(1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380
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(1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Entretien X. sur la Comedie

LE grand usage de ce divertissement, qui est si agréable à la veuë, & à l’esprit, fera peût-être, qu’il ne me sera pas facile de desabuser les personnes, qui se voyent autorisées de l’exemple de tant de gens, & favorisées de l’inclination de la nature corrompuë : Mais peût-être aussi, quand j’auray ôté le bandeau de dessus leurs yeux, ne verront-elles pas moins le danger du Théatre, qu’elles en ont trouvé jusques icy les spectacles charmans.

Il y a tant de choses, lesquelles condamnent l’usage, qui s’en fait, que, de quelque côté que l’on se tourne, l’on n’entend, que des voix, qui crient contre ce divertissement, autant préjudiciable à l’ame, qu’il est agréable aux sens.

L’Eglise, la conscience, & les fréquens naufrages de l’innocence, sont ces voix, qui disent, que de tous les moyens, qu’a le démon pour perdre bien des ames, la comédie en est le plus doux, le plus fort, & le plus caché.

Il ne faut donc, que les entendre, pour sortir de l’aveuglement, pourveu qu’on les entende sans préoccupation, & sans aporter un esprit rebelle contre des veritez, aussi claires, que celles, que je va mettre en avant.

§. I.

Premierement, c’est une chose tres-constante, que tous les Peres de l’Eglise ont déclamé contre la comédie, qui se faisoit de leur temps, comme contre un spectacle, qui alloit de luy-même à la grande corruption des mœurs : Il ne faut qu’en lire les invectives, pour voir de quel zéle ils estoient portez contre un divertissement, qui en des-honorant le Christianisme, en corrompoit aussi les maximes, & la pureté.

Aprés les Apôtres, fut-il jamais des personnes, que l’on puisse dire avoir esté inspirées, comme eux, du S. Esprit ? Ils en ont esté les organes, & les interprêtes, pour dire plus clairement à tous les Chrétiens, ce que les saintes Ecritures n’ont dit souvent, que sous des ombres ; c’est donc eux, qu’il faut écouter, quand il est question de bien faire le discernement des choses douteuses ; Et c’est eux aprés l’Evangile, que Dieu nous a donnez, pour estre la juste régle de nos actions.

Si cela ne peut estre contredit, n’est-on pas obligé de condamner, ce qu’ils condamnent ? N’est-on pas donc obligé de regarder au moins la comédie, comme un divertissement dangereux, puis qu’ils ont parlé de cette sorte de spectacle, comme d’une chose, capable de corrompre les mœurs les plus innocentes ? Et des Dames Chrétiennes peuvent-elles y assister, aprés ce qu’ils en ont dit, sans montrer, ou que l’on fait peü d’estime de leur autorité, ou que l’on croit, que Dieu ne les a pas établis dans son Eglise, pour estre les oracles des Peuples ?

C’est à vous de voir si en bonne conscience l’on peut faire contre les sentimens & les décisions de ceux, que Dieu a donnez à l’Eglise, pour ses Docteurs,

>§. II.

Il suffiroit de dire, que, suivant simplement les pensées de ces grands Hommes, le divertissement de la comédie n’est pas tout-à-fait innocent ; néanmoins, sans faire le Casuite, pour conclure, si la comédie prise en elle-même est péché, je maintiens, qu’on n’y peut guéres aller sans pécher, & je n’ay pour cet effet à alléguer, que des raisons plausibles, conformes au bon sens, & convaincantes.

Je le prens d’un concours de diverses choses, qui toutes favorisent la concupiscence, & qui, non pas nécessairement, mais presque infailliblement font tomber dans quelque déréglement.

Les matieres, qui s’y traitent, ne sont ordinairement, que d’amour, & de ses intrigues, car le théatre ne plairoit plus, si cette passion n’en faisoit l’ame : L’expression, qu’on en fait, est par la déclamation la plus douce, la plus animée, & la plus transportée : L’ajustement d’une comédienne n’a rien, qui ne respire je ne sçay quoy d’impur, par la nudité de sa gorge, par son geste mol, & affecté, & par son action efféminée.

