(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Discours préliminaire. » pp. -
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(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Discours préliminaire. » pp. -

Discours préliminaire.

Un Chrétien, par rapport aux danses et aux chansons, ne doit point écouter le monde, ses usages, ses maximes ; mais la vérité qui est Jésus-Christ.

En écrivant contre les danses et les différentes espèces de mauvaises chansons dont je parle dans le petit ouvrage que je donne au public, je me suis attendu à avoir beaucoup de contradicteurs. J’ai bien pensé qu’on trouveroit étrange que j’entreprisse de condamner ce que tant de personnes se permettent sans scrupule, en s’appuyant sur l’approbation, ou du moins sur l’approbation, ou du moins sur le silence d’un grand nombre d’ecclésiastiques et de directeurs des ames. Il en est en effet plusieurs qui regardent comme permis ce dont je vais montrer le danger et même le mal. D’autres, sans l’approuver expressément, négligent, par défaut de zèle, ou par une lâche complaisance, d’employer l’autorité et les ressources de leur ministère pour éloigner les personnes qu’ils conduisent, de ces divertissemens qui perdent tant d’ames. C’est ce qui m’a fait penser qu’il pourroit être utile, avant que d’entrer en matière, de commencer par montrer la vérité, qui, considérée en elle-même, est l’idée que Dieu a de toutes choses ; et le jugement qu’il en porte, doit être la règle souveraine de toutes nos actions et de toute notre conduite ; et non pas les préjugés des hommes, la multitude des mauvais exemples et les coutumes du monde, dont l’esprit est si opposé à celui de J. C., qu’en promettant à ses apôtres l’esprit de vérité, il a dit (Jean, c. 14, v. 17.) que le monde ne pouvoit le recevoir . Saint Paul dit aussi : (1. Cor. c. 2, v. 12.) Pour nous, nous n’avons point reçu l’esprit du monde, mais l’esprit de J. C.

La cupidité est le grand ressort qui remue et fait agir la plupart des hommes. Ce qui plaît aux sens et flatte cette cupidité, est ce qui, pour l’ordinaire, les détermine ; et ils ont tant d’amour pour leurs propres foiblesses, qu’il n’est rien qu’ils ne fassent pour les défendre et les soutenir. Ils le peuvent d’autant plus facilement, que toutes les vérités ont cela de commun, qu’on trouve toujours quelques raisons, au moins apparentes, pour les combattre ; et quelque foibles que soient ces raisons, on les saisit avec empressement pour avoir quelque prétexte de ne pas se rendre à des vérités qu’on n’aime pas, et pour continuer à se croire permis ce à quoi on ne veut pas renoncer. Le poids de la cupidité empêchant l’ame de s’élever jusqu’aux vérités qui déplaisent, pour s’y attacher et en faire sa règle, on s’efforce de les abaisser en quelque sorte jusqu’à soi, et de les faire, pour ainsi dire, tomber dans ses inclinations particulières, toutes déréglées qu’elles sont, et si on manque entièrement de raisons qu’on puisse leur opposer, on a recours aux coutumes du monde et aux exemples de la multitude : comme si l’erreur, pour être devenue commune, changeoit de nature, et comme si la vérité dépendoit du caprice des hommes pour être vérité.

Mais qu’on s’efforce tant qu’on voudra de la concilier avec ses passions ou avec ses intérêts, on pourra bien réussir à se la cacher, mais réussira-t-on à l’anéantir, et pourra-t-on éviter de l’avoir un jour pour juge ? La parole de J. C. sur cela est précise. (Jean, 12, 48.) Celui , dit-il, qui rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, a pour juge la parole même que j’ai annoncée : c’est cette parole qui le jugera au dernier jour.

Notre plus grand intérêt est donc de bien connoître la vérité que J. C. a annoncée et qui est contenue dans sa parole, de la suivre en tout point, et pour cela de faire plier sous son autorité infaillible tous les raisonnemens humains, et tout ce qui s’oppose en nous à la pratique de ses saintes règles. Elle ne veut régner sur nous que pour notre bien, et pour nous faire régner éternellement avec elle dans le ciel ; elle accablera un jour du poids de ses vengeances ceux qui lui auront résisté jusqu’à la fin de leur vie. Ne cherchons donc point à nous envelopper de ténèbres qui nous la cachent ; n’entreprenons pas de la combattre, et mettons plutôt notre gloire à lui céder. La victoire de la vérité en nous et sur nous est notre propre victoire, puisqu’elle ne peut vaincre en nous, qu’en nous rendant nous-mêmes victorieux du démon, du monde et de notre propre concupiscence.

