(1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XIII. De la maniere dont les Demoiselles doivent marcher, & celle de se bien presenter. » pp. 38-41
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(1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XIII. De la maniere dont les Demoiselles doivent marcher, & celle de se bien presenter. » pp. 38-41

Chapitre XIII.
De la maniere dont les Demoiselles doivent marcher, & celle de se bien presenter.

Je ne douterois pas que l’on ne m’accusât d’indifference, ou bien de ne sçavoir montrer qu’aux hommes, si je ne marquois du zele & de l’attention pour l’instruction du beau Sexe, lui qui est l’ame de la danse, & qui lui donne tout le brillant qu’il a, outre que je retrancherois ce que la Nature a fait de plus gracieux ; c’est que sans la presence des Dames la danse n’est pas si animée, car ce sont elles qui font naître cette ardente & noble émulation qui paroît entre elles & nous quand nous dansons ensemble, & sur-tout avec celles qui possedent cet exercice, desquelles il y a un assez grand nombre, car rien ne me paroît plus interessant à une compagnie que de voir danser deux personnes de l’un & de l’autre sexe avec justesse, que d’applaudissement ! que d’acclamations de toutes parts ! c’est pourquoi indépendamment de ce que j’ai déja dit de la maniere de marcher dans les Chapitres précédens qui regardent également l’un & l’autre Sexe, les mêmes remarques sont necessaires pour les Demoiselles, car elles doivent tourner les pieds, & étendre les genoux, quoique l’on prétende que l’on ne s’apperçoit pas de ces défauts ; mais pour s’en désabuser, sur tout pour les jeunes personnes qui se négligent, je ne veux que leur propre aveu, qu’elles se presentent devant un miroir, & qu’elles marchent quelques pas en observant la maniere de marcher que je viens de décrire dans les Chapitres ci-devant, ou qu’elles marchent nonchalemment, elles se trouveront tout un autre air ; alors elles conviendront que d’avoir la tête droite, le corps en est plus ferme, les genoux étendus, les pas en sont plus assurez.

41. Maintien d’une Demoiselle en marche

Enfin j’ai fait une remarque qui m’a paru très-juste sur la maniere de sçavoir porter la tête : c’est qu’une Demoiselle quelque gracieuse qu’elle soit dans sa maniere de porter sa tête, fera juger tout differemment. Par exemple, si elle la tient droite & le corps bien campé, sans affectation ni trop de hardiesse ; on dira voila une Demoiselle d’un grand air : si elle la laisse aller negligemment, on la traitera de nonchalante ; si elle la laisse tomber en avant, d’indolente ; enfin si elle la baisse, de rêveuse ou de honteuse, & tant d’autres que je ne détaillerai pas pour ne point être prolixe. Je souhaite seulement que les jeunes Demoiselles fassent attention à la methode facile que je trace ici, afin qu’elles ne tombent point dans les défauts que je viens de citer, c’est ce qui m’a engagé de mettre cette Figure qui leur represente le maintien qu’elles doivent avoir en marchant. Elle aura la tête droite, les épaules basses, & les bras retirez en arriere accompagnant bien le corps, mais pliez, & tenant ses mains devant soi l’une dessus l’autre avec un évantail à la main, mais sur tout sans affectation.