Tout cela, ne sont-ce pas autant de fortes attaques, données par les yeux, & par les oreilles, au cœur des personnes, qui écoutent ce qui se déclame, & qui voyent le spectacle d’une comédie, pour y porter des impressions d’amour, en leur amolissant la volonté ; en leur gravant dans l’i-imagination des images, & des representations moins honnêtes ; & en leur laissant dans la memoire des idées, qui ont toûjours quelque chose de sensuel ?

Ajoûtez la disposition ordinaire, qu’on aporte à la comédie, où l’on ne va, que pour recevoir avec plaisir & douceur tous les charmes du Théatre.

Je demande si cette disposition de l’esprit, & du cœur secondant elle-méme les sollicitations moles, & douces de ces objets, il est possible, qu’on s’en défende, sans s’y laisser aller fort sensüellement ? La vertu la plus sévére ne s’en pourroit presque pas garantir, & vous voulez, que des gens, qui ne respirent, que les plaisirs des sens, puissent estre avec innocence parmi tant de dangereux apas, où ils se jettent encore, & se plaisent ?

Ce seroit, ou ne pas sçavoir la force de ces objets, ou ignorer la foiblesse de nôtre nature, ou se faire une vertu chimérique, ou, par une vaine présomption, vouloir trouver sa seureté au milieu des écüeils.

§. III.

C’est un principe universellement receü de l’Ecole, que, quand quelque chose de sa nature porte au péché, l’on ne peut pas en user librement, sans pécher ; cela parle de soy, sans autre preuve, à un esprit, qui a seulement un petit raïson d’intelligence : Remontez maintenant à ce que je viens de dire de la comédie, dont toutes les circonstances n’ont rien, qui de soy-méme ne donne quelque penchant au péché.

Si ce principe donc, que j’ay avancé, est recevable, l’aplication en estant faite à la comédie, je vous laisse le jugement du péché, qui se peut commettre en y allant l’effet, qui part d’un principe, tenant toûjours de la nature de son principe.

§. IV.

Mais la preuve de ce que je dis se fortifie beaucoup, par la nature de plusieurs piéces de théatre, qui font aujourd’huy le plus agréable divertissement des auditeurs ; car souvent, ou elles sont toutes bouffonnes, ou elles peuvent passer pour impies, estant une chose trop connuë, qu’on en a veü, qui tournoient toute la dévotion, & la pieté en ridicule.

Quoy ? cela seul ne suffit il pas, pour fuir le Théâtre, où l’on aprend tant de leçons de railleries, & d’impieté ? Mais aujourd’huy, comme je vous l’ay marqué tout au long dans l’Entretien du Cercle, presque tout le monde aime à railler, & à rire, aux dépens des bonnes mœurs, de la pureté, & de la Religion ; c’est l’esprit empoisonné du temps, qui se répand, & se glisse par tout ; on l’aime en soy, on l’aime dans les autres, & ceux qui sçavent mieux s’en aquitter, sont les plus aplaudis.

C’est aussi pour cela, que l’on court volontiers au théâtre, où l’on voit si bien faire ce personnage, & d’où l’on tire de si belles leçons : Theâtre mal-heureux, sur lequel on a veü naître de nos jours, quelque chose de pis, que ce qu’avoit celuy des Romains, où la pieté n’estoit pas tant décriée par les infidelles, qui l’ignoroient, qu’on l’a veuë l’estre aujourd’huy par des Chrêtiens, qui la connoissant, en ont fait leur fable & leur divertissement !

Et puis, Madame, vous penserez aprés cela, que le Théâtre peut estre bien innocent ?

§. V.

Mais, comme vous pourriez vous reretrancher, en me disant deux choses, & que ces piéces ne se joüent pas tous les jours, pour soüiller toûjours le Théâtre, & que toutes les personnes, qui ont plus de Christianisme, ont coûtume de s’en abstenir ; je vous l’accorde, quoy que cela se pourroit assez disputer.