J’ai dit que la vérité, considérée en elle-même, c’est l’idée que Dieu a de toutes choses, et le jugement qu’il en porte ; c’est pour cela que la vérité est éternelle comme Dieu même ; et parce qu’il ne peut se tromper, toutes les idées des hommes qui sont contraires aux siennes, ne peuvent être que des erreurs ; et s’il s’agit de quelque point qui ait rapport à la morale et à la conduite de la vie, on ne peut que faire le mal en agissant et se conduisant selon ces erreurs et ces idées opposées à celles de Dieu.

Aussi, toutes les saintes Écritures nous donnent-elles la vérité comme devant être la seule règle de nos jugemens et de nos actions. David dit à Dieu, dans le psaume 118, v. 151 : Toutes vos voies sont vérité : Omnes viæ tuæ veritas. Les voies de Dieu sont celles par lesquelles il vient à nous, ou celles par lesquelles nous allons à lui. Si toutes ses voies sont vérité, il est donc clair qu’il ne vient à nous, et que nous n’allons à lui, qu’autant que nous nous attachons à la vérité et que nous la suivons ; et qu’au contraire, il s’éloigne de nous et nous nous éloignons de lui à proportion que nous nous éloignons de la vérité. Dès que nous ne la suivons plus, il est évident que, du moins dans le point précis par rapport auquel on s’en écarte, on est hors des voies de Dieu qui sont toutes vérité ; et se peut-il que ce qui est hors des voies de Dieu ne soit pas mauvais, rien ne pouvant être bon dans les créatures que par une participation de sa bonté, qui est la source inépuisable d’où sortent, comme autant de ruisseaux, les différentes perfections et les différens caractères de bonté qui se trouvent dans chaque être particulier ?

Dieu a autrefois fait entendre du ciel une voix par laquelle il a dit de Jésus-Christ : (Matth. 1, 5.) C’est là mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute mon affection : écoutez-le. Mais on ne peut bien écouter Jésus-Christ, qu’en écoutant la vérité et en obéissant à ses préceptes ; puisque Jésus-Christ a dit de lui-même : (Jean. 14, 6.) Je suis la voie, la vérité et la vie.

La vérité que Dieu nous enseigne dans les saintes Ecritures, qui sont sa parole, est, selon saint Augustin, cet adversaire dont Jésus-Christ dit : (Matth. 5, 25.) Accordez-vous au plutôt avec votre adversaire pendant que vous êtes en chemin ; de peur que cet adversaire ne vous livre au Juge, et que le Juge ne vous livre au ministre de la justice, et que vous ne soyez jeté dans une prison. (serm. 251, n.° 7.) « Quel est cet adversaire », demande le saint docteur ? Et il répond : « L’adversaire dont il est parlé ici, ne peut être le diable, qui est souvent ainsi appelé dans les Ecritures ; car elles ne nous exhorteroient jamais à nous accorder avec cet esprit de malice. Il y a donc un autre adversaire ; mais c’est l’homme qui se fait à lui-même cet adversaire : car s’il étoit par sa nature son adversaire, il ne se trouveroit pas avec lui dans le chemin, et il s’y trouve afin que vous vous accordiez avec lui. Quel est-il donc cet adversaire que J. C. a en vue, et qui ne peut être le diable ? C’est la parole de Dieu et sa loi : Quis est adversarius tuus ? Sermo legis. Quel est le chemin pendant lequel il faut nous accorder avec cet adversaire ? C’est la vie présente, parce que nous ne sommes ici-bas que des voyageurs ; Quæ est via ? Vita ista. Comment la parole de Dieu est-elle notre adversaire ? Elle l’est en ce qu’elle nous défend tout ce que la cupidité désire et ce à quoi elle nous porte. Par exemple, la parole de Dieu dit : Vous ne commettrez point d’adultère, et vous voulez en commettre. Elle vous dit : Ne désirez point le bien de votre prochain ; et vous voulez prendre ce qui ne vous appartient pas. Elle vous dit : Honorez votre père et votre mère ; et vous manquez au respect que vous leur devez. La loi vous dit : Vous ne porterez point faux témoignage ; et vous ne vous éloignez pas du mensonge. Quand vous voyez que vous faites tout le contraire de ce que la loi ordonne, ne vous est-il pas aisé de comprendre que vous vous en faites un adversaire ? Faites donc en sorte qu’elle n’entre pas chez vous pour être contre vous. Accordez-vous avec elle pendant que vous êtes en chemin. Dieu veut bien venir à votre secours pour vous accorder ensemble : Adest Deus qui vos concordet. Et comment Dieu vous accordera-t-il ensemble ? C’est en vous pardonnant les péchés par lesquels vous avez violé sa loi, et en vous inspirant la justice qui vous fera faire les bonnes œuvres qu’elle commande : Quomodò vos concordat Deus ? Donando peccata, et inspirando justitiam, ut fiant opera bona.  »

Voulons-nous donc obtenir un jour un jugement favorable, de la vérité qui doit nous juger après notre mort ? Faisons en sorte de ne la pas rendre notre adversaire en cette vie ; et pour cela laissons-nous conduire par elle, et obéissons-lui. Pratiquons tout ce qu’elle commande, et abstenons-nous de tout ce qu’elle défend. (Psal. 36, 27 ; et 1. Pet. 3, 11.) Evitons le mal, et faisons le bien.

