui doit servir à leur salut, et ce qui peut les délivrer des supplices de l’autre vie. Où il s’agit de la perte des ames, comment osez-vous m’alléguer la coutume ? J’en ai une bien meilleure à vous opposer : c’est celle des anciens patriarches, quoiqu’ils aient vécu dans un temps où la lumière de notre sainte religion ne brilloit pas avec l’éclat où elle a paru depuis la prédication de l’Evangile… Si ce que vous faites est honnête et utile, il faut toujours le faire, quand ce ne seroit pas la coutume : mais s’il est mauvais et pernicieux, il faut vous en abstenir, quand même la coutume en seroit établie. Si ce qui est passé en coutume est par là légitime, les voleurs, les adultères et toute autre espèce de méchans pourront, selon la coutume, être jugés innocens, puisque depuis long-temps il y a dans le monde des adultères et des voleurs. Mais bien loin qu’en faisant mal, on puisse tirer de la coutume aucun avantage ni aucune excuse, on est au contraire d’autant plus condamnable, qu’on n’a pas eu la force de surmonter une mauvaise coutume. Ne violons donc pas les lois divines pour suivre les usages du monde, et ne préférons pas à ces lois saintes les pernicieuses coutumes qui sont les lois de celui qui trouve son plaisir dans notre perte ; je veux dire du démon : Illius enim lex sunt hæc qui gaudet de interitu nostro.  » Ce saint ne pouvoit se lasser de faire éclater son zèle contre le mépris très-réel qu’on fait de Dieu, quoiqu’on ne se l’avoue pas à soi-même, en prétendant justifier par la coutume ce qui est mauvais à ses yeux. Parlant encore dans une de ses homélies sur la première épître aux Corinthiens, (hom. 12, tom. 10, p. 104, et suiv.) contre ce qui dans les noces déshonoroit la sainteté du mariage, et en particulier contre la coutume des danses, il fait d’abord observer à ses auditeurs, que le mariage étoit regardé comme une chose très-honorable chez les étrangers, c’est-à-dire chez les païens : « Cependant, ajoute-t-il, le mariage étant fait, il se passe aux noces les choses les plus ridicules et les plus indécentes, dont beaucoup de personnes n’aperçoivent pas le ridicule et l’indécence, trompées qu’elles sont par la coutume, et n’ayant qu’elle dans l’esprit. » Et quelles sont ces choses indécentes autorisées par la coutume, qui, selon saint Jean Chrysostôme, déshonorent le mariage ? « Ce sont, dit-il, les danses, les paroles et les chansons déshonnêtes, les excès de viande et de vin ; en un mot, tout ce que le diable y introduit de mauvais. Je sais qu’en reprenant ces désordres, je paroîtrai ridicule à plusieurs, et qu’on m’accusera de manquer d’esprit et de sens en voulant abolir ces anciennes lois : cependant, je ne puis garder sur cela le silence. Peut-être que si tous ne reçoivent pas bien ce que je me crois obligé de dire contre ces abus, au moins quelques-uns, quoiqu’en petit nombre, en profiteront ; et qu’ils aimeront mieux être raillés avec nous, que de se moquer et de rire de nous, mais d’un ris digne de larmes et des plus grands supplices… Je souffrirai donc de devenir l’objet des railleries de plusieurs personnes, pourvu que mon discours puisse porter quelque fruit ; et en effet, ne me rendrois-je pas moi-même ridicule et répréhensible, si, pendant que je vous exhorte à ne vous point mettre en peine de la gloire qui vient des hommes, j’étois moi-même attaqué de la maladie qui la fait rechercher, comme on la recherche quand on craint leurs railleries et leurs mépris ? »

