(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XIV. » pp. 106-108
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(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XIV. » pp. 106-108

Chapitre XIV.

Dépend.] Politique, VII, 13 : Δεῖται χορηγίας τινὸς τὸ ζῆν ϰαλῶς. — Δεόμενόν ἐστι est ici pour δεῖται  cf. Hérodote, III, 108  VI, 33  Pausanias, I, 14, § 5. Aristote, Métaphysique, IV, 7 : Οὐδὲν διαφέρει τὸ·Ἄνθρωπος ὑγιαίνων ἐστίν, ἢ τὸ Ἄνθρωπος ὑγιαίνει. C’est la figure appelée σχῆμα χαλϰιδιαϰόν par le grammairien Lesbonax (p. 179, à la suite d’Ammonius, éd. Valckenaër), et dont il cite pour exemples : Σωϰράιης ἀπολογούμενός ἐστι, et Homère, Iliade, V, v. 873 :

Αἰεὶ γὰρ ῥίγιστα θεοὶ τετληότες εἰμέν.

Cf. Eschyle, Euménides, v. 541 éd. Boissonade : Αἰδόμενός ιις ἔστω pour αἰδείσθω.

L’effrayant.] Τερατῶδες. Voyez plus haut, la troisième note sur le chapitre xiii.

Ne sont plus dans la tragédie.] Remarquer τραγῳδίᾳ, au lieu de τραγῳδίας, contre l’usage d’Aristote, qui est de construire ϰοινωνεῖν avec le génitif. Ici, c’est comme s’il eût dit : οὐδὲν ϰοινὸν. ou ὅμοιον τῇ τραγῳδίᾳ ἔχουσι. Cf. Platon, Politique, p. 304 A : ὅόη βασιλιϰῇ ϰοινωνοῦσα ῥητορεία  et Lucien, De la Danse, chap. xxxiv : Μηδὲν ταῦτα τῇ νῦν ὂρχήσει ϰοινωνεῖ.

Voyons donc.] « Λάϐωμεν sanum esse vix credo. » (Ritter.) On trouvera pourtant des exemples de la même locution : Rhétorique, I, 2 fin, 4, 10  Politique, III, 9  IV, 12, 16  V, 2. (Düntzer, Défense de la Poétique, note 96.)

Les anciens poëtes.] Оἱ παλαιοί. Le rhéteur Démétrius, Sur le Style, § 175, prétend que ce terme est plus noble que οἱ ἀρχαῖοι (voy. plus haut, p. 90). Probablement Aristote les emploie l’un et l’autre comme de simples synonymes.

L’Ulysse blessé.] Blessé, ou plutôt tué, dans un combat sur le rivage d’Ithaque, par Télégonus, le fils qu’il avait eu jadis de Circé. Voy. Hygin, Fable 127, et comparez le livre de Welcker, sur les Tragédies grecques considérées dans leur rapport avec le Cycle épique, t. I, p. 240. — Il reste deux fragments de cette pièce de Chérémon.

L’Antigone.] Aristote se tromperait en citant ici comme exemple la tragédie de Sophocle, où Hémon paraît tirer, en effet, l’épée contre son père, mais sans préméditation et sans que cet incident ait la moindre importance dans l’économie de la pièce. Peut-être Aristote pensait-il à l’Antigone d’Euripide, dont il ne nous reste que des fragments. Ce qui est certain, c’est qu’il a formellement cité ailleurs la pièce de Sophocle : Rhétorique, I, 13 et 15  III, 16 et 17.

Le Cresphonte.] Même sujet que la Mérope des modernes. Voy. Plutarque, De l’Usage des viandes, II, 5  Hygin, Fables 137, 184. —  Voltaire, Lettre à Maffei, en tête de sa Mérope : « Aristote, cet esprit si étendu, si juste et si éclairé dans les choses qui étaient alors à la portée de l’esprit humain, Aristote, dans sa Poétique immortelle, ne balance pas à dire que la reconnaissance de Mérope et de son fils était le moment le plus intéressant de toute la scène grecque. Il donnait à ce coup de théâtre la préférence sur tous les autres. Plutarque dit que les Grecs, ce peuple si sensible, frémissaient de crainte que le vieillard qui devait arrêter le bras de Mérope n’arrivât pas assez tôt. Cette pièce, qu’on jouait de son temps, et dont il nous reste très-peu de fragments, lui paraissait la plus touchante de toutes les tragédies d’Euripide. » Comparez Lessing, Dramaturgie, p. 184, trad. fr. de 1785.

L’Hellé.] Comme on n’a aucun autre renseignement sur cette pièce, Valckenaër conjecture qu’il faut lire ici « l’Antiope », pièce d’Euripide dont il reste environ cinquante fragments. Mais, d’après le récit d’Hygin, Fable 8, ce n’est pas un fils d’Antiope qui va la livrer à la mort, mais ses deux fils, qui, la reconnaissant sur les indices d’un berger, viennent à son secours et la sauvent. Résignons-nous à ignorer l’auteur de cette pièce d’Hellé, dont le sujet, du reste, tenait à ceux du Phrixus, traité par Euripide, et de l’Athamas, traité par Sophocle et par Xénoclès.

Voilà pourquoi, etc.] « C’est pour cela que l’on a souvent dit que les tragédies ne mettent sur la scène qu’un petit nombre de familles : car les poëtes qui cherchoient des actions de cette nature en sont redevables à la fortune, et non pas à leur invention. Ainsi ils sont contraints de revenir à ces mêmes familles où ces sortes d’événements se sont passés. » (Trad. de Racine.)