Laissons donc ce Théatre infame & libertin, pour vous mettre hors de combat : Mais revenons aussi à ce Théatre, dont j’ay tantôt parlé, qui ne respire, que l’air de l’amour, qui en enseigne si délicatement toutes les leçons, & que vous voudriez bien justifier, disant que des bouffonneries impies ne s’y voyent point ; or sçachez, que celuy-cy n’est gueres moins dangereux, que l’autre.

Car n’est-ce pas là, que tres-souvent la jeunesse fait les prémiers naufrages de son innocence ? Elle, qui sans cela peût-être n’auroit jamais sçeü ce que c’est, que du mal, & qui n’en avoit, ny la pensée, ny les idées, le voyant alors si bien dépeint sur le Théatre avec toutes les couleurs, de la parole, d’une expression douce, & de la déclamation ; Elle, dis-je, commence à sortir de la sainte ignorance, où elle estoit, &, ce que la nature ne luy avoit pas encore apris, des Comediens, & des Comediennes le luy aprennent, comme les nouveaux Maîtres de son premier mal-heur.

Ce mêtier, apris à une si méchante école, étant secondé, par les inclinations naturelles, & ne laissant, que les idées d’une douceur efféminée, ce jeune homme, & cette jeune fille, commencent à mettre en pratique, ce qu’on leur a si bien enseigné sur le Théatre : L’innocence est attaquée, l’on aime sa foiblesse dans l’attaque, & en suite arrivent les grandes chûtes, à qui la comédie a donné les commencemens.

§. VI.

Elle n’est pas seulement à la jeunesse l’occasion de la perte de son ame ; mais il se peut dire, qu’elle est à presque tout le monde l’écüeil le plus dangereux de la chasteté : Il en est comme d’un vaisseau, qui estant déja tout fracassé, par le tempête, est réjetté encore parmi les bancs, & les rochers, pour achever d’avantage de se briser, en achevant son naufrage.

C’est ainsi, que la chasteté estant d’ailleurs tant interressée en toute manière, par de fréquens débris, trouve à la comédie, comme son dernier écüeil, où elle acheve de corrompre, & de perdre, ce qui pouvoit encore n’estre pas corrompu entierement, & où elle assure, & confirme dans sa corruption, ce qui l’estoit déjà depuis long-temps.

Car de penser, que parmi tant de charmes pour les yeux, & pour les oreilles, que présente le Théatre, l’on puisse y estre avec un cœur invulnérable, & une pureté toûjours exacte & délicate, c’est une idée, & tout ensemble une témérité, qui mérite, que l’on perde, ce que l’on prétend conserver.

§. VII.

Et quoy que je vous accordasse, que tous les inconveniens, que j’a y alleguez jusque icy, se pourroient contredire, en voicy néanmoins deux très-considérables, qui de vôtre aveü ne pourront pas asseurément se disputer.

Le prémier est, que toutes les personnes, qui fréquentent ces sortes de spectacles, ne peuvent avoir d’ordinaire aucun sentiment de pieté ; car ces bons sentiments, dont une ame peut estre touchée ne viennent, que des saintes pensées, dont auparavant elle a esté remplie ; & encore le cœur a-t’il bien de la peine à goûter les choses divines, quelque plénitude de connoissance, qui aîr pü précéder ; c’est sa dureté naturelle, c’est son fond de corruption, c’est son oposition à la pieté, qui fait tout cela.

Comment donc une personne, qui fréquente le Théatre, sera-t’elle capable d’aucun sentiment Chrêtien, ne remportant de là, qu’une teste pleine d’idées douces, & charmantes, & de toutes les passions foles, & imaginaires, que la déclamation d’un Comédien luy a pû representer ?