Selon la manière très-ordinaire de parler des saintes Ecritures, vivre avec piété et dans la justice, c’est marcher dans la vérité. On ne vit donc dans la piété qu’autant que la vérité est la règle de la vie qu’on mène.

David étant près de mourir, dit à Salomon son fils dans les derniers avis qu’il lui donna, que Dieu lui promettant de conserver le trône à ses descendans, n’avoit fait cette promesse que sous la condition qu’ils seroient fidèles à observer ses lois ; et pour marquer ce en quoi cette fidélité devoit consister, il dit : (3. Reg. 2,4.) Que la parole que Dieu lui avoit donnée étoit qu’il auroit toujours des descendans assis sur le trône d’Israël, si ses enfans marchoient devant lui dans la vérité, de tout leur cœur et de toute leur ame .

Salomon parlant à Dieu de David son père, lui dit : (3 Reg. 3, 6.) Vous avez usé de miséricorde envers David mon père, selon qu’il a marché devant vous dans la vérité et dans la justice. Selon ces paroles de Salomon, marcher dans la vérité et marcher selon la justice, sont donc une même chose. Le saint roi Ezéchias étant tombé dangereusement malade, et ayant été averti par le prophète Isaïe de mettre ordre aux affaires de sa maison, parce qu’il alloit bientôt mourir, fit à Dieu une prière, où, pour lui représenter les sentimens de piété dans lesquels il lui avoit fait la grâce de vivre, il lui dit : (4. Reg. 20, 3.) Souvenez-vous, Seigneur, je vous prie, dequelle manière j’ai marché devant vous dans la vérité.

Le prophète Isaïe, pour dire un peuple juste, dit que c’est un peuple observateur de la vérité : (Is. 26, 2.) Gens justa custodiens veritatem.

Jésus-Christ parlant du péché de l’Ange rebelle, qui entraîna par sa chute un grand nombre d’autres esprits célestes, dit, pour marquer ce péché, que le démon n’est pas demeuré dans la vérité : (Jean, 8, 44.) In veritate non stetit. On ne pèche donc que parce qu’on ne demeure pas dans la vérité en la suivant. L’apôtre saint Jean, dans sa troisième épître qu’il adresse à Gaïus, voulant lui témoigner sa joie de ce que des gens venus de chez lui, lui avoient dit de sa piété et de la sainteté de sa vie, lui écrit : (v. 3 et 4.) J’ai une extrême joie du témoignage que nos frères m’ont rendu de votre piété sincère, et de la vie que vous menez selon la vérité. Et aussitôt après il ajoute : On ne peut me faire un plus grand plaisir, que de m’apprendre que mes enfans marchent dans la vérité. Enfin, saint Paul, exhortant les Ephésiens à bien vivre, les exhorte à pratiquer la vérité par la charité, afin de croître en toutes manières en Jésus-Christ qui est notre Chef. (Ephes. 4, 15.)

Toutes ces autorités prises des Ecritures de l’ancien et du nouveau Testament et si multipliées, ne sont-elles pas plus que suffisantes pour nous convaincre qu’on ne peut bien vivre qu’en suivant fidèlement la vérité ; et qu’ainsi c’est elle qui doit être la règle inviolable de toute notre conduite, et non pas les préjugés des hommes, les coutumes du monde, et les mauvais exemples qu’on y voit, quand ils seroient en aussi grand nombre que les grains de sable de la mer ?

Les Pères de l’Eglise ont enseigné unanimement la même doctrine sur l’obligation de prendre en tout la vérité pour sa règle ; et il ne faut pas s’en étonner, puisqu’ils avoient puisé toute leur science dans les saintes, Ecritures. Tertullien commence son traité du voile que les vierges doivent porter, par ce principe, « que rien ne peut prescrire contre la vérité, ni la longueur du temps et la succession des années, ni la qualité des personnes qui autorisent certains usages, ni les priviléges particuliers des pays. Veritatem cui nemo præscribere potest, non spatium temporum, non patrocinia personarum, non privilegia regionum.  » (De velandis virginibus, c. 1, p. 172.)

