(1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XV. Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui. » pp. 94-96
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(1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XV. Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui. » pp. 94-96

Chapitre XV.
Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui.

Il faut maintenant passer à la question de fait, et voir si les raisons qui rendent la danse criminelle, se rencontrent en celles qui se font maintenant. Commençons par celles qui paraissent avec plus d’évidence ; on ne peut donc pas douter, 1. Que les danses d’aujourd’hui ne soient déréglées et vicieuses, puisque ce sont des particuliers qui font ces assemblées de leur autorité privée, sans aucune raison qui regarde le bien commun ; mais par la seule inclination vers son propre plaisir.

2. On y voit un dérèglement manifeste touchant le mouvement et la disposition extérieure du corps ; car outre les nudités, qui sont des pièges tendus par le démon, et des pierres d’achoppement pour la pureté, il n’y a nulle modération dans cet exercice ; mais au contraire on y voit très souvent des agitations immodestes, et qui choquent l’honnêteté, et des postures qui ne sont propres qu’à produire des espèces dangereuses dans l’imagination, et à exciter des sentiments mauvais dans la chair. Il est vrai que les mouvements les plus extravagants, et les plus visiblement opposés à la vertu Chrétienne, se trouvent dans cette sorte de danses, qu’on appelle ordinairement des ballets, et qui se font par les rues et dans les places ; mais cela n’empêche pas que l’immodestie, et le désordre que l’on remarque dans les bals et dans les danses ordinaires touchant la seule composition du corps, ne soit un fondement raisonnable de juger que l’on ne peut y assister, et y prendre part sans péché mortel.

3. Y a-t-il rien de plus fréquent que ces vains exercices, desquels suivant la raison même naturelle, on ne devrait au moins user que très rarement ? On s’y occupe presque toutes les Fêtes, même publiquement, et à la campagne, et dans les villes ; et ce qui est plus insupportable, c’est dans ce saint temps, qui est depuis la fête de Noël jusques au Carême, qu’on s’y abandonne avec plus d’excès. Comment pourrait-on donc les justifier dans ce temps ?