J’ai cité plusieurs lettres de saint Augustin à Alipe, où il lui raconte comment il étoit venu à bout de faire cesser parmi les catholiques d’Hypponne certains festins pleins d’excès et de désordres, qu’on avoit coutume de faire en Afrique dans les églises, les jours des fêtes des saints, et particulièrement des martyrs. Nous avons vu quelle vive impression le discours du saint docteur à ce sujet fit sur ses auditeurs. Cependant, le lendemain on vint lui dire que quelques-uns de ceux même qui l’avoient écouté, murmuroient encore, et que la coutume avoit tant d’empire sur eux, qu’ils disoient entre eux : Pourquoi nous ôter présentement ce qu’on nous a souffert depuis si long-temps ? Ceux qui nous ont laissé faire ce qu’on veut nous retrancher aujourd’hui, n’étoient-ils pas chrétiens aussi bien que ceux-ci ? Que répondit saint Augustin à cela ? Il le marque à Alipe en ces termes : (lett. 29, n.° 8.) « Je leur dis que la meilleure et la plus courte réponse que je pourrai faire à ceux qui parloient ainsi, étoit de leur dire : Otons au moins présentement ce qu’il y a si longtemps qu’on auroit dû ôter. »

Ce saint, repassant sous les yeux de Dieu ses égaremens passés, gémit en particulier sur ceux dans lesquels les mauvaises coutumes l’avoient entraîné ; et en déplorant son propre malheur, il déplore en même temps celui de tant de mauvais chrétiens qui croient pouvoir faire innocemment ce qui paroît autorisé par la coutume, et qui par là se perdent sans y penser. (Confess. l. 1, c. 13, n.° 25.) « Malheureux torrent de la coutume, s’écrie ce saint pénitent dans ses confessions, où sont ceux qui te résistent ? Ne te verrons-nous jamais à sec ? Et jusques à quand entraîneras-tu les malheureux enfans d’Adam dans cette mer si profonde et si orageuse, dont ceux même qui se tiennent au bois de la croix du Sauveur ont tant de peine à se sauver ? » Qu’est-ce que se tenir au bois de la croix du Sauveur, pour n’être pas entraîné par le torrent de la coutume ? C’est opposer les lois de l’Evangile et les exemples de Jésus-Christ à toutes les mauvaises coutumes et à tous les mauvais exemples. Et n’est-ce pas évidemment pour nous faire sentir que c’est ce que doit faire tout chrétien, que Tertullien a dit ce que j’ai rapporté, que Jésus-Christ ne s’est pas appelé la coutume, mais la vérité ?

On a vu plus haut le canon 22 du troisième concile de Tolède, où les pasteurs et les magistrats sont exhortés à employer toute leur autorité pour abolir la coutume pleine d’irréligion, qui s’étoit introduite parmi le peuple, de déshonorer par des danses, les fêtes des saints. Le concile ne pensoit donc point que des abus et des désordres fussent plus tolérables pour être passés en coutume.

Le pape Nicolas I, dans une de ses lettres à l’empereur Michel, parlant d’une coutume très-pernicieuse au clergé et au peuple, qui s’étoit introduite, lui dit « qu’il veut d’autant plus s’appliquer à la déraciner de l’Eglise, qu’il a appris par les saints canons, qu’une mauvaise coutume ne doit pas être moins évitée qu’une pernicieuse corruption ». (Labbe, tom. 8. des conciles, p. 292.)

C’étoit une coutume presque universelle parmi les Israélites des dix tribus, d’aller adorer le veau d’or que Jéroboam, roi d’Israël, avoit fait faire. Mais l’Ecriture rapporte que Tobie fuyoit seul l’exemple de tous les autres, et qu’il alloit à Jérusalem au temple du Seigneur, où il adoroit le Seigneur son Dieu, en lui offrant fidèlement les prémices et les dîmes de tous ses biens. (Tobie, c. 1, vv. 2 et suiv.) Cette coutume, si contraire à la loi de Dieu, ne faisoit donc aucune impression sur l’esprit et le cœur du jeune Tobie : pourquoi en feroit-elle sur nous ? Ne devons-nous pas à Dieu la même fidélité que ce saint homme ? Et nous est-il plus permis qu’à lui de nous écarter de la vérité, en suivant les coutumes qu’elle condamne ?