« C’est en vain, dit saint Cyprien, que ceux qui n’ont rien à répondre à la force de nos preuves et de nos raisons, nous opposent la coutume, comme si la coutume pouvoit l’emporter sur la vérité, ou comme si, dans les choses spirituelles, il ne falloit pas suivre ce qui a été révélé par le Saint-Esprit : Frustrà quidam qui ratione vincuntur, consuetudinem nobis apponunt quasi consuetudo major sit veritate, aut non id sit in spiritualibus sequendum quod melius fuerit à Sancto Spiritu revelatum.  » (Lettre 75, à Jubaïen, édit. d’Oxf. pag. 310.)

Saint Athanase, cet intrépide défenseur de la divinité du Verbe contre les ariens qui l’attaquèrent, a fait un excellent discours, qu’il emploie tout entier à montrer qu’il ne faut pas juger de la vérité par la seule autorité dé la multitude. J’ai cru devoir mettre ici un extrait de ce discours, dans l’espérance que j’ai conçue que l’autorité de ce grand docteur de l’Eglise, qui a souffert pour elle tant de travaux, et la force des preuves et des raisons qu’il allégue, pourroient faire revenir de leurs préjugés plusieurs de ceux qui approuvent et reçoivent sans examen tout ce qui, flattant les passions, est embrassé par le plus grand nombre et soutenu par la coutume.

« Comment, dit-il, n’auroit-on pas compassion de ceux qui jugent de la bonté d’un sentiment, et de la solidité d’une doctrine, par le seul nombre des personnes qui les reçoivent ou les rejettent ? Ne savent-ils pas bien que Notre-Seigneur Jésus-Christ n’ayant choisi que douze disciples sans lettres, simples, pauvres et sans défense, les a remplis de confiance et de courage contre tout le monde ? Il n’a point disposé ces douze apôtres à suivre plusieurs milliers d’hommes ; mais il a plutôt préparé plusieurs milliers d’hommes à se soumettre à ces douze apôtres… Celui qui, manquant de bonnes preuves pour défendre le sentiment dans lequel il est, a recours pour sa défense à la multitude, avoue qu’il est vaincu…. Que la multitude qui veut nous obliger à déférer à son sentiment, nous fasse voir cette vérité qui est si belle et si agréable, et ce sera une voie fort abrégée et fort prompte pour nous persuader comme on se le propose. Mais pour ce qui est d’une multitude qui veut établir et autoriser une opinion sans en donner des raisons qui soient recevables, elle n’est nullement capable de nous en imposer. Car quelles personnes, en quelque grand nombre qu’elles fussent, pourroient me persuader que la nuit est jour, ou me faire recevoir des pièces de cuivre pour des pièces d’or, ou me faire prendre un poison dont la malignité me seroit connue, pour une mauvais chrétiens qui ne veulent pas y conformer leur vie ? Cet esprit de malice est toujours également altéré du sang des ames ; et il en perd beaucoup plus par le violement de l’Evangile et par les fausses interprétations qu’il lui donne, ou qu’ils reçoivent facilement, pour les violer avec moins de scrupules et de remords, qu’il n’a autrefois perdu d’ariens par les erreurs dans lesquelles il les a engagés et fait persévérer opiniâtrément, quoique le nombre en ait été très-grand.

Puisque la vérité est la seule règle sûre que nous devons suivre, et qu’en ne la suivant pas, on ne peut que s’égarer dans les routes de l’iniquité, et marcher dans le chemin de l’enfer, désirons donc sincèrement de la connoître. Mais au contraire, beaucoup de chrétiens, bien loin de désirer que Dieu fasse luire à leur cœur la lumière de la vérité, la craignent, la fuient et la rejettent lorsqu’elle leur est présentée ; en sorte qu’on n’a que trop de raisons de leur appliquer la plainte que J. C. faisoit des Juifs qui résistoient opiniâtrément à sa parole : (Jean. 3, 10.) Ils ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étoient mauvaises. Quelle est la source d’une disposition si criminelle et si funeste ? J. C. vient de le dire : c’est parce qu’on se plaît dans de mauvaises œuvres, et à suivre des passions que la vérité condamne. C’est pourquoi il ajoute tout de suite : (v. 20, 21.) Celui qui fait le mal hait la lumière, et il ne s’approche point de la lumière, de peur que ses œuvres ne soient condamnées. Mais celui qui agit selon la vérité, s’approche de la lumière, afin qu’on connaisse que ses œuvres sont faites en Dieu.

Saint Augustin, réfléchissant sur l’amour que les hommes ont naturellement pour la vérité, puisqu’ils n’aiment point à être trompés, demande (Confess. l. 10, c. 23.) « pourquoi ils craignent en différentes occasions de la connoître, en sorte que lorsqu’on la leur dit, on s’attire leur haine, comme J. C. s’est attiré celle des Juifs pour la leur avoir prêchée ? Et il répond que cela vient de ce que cet amour même qu’ils ont naturellement pour la vérité est troublé et offusqué de telle sorte, qu’ils prennent pour la vérité tout ce que la dépravation de leur cœur leur fait aimer, quoique ce soit toute autre chose. Ainsi ce qu’ils aiment au lieu de la vérité, et qu’ils prennent pour elle, la leur fait haïr. Ils aiment son éclat et sa beauté ; mais ils n’aiment point ses remontrances et ses reproches : Amant eam lucentem, oderunt eam redarguentem  ».

