Esope se justifie devant son
Maistre
, et luy fait voir qui avoit mangé les figues. Cha
e bon la main à l’œuvre Cependant, comme il eust pris fantaisie à son
Maistre
de s’en aller en sa Mestairie, pour y voir le tra
nons : « Saoulons-nous », luy dit-il, « de ces figues : Que si nostre
Maistre
les demande, nous luy ferons accroire qu’Esope le
r toy », disoient-ils, « miserable Esope ». Quelque temps apres, leur
Maistre
estant de retour des bains, la premiere chose qu’
commanda qu’on l’appellast. Comme il fut venu ; « Quoy ? » luy dit le
Maistre
, « meschant que tu és, as-tu fait si peu de compt
es paroles on en vouloit venir aux coups, se jettant aux pieds de son
Maistre
, il le pria de se donner un peu de patience. Cela
u, pource qu’il n’avoit rien mangé tout ce jour là. Alors il pria son
Maistre
, que ses accusateurs en fissent autant, affin de
i auroit mangé les figues. Ceste proposition d’Esope plust fort à son
Maistre
, qui bien estonné du bon sens, et de l’esprit de
lomnie de si meschants valets paroissant à découvert aux yeux de leur
Maistre
, il commanda qu’ils fussent dépoüillez tous nuds,
Asne de la Fable, Qui, pour se rendre plus aimable Et plus cher à son
Maistre
, alla le caresser. Comment, disoit-il en son ame,
Cela n’est pas bien mal-aisé. Dans cette admirable pensée, Voyant son
Maistre
en joye, il s’en vient lourdement, Leve une corne
tte action hardie. Oh oh ! quelle caresse, et quelle mélodie ! Dit le
Maistre
aussi-tost. Holà, Martin bâton. Martin bâton acco
de serviteurs ? Asseurément je suis resolu de m’en plaindre à nostre
Maistre
». Ces paroles d’Esope estonnerent fort le Mestay
mier. Je suis donc d’advis de le prevenir, et de l’accuser envers mon
Maistre
, avant que luy-mesme m’accuse, et qu’ainsi je ne
». Ceste resolution prise, il s’en alla droict à la Ville trouver son
Maistre
. Comme il l’eust abordé, il se donna l’alarme à s
st abordé, il se donna l’alarme à soy-mesme en le salüant. Ce que son
Maistre
ayant reconnu ; « D’où vient », luy dit-il, « que
illeuse chose en vostre maison des champs ». « Et quoy », repartit le
Maistre
, « quelque arbre a t’il porté du fruict avant le
nant la parole libre ». « Ainsi t’en puisse t’il prendre », reprit le
Maistre
, « puis que tu és si peu sensé, que de tenir pour
rent à crier. Ce que voyant Esope ; « Et bien », dit-il à son nouveau
Maistre
, « ne voila-t’il pas un effect de ma promesse ».
« Vrayment », dirent ils entr’eux, « c’est un grand malheur à nostre
Maistre
, d’avoir achepté un valet si monstrueux, et si di
Esope ne laisse entrer qu’un seul de tous ceux que son
Maistre
avoit conviez. Chapitre XXI. Quelques jours apr
», l’ingenieux Portier approuva fort sa response, et le menant à son
Maistre
: « Seigneur », dit-il, « voicy le seul Philosoph
les, se mirent à le blasmer de ce qui s’estoit passé. « Quoy ? nostre
Maistre
(luy dirent-ils) t’avons nous donné sujet de nous
pour quelle raison il avoit ainsi honteusement chassé ses amis. « Mon
Maistre
», luy dit Esope, « ne m’as-tu point commandé exp
ain un des Disciples de Xanthus fist un beau festin, où il invita son
Maistre
, et les autres escoliers. Comme ils se fûrent tou
t elle : On verra bien à ce coup, s’il est veritable qu’elle ayme mon
Maistre
». Comme il fust donc entré dans la maison, il ap
s qu’il luy apportoit : « Madame », dit-il, « voila un present de mon
Maistre
, qu’il envoye, non pas à vous, mais à sa bien aym
rissoit dans le logis ; « Tien Mignonne », dit-il, « voylà ce que mon
Maistre
a commandé que je t’apportasse » ; et ce disant,
ute ceste viande morceau par morceau. Cela fait, il retourna vers son
Maistre
, qui d’abord luy demanda, s’il avoit tout donné à
Rien du tout », dit-elle « Mais toy mesme (reprit Esope parlant à son
Maistre
) à qui m’as-tu ordonné de faire ce present ? » «
nstant tout le mal que l’on luy peut avoir fait, elle applaudit à son
Maistre
, et le caresse de la queuë. Il falloit donc bien,
là, se retira chez ses parents. Ce que voyant Esope, « hé bien ! mon
Maistre
», dit-il, « ne vous avois-je pas bien asseuré, q
XIX. Comme ils furent de retour au logis, Esope s’addressant à son
Maistre
; « Seigneur », luy dit-il, « n’ay-je pas bien me
ient branchées sur un arbre ; ce qu’il fist sçavoir incontinent à son
Maistre