Toutes ces choses au contraire desseichent infiniment le cœur, & le rendent incapable de tous les mouvemens, que la grace y pourroir insurüer : Vous n’en pouvez pas doûter, Madame, si jamais vous avez aimé la comédie, comme vôtre ame alors a esté éloignée de la dévotion, pour laquelle vous n’aviez, qu’un extréme dégoût, parce que vous astiez toute pénétrée du dégoût de la comédie.

Or n’y eût-il que ce seul mal, n’est-il pas assez grand, pour renoncer au Théatre, de se voir comme rejettée de Dieu, par une insensibilité à tous les mouvemens d’une dévotion Chrétienne ?

§. VIII.

Mais le second invenient, qui ne soûfre non plus de difficulté, est bien plus grand ; je vous prie d’y faire attention.

Je ne diray pas, que c’est pécher mortellement, d’aller à la comédie ; mais je diray, qu’à plusieurs c’est péché mortel, d’y aller : La verité de cette proposition ne se prend pas simplement du spectacle, mais encore des dispositions particulieres de la personne,

Elle est, par exemple, d’un tempérament doux & très-sensible ; elle a un cœur, qui prend aussi-tôt feü ; l’imagination en est vive & forte, pour conserver la molesse, & l’impureté des images ; la volonté en est naturellement foible, & facile, pour se laisser aller à toutes ces representations ; elle a l’expérience de ces desordres secrets, qu’elle a plûtôt aimez, qu’elle n’a combatus.

Je dis là-dessus, qu’avec un tel fond de disposition, il est difficile, que cette personne aille à la comédie, sans pécher mortellement : Et combien en est-il, de celles, qu’on y voir, qui n’ayent une disposition semblable, ou naturelle, ou acquise ? Et ainsi, combien en est-il, à qui il est difficile d’aller à la comédie, qu’elles ne fassent des péchez mortels ? Les tempéramens gâtez, par la corruption du libertinage, prouvent assez, que cette disposition ne peut estre que trop commune.

Jugez sur ce pied, Madame, où vous en pourrez venir, si vous aimez le divertissement de la comédie.

§. IX.

Et après tout cela, n’est-il pas étonnant, que pour se jetter dans le danger de son salut, que pour perdre souvent son innocence, que pour pécher souvent mortellement, l’on aille à la comédie avec autant de chaleur, & de passion, qu’aux plus fameux Prédicateurs ; qu’on y trouve même plus de goût, & que l’on coure, comme au feü, à la nouveauté de quelque piéce ?

Ne se peut-il pas dire, que c’est le deshonneur de nôtre Religion, de voir, que très souvent le théatre de la comédie soit plus suivi, que la chaire de verité ? que tandis que des Prédicateurs de l’Evangile seront abandonnez, les Comédiens cependant ne manquent pas d’auditeurs, qui y vont en foüle ? & que la folie, & le mensonge soient plus écoutez, que la parole éternelle ? Estes-vous de ces aveugles, Madame ?

§. X.

Ce qui fait mieux voir encore l’indignité de ce grand desordre, c’est que l’on donnera plus d’argent une seule fois, pour une place, & pour une loge à la comédie, qu’on n’en donnera toute une année, pour avoir place au Sermon.

Cela est-il Chrétien ? Se souvient on de son caractére ? N’est-ce pas montrer le peü d’estime, qu’on fait de la parole de Dieu, en comparaison d’un théatre profane ? N’est-ce pas en quelque maniere donner l’avantage à un comédien, par dessus lès Députez, & les Ambassadeurs du Ciel ? Et n’est-ce pas comme acheter a prix d’argent ce qui est souvent le sujet, & la matiere de sa perte ?

Et à vous, Madame, vous puis-je demander, si vous n’avez pas ainsi quelquefois épargné le vôtre, pour les Sermons, sans l’épargner aucunement, afin de vous contenter du diverrissement de la comédie, si préjudiciable à vôtre ame ? Vous le sçavez.

§. XI.

Me direz vous maintenant, que l’on voit des personnes de bonne vie, & de bonnes mœurs, qui sans tant de façon vont à la comédie, comme les autres, & qu’ainsi l’on est fort justifié, quand on agit sur leur exemple ?