Quelles sont les suites funestes de cette opposition si criminelle à la vérité, que l’on conserve dans son cœur, lorsqu’on sent qu’elle est contraire à ses inclinations ? Par un terrible, mais très-juste châtiment de Dieu, on est traité selon les désirs déréglés de son cœur : on craint et on fuit la lumière de la vérité, et elle se cache. La vérité se cachant ainsi, l’ame se trouve remplie de ténèbres souvent si étendues et si épaisses, que l’erreur ayant pris la place de la vérité, et le mal celle du bien, ceux qui tombent dans ce malheur, souvent ne s’aperçoivent pas qu’ils y sont tombés.

S. Grégoire Pape a parlé de ce terrible châtiment que Dieu exerce contre ceux à qui la vérité déplaît et qui en fuient la lumière, en expliquant l’endroit de l’évangile où il est dit (Jean, 8 , 59.) que les Juifs ayant pris des pierres pour les jeter à J. C. il se cacha et sortit du temple . (hom. 18, in ev. n.° 5, tom. i, p. 1309.) « Que nous marque le Seigneur en se cachant, demande le saint docteur, sinon que la vérité se cache à ceux qui ne veulent pas mettre les saintes règles en pratique ? Quid abscondendo se Dominus significata nisi quòd eis ipsa veritas absconditur, qui ejus verba sequi contemnunt ?  »

Saint Paul prédisant la grande séduction de l’Antéchrist, qui viendra avec la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes, et de prodiges, et avec toutes les illusions qui peuvent porter à l’iniquité ceux qui périront, donne pour raison de la facilité avec laquelle tant de personnes se laisseront séduire, l’opposition qu’elles auront à la vérité. (2. Thess. 2 , 10 et 11.) N’ayant pas reçu , dit le saint apôtre, et aimé la vérité afin d’être sauvés , c’est pour cela que Dieu leur enverra une séduction si efficace, qu’ils croiront au mensonge ; afin que tous ceux qui n’ont pas cru la vérité et qui ont consenti à l’iniquité, soient condamnés .

Plus ce malheur est grand, plus on doit craindre d’y tomber : et que faut-il faire pour l’éviter ? Il faut commencer par ôter de son cœur tout ce qui en peut fermer l’entrée à la vérité, et pour cela renoncer aux passions qui en font craindre la lumière, et qui, tant qu’on les aime, rendent indigne d’en être éclairé.

Saint Augustin (l. 4, c. 15,  n.° 27.) reconnoît dans ses confessions, que ses passions excitoient en lui un bruit qui l’empêchoit d’entendre la douce voix de la vérité. « Je prêtois pourtant, ajoute-t-il, quelquefois l’oreille à cette harmonie céleste, et j’aurois bien voulu me voir près de l’Epoux, et avoir la joie d’entendre sa voix ; mais les fougues de mon orgueil, qui, en pensant m’élever, me jetoit dans le fond de l’abîme, ne me le permettoit pas. Car je ne vous écoutois pas, Seigneur, avec la fidélité nécessaire pour arriver à la joie que vous faites goûter à ceux qui n’ont d’attention qu’à vous ; et pour ressentir ce tressaillement intérieur qui est réservé à ceux dont le saint prophète dit (Ps. 50, v. 10), que l’humilité a brisé les os . »

Ce même saint dit encore dans un autre endroit de ses confessions : (l. 2, c. 1) « Je me livrai à une infinité de passions qui, pullulant de jour en jour dans mon cœur, y firent comme une forêt, où l’épaisseur des arbres empêche la lumière de pénétrer : Sylvescere ausus sum variis et umbrosis amoribus. » (ibid. c. 3, à la fin.) « Mes iniquités formoient entre vous et moi, ô mon Dieu ! comme un nuage épais qui me cachoit la lumière si pure de votre vérité : Et in omnibus erat caligo intercludens mihi, Deus meus, serenitatem veritatis tuæ. »

On sait que quelque agréable que soit le pain corporel à ceux qui se portant bien, ont un bon appétit, il est amer à ceux dont la fièvre a dépravé le goût. Il en est de même du pain spirituel de la vérité ; il plaît à ceux dont l’ame est en bon état par la piété, ou qui du moins désirent d’y être. Mais la fièvre des passions et du péché, lorsque l’ame en est agitée, la dégoûte de ce pain spirituel de la vérité, et la porte à le rejeter lorsqu’on le lui présente. Qu’on commence donc, pour bien recevoir ce pain, par renoncer à ses passions et au péché.