. Xanthus sortit aussi pour les voir ; mais pendan
cevoit les coups, « Malheureux que je suis », s’écrioit-il contre son
Maistre
, « j’ay veu deux Corneilles, et toutesfois je sui
FABLE XXIV. D’un vieil Chien, et de son
Maistre
. Un Veneur encourageoit son Chien à la chasse,
beste, il ne pût neantmoins la retenir, pour n’avoir aucune dent. Son
Maistre
s’estant mis alors à le tancer aigrement, en adjo
icy par la voix d’un pauvre animal, qui reproche de bonne grace à son
Maistre
une excessive ingratitude. C’est ce Chien affoibl
on advis, c’est le mespris qu’en fait la pluspart du temps un mauvais
Maistre
, qui apres avoir eu leur jeunesse, et tiré d’eux
sse-Ciceron. Un des derniers se vantoit d’estre En Eloquence si grand
Maistre
, Qu’il rendroit disert un badaut, Un manant, un r
l, un Asne : Que l’on ameine un Asne, un Asne renforcé, Je le rendray
Maistre
passé ; Et veux qu’il porte la soutane. Le Prince
XXII. L’Aloüette et ses petits, avec le
Maistre
d’un champ. Ne t’attens qu’à toy seul, c’est u
be du jour arrive ; et d’amis point du tout. L’Aloüette à l’essor, le
Maistre
s’en vient faire Sa ronde ainsi qu’à l’ordinaire.
’Aloüette eut raison, car personne ne vint. Pour la troisiéme fois le
Maistre
se souvint De visiter ses bleds. Nostre erreur es
XXI. L’œil du
Maistre
. Un Cerf s’estant sauvé dans une estable à bœu
y sa venuë. Jusques-là pauvre Cerf, ne te vante de rien. Là-dessus le
Maistre
entre et vient faire sa ronde. Qu’est-ce-cy ? dit
oir si le mesme accident ne leur est point arrivé. Mais pour toy, mon
Maistre
, tu ne dois point craindre de perdre ton cœur, ca
sçavoit presque où il en estoit. Esope estant donc prés de luy, « Mon
Maistre
», dit-il, « je vous advise que Bacchus a trois t
isciples de Xanthus voyant que le vin luy avoit osté la raison, « Mon
Maistre
», luy demanda t’il, « y a t’il quel-qu’un qui pu
. Ainsi l’escolier se confessa vaincu, et se jettant aux pieds de son
Maistre
, il le pria que la gajeure demeurât nulle : ce qu
un Auteur, Qui dit : Je chanteray la guerre Que firent les Titans au
Maistre
du tonnerre. C’est promettre beaucoup ; mais qu’e
mesme, disant à par soy le long du chemin, « j’apprendray bien à mon
Maistre
à ne point commander mal à propos ». Apres qu’il
escoliers, qui le loüant d’avoir bien parlé, donnerent le tort à leur
Maistre
, et s’en retournerent chacun chez soy.
meilleur, et plus excellent que toute autre chose ! » « Et quoy, mon
Maistre
», respondit Esope, « y a-t’il rien de plus mauva
homme de te mesler des affaires d’autruy, et d’irriter sans raison le
Maistre
contre le serviteur ».
Esope ameine à son
Maistre
un homme niais, et sans soucy. Chapitre XVI. Xa
coup de sens, il s’en approcha le conviant à venir disner avecque son
Maistre
. Ceste nouveauté ne sembla pas estrange à ce Rust
que rien, ce me semble, pour estre bien assaisonné. Mais quoy ? si le
Maistre
de ceans veut battre son serviteur sans qu’il le
poivre dans ce gasteau ? » A ces mots Esope se sentant surpris, « Mon
Maistre
», respondit-il, « s’il se trouve que le gasteau
FABLE XV. De l’Asne, et du Chien. Le Chien flattoit son
Maistre
, et tous ceux de la maison, qui l’amadoüoient et
nutile, fust neantmoins agreable à tous, et nourry des viandes de son
Maistre
, bien que cependant il ne reçeut tout ce bien que
Cette resolution prise, il arriva quelque temps apres, que voyant son
Maistre
de retour en la maison, il voulut voir quelle ser
les spectateurs. C’est ce qui l’enhardit de faire des caresses à son
Maistre
, affin de gaigner quelque place en son inclinatio
et si poly. « Si je le suis », respondit le Chien, « le soing de mon
Maistre
en est cause. Car il m’amadoüe, quand je le flatt
mon amy », reprit le Loup, « que tu és heureux, d’avoir rencontré un
Maistre
si doux, et si débonnaire ! Que je serois content
Loup de changer de condition, luy promit de faire en sorte envers son
Maistre
, qu’il luy donneroit quelque charge dans sa maiso
les uns que les autres. Mais d’autant que cela ne plaisoit pas à mon
Maistre
, il joüa si bien du baston sur moy, qu’il me fit
» luy dit-il, « certes je n’achepte pas si cherement l’amitié de ton
Maistre
. Adieu donc, compagnon, avecque ta servitude ; po
sois ? Sauvez-vous, et me laissez paistre : Nôtre ennemi c’est nôtre
Maistre
, Je vous le dis en bon François.
