(1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR. » pp. 3-6
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(1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR. » pp. 3-6

AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR.

On a donné beaucoup de regles jusqu’ici sur la construction méchanique, ou sur la maniere d’élever l’édifice d’un Poëme dramatique, & l’on n’a presque rien dit sur ce qui le rend principalement utile à la société, savoir, sur le but qu’il doit se proposer de corriger les mœurs. On a presque cru qu’il étoit suffisant qu’un Poëme renfermât exactement les trois unités de temps, de lieu & d’action, pour être parfait, quoique cette perfection ne soit qu’un très-petit commencement de celle à laquelle il doit tendre. Faire une guerre ouverte aux vices qui désolent la société, inspirer aux spectateurs des sentimens de vertu, leur faire respecter le Souverain & aimer leur patrie, voilà son but.

Quoique ce but n’ait pas été ignoré de la plupart de nos Auteurs comiques, peu y sont parvenus, pour n’avoir pas suivi la route qu’il falloit suivre. Monsieur Riccoboni fit imprimer il y a plusieurs années un Traité intitulé de la Réformation du Théâtre. Ses idées furent diversement reçues du public ; on rendit justice à la sagesse de l’Auteur, mais on n’approuva pas généralement ses moyens de réformation, qui, à dire vrai, équivalent presque à une suppression entiere des spectacles. Cependant comme cet ouvrage a ses partisans, & qu’il contient réellement des préceptes très-utiles & dont on pourroit profiter, le Libraire s’est déterminé à en donner une nouvelle édition. J’ai cru que le public ne seroit pas fâché de voir à la suite de cet ouvrage, un Traité intitulé, Essai sur les moyens de rendre la Comédie utile aux mœurs. Nous avons le même but M. Riccoboni & moi ; mais nous proposons des moyens différens : ces deux ouvrages réunis dans le même volume, pourront être aisément comparés par les lecteurs, qui se décideront en faveur des moyens qui leur paroîtront les plus praticables.