Un second moyen pour parvenir à la connoissance de la vérité, c’est d’aimer à faire de saintes lectures, et en particulier celle du saint Evangile, dont saint Augustin dit « qu’il est la bouche de J. C. par laquelle, quoiqu’il soit assis à la droite de son père, il ne cesse de nous parler : (serm. 85, n.° 1.) Os Christi evangelium est ; in cælo sedet, sed in terrâ loqui non cessat.  » « Ne soyons pas sourds à sa voix : Nos non simus surdi.  » « Vous ayant laissé l’Evangile, dit encore le même saint docteur, il est par-là avec vous : (serm. 242, n.° 10.) Cùm evangelium tibi reliliquit in evangelio tecum est.  » « Car il n’a point menti en disant : Assurez-vous que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles : (Matth. 28, 20.) Non enim mentitus est, dicens : Ecce ego vobiscum sum omnibus diebus, usquè ad consummationem seculi.  » Aimons donc à aller, le plus souvent que nous pourrons, entendre dans la lecture de l’Evangile le grand et infaillible docteur de la vérité.

Un troisième moyen d’en recevoir de Dieu la connoissance, c’est de la lui demander souvent. Nous pourrions employer pour cela très-utilement cette prière de David dans le psaume 42 : (v. 3.) Envoyez votre lumière et votre vérité. Qu’elles me conduisent sur votre montagne sainte et dans vos tabernacles. « Voilà, dit saint Augustin, expliquant ces paroles, voilà deux mots différens que le prophète emploie en priant Dieu de lui envoyer sa lumière et sa vérité ; mais ces deux mots ne signifient qu’une même chose : (Ps. 42, n.° 4.) Hæc nomina duo, res una. Qu’est autre chose la lumière de Dieu, que la vérité de Dieu ? Et la vérité de Dieu est-elle autre chose que la lumière de Dieu ? Quid enim aliud lux Dei, nisi veritas Dei ? aut quid veritas Dei, nisi lux Dei ? Cette lumière étant toute spirituelle, ne peut être vue que par l’œil du cœur : Hæc lux oculum cordis inquirit.  » Mais afin que cet œil intérieur puisse la voir, il faut qu’il soit pur. C’est pourquoi S. Augustin rapporte à ce sujet cette parole de Jésus-Christ : Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu ! et le cœur est d’autant plus pur, qu’il s’éloigne davantage du péché qui en fait l’impureté, et qu’il s’unit plus intimement à Dieu qui est la source de toute pureté.

Un quatrième moyen de parvenir à la connoissance de la vérité, c’est quand on consulte pour les affaires de sa conscience, et pour avoir la décision de quelque point de morale, de s’adresser par préférence à ceux qu’on a lieu de croire plus instruits des vrais et sûrs principes de la morale chrétienne, et plus attentifs à enseigner la voie de Dieu dans la vérité, sans avoir égard à la qualité des personnes ; comme les Juifs, (Matth. 22, 16.) tout ennemis qu’ils étoient de Jésus-Christ, furent forcés de reconnoître que c’est ce qu’il faisoit dans toutes ses réponses lorsqu’il étoit interrogé et consulté.

Mais combien est-il, au contraire, ordinaire de consulter avec un désir secret de recevoir quelque réponse favorable à la cupidité, afin d’en suivre plus tranquillement les inclinations ! De-là l’obscurité qu’on affecte souvent de répandre sur les consultations qu’on fait, la préférence qu’on donne à des casuistes moins éclairés et moins exacts, la crainte qu’on témoigne avoir d’une décision qui obligeroit à des efforts ou à des retranchemens qu’on n’a pas le courage de faire, quoique peut-être on en sente la nécessité. On n’a donc que trop de sujets d’appliquer à beaucoup de chrétiens de nos jours, ce que S. Paul écrivoit à Timothée son disciple par un esprit de prophétie : (Ép. 2, c. 4, v. 3 et 4.) Il viendra un temps que les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et qu’ayant une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à une foule de docteurs propres à satisfaire leurs désirs ; et fermant l’oreille à la vérité, ils l’ouvriront à des fables. N’est-ce pas là une véritable hypocrisie que de paroître, en consultant, chercher la lumière de la vérité ; pendant qu’en effet on ne désire que de trouver des ténèbres qui empêchent de voir le mal qu’on doit éviter, et le bien que l’on doit pratiquer ? Combien une telle hypocrisie irrite-t-elle Dieu et est-elle capable de faire pleuvoir, pour me servir des paroles même de saint Augustin, des ténèbres vengeresses sur les criminelles passions auxquelles on aime à se livrer ! (Confess. l. 1, cap. 18, n.° 29.) lege infatigabili spargens pœnales cæcitates super illicitas cupiditates . Le saint docteur, vivement affligé de cette duplicité de cœur de plusieurs de ceux qui paroissent rechercher la connoissance de la vérité, pendant qu’intérieurement ils la craignent et la fuient, s’en plaint dans ses confessions d’une manière fort touchante en s’adressant à Dieu comme vérité éternelle : (Confess. l. 10, c. 26, n.° 37.) « Vous êtes partout, lui dit-il, Vérité éternelle ; et du trône où vous présidez à toutes choses, vous répondez à tous ceux qui vous consultent, et vous leur répondez tout à la fois, quelque différentes que leurs consultations puissent être. Vous répondez toujours clairement ; mais on ne vous entend pas toujours avec la même clarté. Chacun vous consulte sur ce qui lui plaît ; mais vos réponses ne sont pas toujours conformes aux désirs et aux inclinations de chacun. Vos bons et fidèles serviteurs sont ceux qui, au lieu de vouloir que vous leur répondiez selon leurs désirs et leurs inclinations, ne cherchent qu’à les conformer à ce qui vous plaira. »

