(1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Plan. du ballet d’alexandre. » pp. 219-222
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(1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Plan. du ballet d’alexandre. » pp. 219-222

Plan

du ballet d’alexandre (1).

Après la bataille d’issus, remportée par Alexandre sur l’armée de Darius, la famille de ce Prince fut faite prisonnière. Le vainqueur s’empressa d’aller visiter ces augustes victimes do la guerre ; il était accompagné d’Epheslion et suivi d’une garde nombreuse, et d’esclaves chargés de riches présens.

La mère de Darius, sa femme, ses deux filles, son fils encore en bas âge se trouvoient au pouvoir du vainqueur, et étaient réunis sous la même tente. Dès qu’Alexandre parût, Sysigambis, suivie de sa famille, alla se prosterner aux pieds de ce Prince, qui vivement touché de ses malheurs et de son hommage respectueux, la console, et lui ordonne de conserver toutes les marques de son ancienne splendeur. Une des filles de Darius, Statira, lui tend les bras et implore sa clémence. Frappé de sa beauté et de ses grâces naïves et touchantes, le Prince Macédonien en devient éperduement amoureux. Le même trait dont son cœur est atteint va blesser celui de la jeune Princesse. Il relève avec bonté cette famille prosternée à ses pieds, la comble de présens, et la fait conduire dans un Palais voisin de son camp. Des ordres sont donnés à Ephestion pour que ces illustres captives soient traitées avec les plus grands égards et servies avec magnificence.

Le Prince Macédonien saisit une occasion favorable d’avoir un entretien avec Statira ; il lui fait connoître sa passion. La Princesse lui avoue avec l’ingénuité et la candeur de son âge, qu’elle n’est point insensible à ses feux. Alexandre au comble du bonheur s’éloigne d’elle avec peine, et va poursuivre sa marche victorieuse.

Ce Prince avide de gloire et de triomphes vole à de nouvelles victoires il bat et met en fuite l’armée des Perses, composée d’environ 800,000 hommes ; et les suites de la bataille d’Arbelles, sont la mort de Darius, massacré par le perfide Bessus, et la destruction totale de son empire, qui devient la conquête d’Alexandre.

Le vainqueur vole des bras de la gloire dans ceux de Statira ; il lui annonce sa nouvelle victoire, et lui offre son cœur et son trône. La Princesse est sensible à ce double hommage ; mais son ame est cruellement déchirée par les désastres de sa famille, par la mort tragique de son père, par la perte qu’elle vient de faire d’une mère tendre et chérie, qui a succombé sous le poids de la douleur. Ses restes ont reçus par ordre d’Alexandre les honneurs funébres les plus magnifiques.

Le vainqueur d’Arbelles exige de Statira, qu’elle soit placée à ses côtes dans le char triomphal qui doit le conduire à Babylone. Il veut que cette alliance console les peuples des malheurs inséparables de la guerre ; il veut enfin que les mêmes murs, témoins de sa naissance, voient allumer pour elle les flambeaux de l’Hyménée. La Princesse hésite, elle balance ; mais l’Amour triomphe de toutes ses réflexions. Tel est l’empire de la valeur sur la beauté. Statira consent à tout ce qu’exige Alexandre.

Ce Prince étoit uni à Roxane. Sous divers prétextes, il l’éloigne du théatre de sa gloire et de son infidélité. Mais la discrétion n’est pas toujours le partage des confidens des Princes. Roxane, instruite de ce qui se passe, s’introduit sécrétement dans Babylone. Elle y reste cachée, sans se faire connoître à personne. Alexandre entre dans cette ville en triomphateur. A ses côtés est le nouvel objet de son amour. La pompe, la magnificence Asiatique éclatent de toutes parts. A la vue de la fille chérie de leur ancien maître, les Perses oubliant un moment leurs malheurs, font retentir les airs de leurs cris d’allégresse, mais ces cris portent au cœur de Roxane la rage et le désespoir.

Au sortir d’un festin magnifique, Alexandre marche au temple, pour consacrer par la religion son aillance avec la belle Stalira.

Cependant Roxane est entrée dans le temple, avec le projet de poignarder sa rivale dans les bras d’Alexandre. La cérémonie achevée, le Prince vétu à la Persanne, distribue des coupes d’or à ses principaux Officiers, leur fait de riches présens, et leur donne en mariage les prisonnières de distinction qui accompagnoient la famille de Darius.

Dans cet instant de félicité commune, Roxane s’élance sur sa rivale et lève le bras pour la frapper du fer dont elle est armée. Ephestion la désarme ; Statira recule saisie d’effroi ; Alexandre se retourne et voit Roxane à ses pieds. Outré du crime qu’elle avoil failli commettre, il ordonne qu’on l’emmène et qu’on l’éloigne d’un lieu dont sa présence trouble le bonheur. Alexandre est obéi, l’éloignement de Roxane rétablit le calme et la félicité ; et cette fête pompeuse se termine par des danses nobles, dans les quelles Statira déploye toutes les grâces dont la nature la pourvue.