n Juge. Chapitre XVII. Le lendemain, Esope eust commandement de son
Maistre
de s’en aller aux estuves, pour s’enquerir de que
ta la pierre, et la mit ailleurs. Esope estant donc retourné vers son
Maistre
; « Seigneur », luy dit-il, « tu peux aller aux e
apporter un coûteau pour coupper ses lacs, ou de n’en dire rien à son
Maistre
, jusqu’à ce qu’il les eust rompus à belles dents.
onté de luy tenir sa promesse. Comme en effect, il courut droit à son
Maistre
, et luy dit, que le Renard estoit pris. Le Paysan
FABLE CVIII. D’un Oye, et de son
Maistre
. Vue Oye pondoit tous les jours un œuf d’or à s
et de son Maistre. Vue Oye pondoit tous les jours un œuf d’or à son
Maistre
, qui neantmoins fût si fol, que pour s’enrichir t
nous puissions entendre ceste Allegorie en deux façons, et accuser le
Maistre
de cette Oye, ou d’estre trop immoderé en ses vol
d’un certain Elephant, qui entendoit parfaictement le langage de son
Maistre
, et faisoit beaucoup de choses de celles que font
ait mention, qui est tel. Un Elephant ayant reçeu commandement de son
Maistre
de porter une Cruche dessoudée à racommoder, chez
dessein de la resouder. L’Elephant la rapporta tout aussi-tost à son
Maistre
, qui au premier service qu’il en voulut tirer, co
jà trompé, porta sa Cruche dans la riviere, avant que la rendre à son
Maistre
, pour experimenter si l’eau échappoit encore. Ce
it une mine plus tranquille, et remporta paisiblement la Cruche à son
Maistre
. Ne semble-t’il pas que cét Animal usoit de raiso
une merveilleuse sagacité. Il y en avoit un, extrémement chery de son
Maistre
, et fort mal traicté par le serviteur. Celuy-cy n
cy ne luy donnoit que la moitié de sa portion d’avoine, encore que le
Maistre
entendist qu’on la luy donnast toute. Or il arriv
ntendist qu’on la luy donnast toute. Or il arriva qu’un soir le mesme
Maistre
s’estonnant au possible dequoy sa beste n’avoit p
faim et que toutes choses leur semblent indifferentes au prix de leur
Maistre
, voire mesme que ceste amitié dure apres la mort.
irent en terre ; et peu de temps apres il accusa les assassins de son
Maistre
avec des cris et des hurlements, en suitte desque
duel contre un homme, pour prouver corps à corps l’assassinat de son
Maistre
; et de cela il en arriva la victoire au Chien, e
a trompe, il est certain qu’il ne le fist que par memoire, et que son
Maistre
l’avoit quelques jours auparavant instruict à cel
st pas incompatible qu’il n’eust veu souvent faire ceste action à son
Maistre
, pour esprouver si un Vaisseau estoit bien joinct
à parler de celuy qui fist deux parts de son avoine, pour advertir le
Maistre
de la perfidie du serviteur, en quoy il est aisé
Preferoit, dit l’Histoire, un jour chez l’Empereur
Les forces de son
Maistre
à celles de l’Empire.
Un Alleman se mit à dire :
nt pris, dis-je, aux branches de ce saule ;
Par cet endroit passe un
Maistre
d’école.