Qu’on lise dans cette disposition le petit ouvrage que je donne au public, et j’ai lieu d’espérer que quelque contraires que les principes que j’ai établis soient aux inclinations de la nature corrompue, aux maximes et aux coutumes du monde, il portera quelque fruit, du moins pour un certain nombre de personnes. Je l’ai entrepris dans cette vue et dans cette intention. J’ai eu soin de demander à Dieu qu’il voulût bien bénir mon travail ; et je conjure les personnes qui liront ce que j’ai écrit pour le bien de mes frères, de soutenir la foiblesse de mes prières par la ferveur des leurs.

Récapitulation des principes et des raisonnemens renfermés dans cet ouvrage. Lett. de M. de Sainte-Marthe. C’est la 37.e du 2.e tome, page 138.

Si un Pasteur est blâmable de s’opposer autant qu’il peut, aux Danses que font ses Paroíssiens, dont il reconnoît les mauvais effets par son expérience. Quel jugement on doit porter de la Danse. Que dans la pratique, elles sont toujours dangereuses et mauvaises. Comment elles ont commencé. Quelles sont les pompes du diable.

Vous me demandez, Monsieur, quel crime a commis et quelle peine mérite un pasteur, qui, ayant lu dans les saints pères que la danse est une pompe du diable, un piége de l’esprit d’impudicité, un artifice de l’enfer pour séduire les hommes, un feu qui n’est capable que d’embraser le cœur des jeunes gens et d’y exciter toutes sortes de passions déshonnêtes, a tâché, autant qu’il a pu, de bannir les danses de sa paroisse, en représentant à ceux qui sont sous sa conduite spirituelle, qu’on s’y expose à un extrême péril de perdre son ame, en leur disant, après l’Ecriture sainte, que celui qui aime le péril ne manquera pas d’y tomber ; en leur racontant des histoires très-avérées de plusieurs filles qui y ont perdu ce qu’elles ont de plus précieux ; en leur marquant qu’on ne fait jamais ces sortes d’assemblées, que l’amour impur n’y préside ; qu’il ne s’y rencontre des jeunes gens impudens qui ne cherchent qu’à se corrompre et à corrompre les autres en chantant des chansons scandaleuses, en tenant des discours libres ; en s’expliquant encore plus dangereusement par des regards immodestes, et même quand ils le peuvent, comme ils le peuvent et l’osent presque toujours, par quelque attouchement. En vérité, Monsieur, si je n’avois pas l’honneur de vous connoître, je croirois qu’en me faisant une telle question, vous ne parlez pas sérieusement, et que vous ne songez qu’à vous divertir. Je vous dirai donc, pour toute réponse, que vous n’avez qu’à consulter votre propre conscience ; car je suis assuré qu’elle est assez éclairée pour vous répondre très-justement.

Mais ce pasteur, dites-vous, fait quelque chose de plus ; il a refusé l’absolution à quelqu’un de ses paroissiens qui avoit été à la danse, sans se mettre en peine de ses exhortations. Je suis persuadé, Monsieur, que ce ne sera pas vous qui oserez blâmer la conduite d’un pasteur qui connoissant le foible de ses paroissiens, et ayant expérimenté qu’ils ne sauroient s’exposer à un tel péril sans s’y perdre, et qui voit même peut-être qu’ils y ont commis des crimes grossiers, croit devoir exiger d’eux qu’ils se mettent, par une pénitence sincère, en état de recevoir l’absolution avant que de la lui demander. Les casuistes qui trouvent le moyen de rendre probables les opinions les plus relâchées, pourroient être assez ingénieux pour trouver que cette conduite est au moins probablement bonne.