Dans l’objection à laquelle je réponds, on prétend que, dans les réjouissances publiques, le bal et les danses, qui y sont ordinaires, et qui font partie de ces réjouissances, sont permis. Mais nous avons entendu saint Paul nous dire que c’est dans le Seigneur , c’est-à-dire sans l’offenser, et en conservant toujours une exacte modestie, qu’il se faut réjouir . Cette maxime de saint Paul ne doit-elle pas être suivie dans les réjouissances publiques comme dans les particulières ? Et n’avons-nous pas montré que dans les danses il ne peut y avoir de modestie, et qu’il s’y commet, au contraire, ordinairement beaucoup de péchés ?

Après quelque grand événement favorable à un état et au roi qui le gouverne, comme la naissance d’un prince, une grande victoire remportée, la Religion nous porte à aller au temple du Seigneur pour lui rendre des actions de grâces publiques ; mais lorsqu’aux cantiques d’actions de grâces on fait succéder les bals, les danses et d’autres divertissemens profanes, ne peut-on pas alors demander avec saint Paul : Quelle union peut-il y avoir entre la justice et l’iniquité ? Quel commerce entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord entre Jésus-Christ et Bélial ? (2. Cor. c. 6, vv. 14 et 15.)

Personne ne s’intéresse plus sincèrement au bien des rois et des états que les bons chrétiens ; ils se font un devoir de religion de prier souvent pour la santé et la vie des rois, pour la prospérité de leurs armes, pour éviter les fléaux dont l’état peut être menacé, pour faire cesser ceux dont il est affligé : par une suite nécessaire de ce sentiment, tout ce qui est favorable au prince et à l’état fait le sujet de leur joie ; mais alors leur joie et les témoignages publics qu’ils en donnent, prenant leur source dans la piété, sont dignes de la sainteté du christianisme, parce qu’ils ne les font jamais sortir des bornes étroites de la tempérance, de la modestie et de toutes les autres vertus qui font le vrai chrétien.

C’est sous ce caractère que Tertullien représentoit autrefois les chrétiens dans son apologétique, ou défense des premiers chrétiens contre les calomnies des païens. On accusoit les chrétiens de ne pas célébrer, comme ils devoient, la naissance des empereurs, ou les victoires qu’ils avoient remportées sur leurs ennemis. Cette injuste accusation étoit fondée sur ce qu’en ces fêtes publiques ils ne se livroient pas aux mêmes excès et aux mêmes désordres que les païens. C’est un des points sur lesquels Tertullien prend leur défense. (c. 75.) « Vous traitez, dit-il, les chrétiens en ennemis publics, parce qu’ils ne rendent pas aux empereurs des honneurs vains, faux et téméraires ; et que professant la vraie religion, ils célèbrent la fête de leur naissance ou de leurs triomphes, plutôt par les mouvemens d’une conscience pure, que par les désordres d’une honteuse débauche. Ne peut-on témoigner son affection pour l’empereur qu’en dressant des tables au milieu des rues, en mangeant dans les places, en changeant la ville en une grande taverne, en répandant sur le pavé tant de vin qu’il se change en boue, en courant par bandes dans les rues comme des insensés, en cherchant partout à satisfaire ses désirs impudîques ? Ne peut-on donc prendre part à la joie publique qu’en se déshonorant publiquement ? Et convient-il de faire aux fêtes des empereurs, des choses qu’on regarderoit comme indécentes les autres jours ? Quoi ! ceux qui vivent dans les règles d’une exacte discipline, afin que leurs prières obtiennent le salut de l’empereur, changeront de conduite pour honorer l’empereur ? et la licence et la corruption passeront pour piété ? Ce qui sert à allumer la concupiscence, sera réputé un acte de religion ? Oh ! que nous méritons bien d’être condamnés ! Pourquoi, en effet, par notre chasteté, notre sobriété et la régularité de notre conduite, paroissons-nous vouloir abolir les fêtes et les réjouissances qui se font pour les empereurs, en ne prenant point de part aux désordres qui s’y commettent ? » Et pour montrer que les empereurs n’avoient pas de sujets plus fidèles et plus remplis de respect et d’amour pour eux que les chrétiens, Tertullien ajoute peu après : (c. 39.) « Nous prions pour les empereurs, pour leurs ministres, pour les puissances, pour le bon état des affaires et pour la tranquillité publique. »