L’Enfant luy crie : Au secours, je peri
pas plustost arrivé en la maison, que faisant le commandement de son
Maistre
, il ne mit cuire qu’une lentille. Apres donc que
e vois », leur dit-il, « je n’ay pas achepté un esclave, mais bien un
Maistre
». En suitte de tout cecy, apres qu’ils se furent
ous esclaircira de ce que vous desirez si fort de sçavoir. Ainsi, mon
Maistre
, si je puis resoudre ceste doute, toute la gloire
que la fortune, qui ayme les divisions a proposé un prix de gloire au
Maistre
et au Valet, quand il arrive que ce dernier est m
battu : De ceste façon, quoy qu’il en advienne, à droit ou à tort, le
Maistre
est tousjours oppressé. Je suis content neantmoin
si se trouva veritable, ce qu’un peu auparavant Esope avoit dit à son
Maistre
par ces paroles, je t’advise que malgré toy tu m’
arque des Dieux : Il confesse son imprudence. Jupiter en usa comme un
Maistre
fort doux. Concluons que la Providence Sçait ce q
terrompre mon somme ! Le sort de sa plainte touché Luy donne un autre
Maistre
; et l’Animal de somme Passe du Jardinier aux mai
estin, Que sa Chate en un beau matin Devient femme, et le matin mesme
Maistre
sot en fait sa moitié. Le voilà fou d’amour extrê
ux gens
Portans bastons, et mendians ;
Flater ceux du logis ; à son
Maistre
complaire ;
Moyennant quoy vostre salaire
Sera
des Citoyens, soit qu’il n’en eust fait que la peur, tant y a que son
Maistre
eût commandement de la chasser, sur peine de puni
iva que le malheureux Androde fût recogneu, et reconduit à son ancien
Maistre
, qui apres plusieurs inhumanitez exercées contre
encontres, et te represente que la queüe du chien donne du pain à son
Maistre
. Ne te repens jamais d’estre homme de bien. Chass
qu’elles semblent estre ; Le plus simple animal nous y tient lieu de
Maistre
. Une Morale nuë apporte de l’ennuy : Le conte fai
us, comme il s’en alloit en sa maison. Alors ayant pris garde que son
Maistre
pissoit en marchant ; apres avoir retiré sa robbe
« Pource », respondit Esope, « que je ne pourray jamais servir un tel
Maistre
. Car s’il est ainsi que toy qui as un empire abso
ces gents-là ne se contentent pas, en clabaudant aux oreilles de leur
Maistre
, de faire passer un vice sous le nom de la Vertu
ue la plus part des Courtisans sont interessez, et qu’ils ayment leur
Maistre
pour le seul advantage qu’ils en esperent. Que si
t point de si mauvais garçon, qui ne puisse facilement rencontrer son
Maistre
. Dequoy m’est témoin Turne dans Virgile, qui ayan
e l’Ordre de sainct Jean de Jerusalem, merita depuis d’en estre grand
Maistre
, ayant dessein de combattre un furieux Dragon, qu
le lendemain. Ils firent donc tout aussi-tost le commandement de leur
Maistre
, et partagerent entr’eux les fardeaux qu’ils avoi
ine. Ce qu’oyant Esope, qui étoit là present, il se prit à rire ; Son
Maistre
luy demanda pour lors, si c’estoit pour se mocque
sion de meriter le Ciel, et d’estre imitateurs de la patience de leur
Maistre
.
outes les autres bestes, qui s’enfuyoient loing de luy. Cependant, le
Maistre
qui l’avoit perdu, le cherchoit de tous côtez, et
estranger ayant voulu dire, pour luy complaire, qu’en la Cour de son
Maistre
on avoit en grande reverence la memoire et la ver
s meschancetez, celle-là principalement qui s’adresse du serviteur au
Maistre
, à cause que la confiance y est plus necessaire.
Baudet aille à l’aise, et Meusnier s’incommode ? Qui de l’Asne ou du
Maistre
est fait pour se lasser ? Je conseille à ces gens
Gouverneurs, qui dans les plus hautes charges vendent lâchement leur
Maistre
et leur Patrie, pour de l’argent ? Combien de Cap
s un Chien si accoûtumé à mordre tous ceux qu’il rencontroit, que son
Maistre
fût contraint de luy attacher un baston au col, a
si bien qu’il le tua, tellement que par cette mort le Renard demeura
Maistre
, et de la taniere, et de la proye. Toutesfois com
ent à ne le mettre point en oubly. Ils l’apprennent ainsi d’un habile
Maistre
, et c’est l’Inventeur de ces Peintures parlantes,
r de flotter incessamment dans le doute, d’avoir de la peine pour son
Maistre
, pour ses Ennemis, et pour ses amis, de ne voir p
i dirent entr’eux ; « Par les Dieux ! il a vaincu à ceste fois nostre
Maistre
». Alors Xanthus s’addressant à luy derechef ; «
hilosophie Moralle, dont j’appelle à tesmoins les Peripateticiens, le
Maistre
desquels a mis l’Ethique au plus haut poinct où p
but que leur interest propre, tiennent pour indifferent celuy de leur
Maistre
, et font leurs delices de la substance et du sang
▲