Je viens de lire dans Denis le chartreux, qu’encore que des religieux puissent sans crime faire quelque faute contre l’observation du silence, contre l’obligation de se lever diligemment pour aller à matines ou d’employer utilement leur temps ; « néanmoins, dit cet auteur, la coutume de s’écarter de la règle et de manquer en ces sortes de choses sans s’en mettre en peine et sans se corriger, ne peut être excusée de péché mortel ». Et le fondement de cette opinion est qu’un religieux ne peut être dans cette grande négligence sans avoir du mépris de sa règle. Mais que dirons-nous donc de ceux qui méprisent la voix de leur pasteur, sans y avoir égard ; qui s’exposent au péril de tomber dans des crimes, et qui peut-être ne sortent point de ce péril sans en avoir commis et sans en avoir fait commettre à d’autres ? Vous m’étonnez de m’assurer que ces brebis désobéissantes ont pour protecteurs non-seulement des gens grossiers et débauchés comme eux, mais des ecclésiastiques d’érudition. Vous ajoutez qu’ils citent S. François-de-Sales, et qu’ils disent après lui que la danse par elle-même est une chose indifférente. J’avoue avec ce saint évêque, que la danse en elle-même est une action indifférente ; car elle a été louée dans David. Ce saint roi, transporté d’une joie toute sainte, dansoit devant l’arche, ayant l’esprit et le cœur remplis des sentimens de la bonté de Dieu à son égard.

Quiconque n’auroit point d’yeux ni d’oreilles, quiconque pourroit assister à des danses sans y entendre rien, et sans y rien voir des sottises qui s’y passent, et qui au contraire auroit assez de force d’esprit pour n’y être occupé que de Dieu, pourroit innocemment se trouver à la danse, qui est une pierre de scandale à toutes les autres personnes ; encore faudroit-il que cela se pût faire sans désobéir à ses pasteurs légitimes, et sans donner mauvais exemple à son prochain ; mais puisque les paysans n’ont pas cette vertu, puisqu’ils sont pleins de passions, et que les danses servent à animer ces passions et à les rendre plus violentes, puisque ces assemblées ne se terminent jamais sans crime, puisqu’un seul débauché peut inspirer ses mauvais désirs à ceux qui le regardent, et qu’en effet il s’y dit des choses qu’on ne doit pas entendre, et qu’il s’y fait des choses qu’on ne doit pas voir, il est de la prudence des pasteurs de s’opposer à des danses, qui, dans la pratique, sont toujours dangereuses et corrompues, quelles qu’elles soient dans des précisions métaphysiques et dans la spéculation. C’est un grand péché de tenter Dieu ; quiconque se jeteroit dans la mer ou dans une fournaise, sous prétexte que Dieu a conservé dans le fond des abîmes le prophète Jonas, et les trois Israélites dans la fournaise où Nabuchodonosor les fit jeter, ne laisseroit pas d’être homicide de soi-même. Or, la mer et le feu ne sont pas plus dangereux à la vie du corps, que ces danses à la vie de l’ame : d’où je conclus que quiconque a quelque soin de son salut, se passera d’un tel divertissement, de peur que se trouvant dans un passe-temps consacré au démon, il ne tombe sous sa puissance ; il obéira à la voix de son pasteur, il fera pénitence de sa faute s’il ne lui a pas obéi, et il n’écoutera point la voix du serpent qui veut le séduire.

Ceux qui ont recherché comment les danses sont venues jusqu’à nous, ont remarqué qu’elles s’introduisirent dans l’Egypte au temps que le peuple de Dieu y étoit en captivité, qu’on commença d’abord à danser aux chansons hors des villes, et qu’ensuite on y employa des flûtes et d’autres instrumens : que des places publiques elles passèrent sur les théâtres, et que de là elles sont entrées dans les palais des princes et des grands. Mais en quelqu’état qu’on les considère, les saints n’ont jamais pu se persuader que Dieu en soit l’auteur, et ils ont conclu au contraire qu’elles n’ont pu être que l’ouvrage du démon : ce qui a fait dire à Tertullien, que Dieu a formé le monde, mais que c’est le diable qui en fait les pompes et les vanités. Saint Cyprien le dit de même expressément, et saint Chrysostôme ne fait point difficulté de dire que c’est le diable qui danse encore aujourd’hui dans les danseurs. Mais je m’engage insensiblement dans cette matière. Demandez à Dieu, Monsieur, qu’il me fasse oublier le monde et ce qui est dans le monde ; qu’il me fasse renoncer au diable et à ses pompes, comme je m’y suis engagé en recevant le sacrement de la foi : qu’il éclaire mes yeux ; que je condamne, que j’efface de mon cœur tout ce qui est contraire à la vérité de Jésus-Christ, à sa justice, à son obéissance, et à ce parfait amour que je lui dois.