Ne vous fortifiez pas, Madame, de ce côté-là, car l’apuy, que vous prennez, est très-foible : Il faut plûtôt dire, que ces personnes, que l’on dit estre personnes de pieté, sont en cela méme scandaleuses, de se servir ainsi de la sainte profession, qu’elles font, pour autoriser le libertinage de leur divertissement.

Ce sont ces Dévotes, & ces Dévots, qui ne se veulent gesner en rien, & qui se veulent contenter en tout ; qui sont avec les mondains aux pieds du Théatre, & avec les plus saintes ames au pied du Crucifix ; Et qui ont coûtume de se tourner, selon toutes les rencontres, bonnes, & mauvaises.

Dites donc plûtôt, qu’elles vous sont un exemple de scandale, pour les fuïr, & non pas un exemple d’édification, pour les suivre, & les imiter.

§. XII.

Me direz-vous encore, qu’on en voit, qui estant consacrez à Dieu, ne font aucune difficulté de se trouver avec les seculiers, pour prendre le divertissement de la comédie ?

Hé ? mon Dieu, Madame, laissons là, je vous prie, cette partie si délicate de l’Eglise, sans la toucher rudement : Ces gens portent alors avec eux leur condamnation, sans que nous soyons obligez de parler ; nous ne devons avoir, que le silence, & le gémissement, respectant toûjours leur caractére ; nous n’avons qu’à baisser les yeux de honte, pour celle, qu’ils ne prennent pas, comme pour nous persüader, que nos yeux ne voyent pas, ce qu’ils voyent en effet ; Et je m’asseure, que vous-même, ayant l’esprit un peü Chrêtien, vous ne tirerez pas avantage d’un exemple, qui passe le scandale ordinaire, pour aller plus librement à la Comédie.

§, XIII.

Il me semble, qu’il ne vous reste plus rien à m’objecter sur cette matiere, si ce n’est, qu’aujourd’huy le Théatre est plus innocent, qu’il ne fût jamais, & que les pieces, qu’on y joüe, n’ont rien de cette indécence, qu’elles avoient autrefois.

C’est là justement, où je vous attendois ; Et moy je vous dis, Madame, qu’elles sont en quelque façon plus dangereuses à l’innocence, qu’elles n’estoient ; car autrefois l’innocence n’avoit garde d’en estre interressée, puis que les personnes, qui avoient un peü de conscience, fuyoient le Théatre, comme un lieu de scandale, & de péché, & qu’on n’y voyoit, que celles, qui avoient perdu la conscience, & la pudeur.

Mais aujourd’huy, sous ce prétexte trompeur, que le Théatre n’a plus rien, qui blesse ouvertement l’honnesteté, bien des ames innocentes y sont attirées, comme les autres, ne pensant, qu’a se donner simplement le divertissement d’un spectacle, que l’on dit estre maintenant innocent.

C’est à dire, Madame, que le poison est presenté avec bien de la douceur, & dans un vase d’or, & que ce qui avoit coûtume d’offenser les yeux & les oreilles, par une liberté trop effrontée, ayant esté banny du Théatre, on y a laissé l’air le plus doux, & le plus empoisonné de l’amour.

C’est l’apas, où sont pris ceux, qui au reste veulent le bien, mais qui veulent aussi avoir part aux plus agréables divertissemens du siecle ; Et c’est ainsi, que cette mal-heureuse réformation, engage plusieurs personnes de pieté dans un desordre, où l’on ne voyoit auparavant, que celles, qui avoient renoncé à la vertu.

Cela veut dire enfin, que ce n’estoir pas assez au Démon, que les gens d’une conscience toute perdue fussent à luy, par le scandale d’un Thêatre infame ; si ceux, que quelque pieté rend recommandables, n’en estoient faits encore les victimes, par le poison inspiré de l’amour, qu’un nouveau Théatre aprend aujourd’huy, plus modestement, mais aussi plus malicieusement, qu’il ne fist jamais.