N’est-ce pas là donner des preuves plus réelles de l’amour qu’on a pour le prince et pour le bien de l’état, que de se livrer dans les réjouissances publiques à toutes sortes de folies et d’excès ?

Salvien, prêtre de Marseille, (l. 5, de Providentiâ.) se plaignoit de ce que de son temps, après avoir reçu de Dieu quelque faveur publique, on alloit, en signe de réjouissance et avec plus d’ardeur, en foule aux spectacles qui étoient alors en usage. Appliquons aux danses ce que Salvien dit des spectacles usités de son temps : ses raisonnemens, tous puisés dans le fond de la Religion, nous apprendront si l’occasion d’une réjouissance publique peut rendre les bals et les danses plus légitimes qu’en tout autre temps. « Extravagance monstrueuse ! s’écrie ce saint homme, vouloir honorer Jésus-Christ par des spectacles (ou par des danses) lorsque nous avons reçu de lui quelque bienfait, après une victoire, et lorsqu’il a donné un heureux succès à quelqu’une de nos entreprises ! Par une telle conduite, faisons-nous autre chose qu’imiter la conduite d’un homme qui accableroit d’injures son bienfaiteur, qui l’outrageroit dans le temps même qu’il lui marqueroit plus d’amitié ; et qui, pendant qu’il l’embrasse, lui plongeroit un poignard dans le sein ? Qui peut douter que celui-là ne se rende coupable d’un grand crime, qui rend le mal pour le bien, pendant qu’il ne lui est pas permis de rendre le mal pour le mal ?… O extrême folie ! nous offrons à Jésus-Christ pour ses bienfaits les impuretés du théâtre, (ou des danses et nous lui immolons pour victimes des divertissemens très-honteux ! Est-ce là ce qu’il est venu nous apprendre quand il est né dans le monde, revêtu d’une chair comme la nòtre ?… Voilà sans doute une belle manière de lui rendre tout ce qu’il a fait et souffert pour nous, qu’après avoir été rachetés par sa mort, nous lui offrions une vie si criminelle ! Jésus-Christ , dit saint Pierre, (ép. 1, c. 2, v. 21.) a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous marchiez sur ses pas. Est-ce en allant aux spectacles et aux danses, que nous suivons Jésus-Christ ? Est-ce là l’exemple qu’il nous a donné, lui dont il étoit dit dans l’Evangile, qu’il a pleuré, mais dont on ne dit pas qu’il ait jamais ri ? Quant à nous, nous ne nous contentons pas de rire et de nous réjouir, si nous ne le faisons follement et en nous abandonnant au péché, et si les impuretés et les crimes ne se trouvent mêlés dans nos ris. Quelle erreur et quelle folie est cela, qu’une joie toute simple ne nous paroisse pas en être une, et que nous ne croyions nous bien divertir, que quand le péché accompagne nos divertissemens ! L’apôtre saint Pierre (c. 1, v. 15.) nous exhorte à être saints dans toute la conduite de notre vie, comme celui qui nous a appelés est saint. Qu’on voie donc la sainteté éclater en nous, non-seulement quand nous nous acquittons des devoirs de la religion, et dans ce qui y a un rapport plus direct, mais dans nos actions même les plus communes, et par conséquent dans nos divertissemens et nos réjouissances. »