(1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86
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(1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

CHAPITRE II.
Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses.

Un homme d’esprit, rédacteur d’un journal3, en parlant de l’ouvrage intitulé des Comédiens et du Clergé, s’exprime ainsi : « Voilà des mots comme disait Fontenelle, qui hurlent d’effroi de se trouver ensemble. » Puis le journaliste ajoute : « Et pourtant ils ne sont pas aussi étrangers l’un à l’autre qu’on le pense. »

L’éloquent Mirabeau, d’après Fontenelle sans doute, disait aussi que certaines expressions, hurlaient d’effroi, de se trouver accolées les unes aux autres.

Je suis donc entièrement de l’avis du journaliste que je viens de citer. Je pense encore que de pareils rapprochements en politique comme en religion, loin d’être irrespectueux et nuisibles à la religion et à l’Etat, sont au contraire dignes d’approbation et véritablement nécessaires, puisqu’ils tendent à la réforme d’abus intolérables. Ils doivent encore servir à opposer une digue salutaire à la corruption des mœurs du clergé, à l’intolérance religieuse et politique, ainsi qu’au fanatisme superstitieux, qui, dans le monde, a produit au nom d’un Dieu de paix et de miséricorde, tant de crimes, tant de cruautés qui font frémir l’humanité.

Il en est de même quand de pareilles allusions peuvent démasquer ces hypocrites ambitieux, qui se moquent intérieurement de la religion et en font une comédie.

Les comédiens ne sont donc pas dans le monde les seuls qui jouent la comédie. Que de bigots affectant le rigorisme et dont la religion ne consiste que dans une dévotion superstitieuse, se bornant à des pratiques vides de charité et croyant en imposer par des gestes et des grimaces ! Ils déguisent bien mal l’ambition qui les tourmente, leur passion dominante est le désir immodéré d’obtenir de l’autorité et du crédit, et d’amasser par tous les moyens, même les plus criminels, des richesses, objets de leurs vœux les plus ardents. Ils n’aiment la vertu que pour la réputation qu’elle donne. Ce ne sont enfin que de grands comédiens de religion et de vertu.

Il y a des tartufes dans tous les genres, et tous sont profondément corrompus. Il en est qui n’ont pas honte d’employer les expressions les plus respectables et les plus sacrées, pour abuser de la confiance des hommes faibles et de ceux qui par nonchalance, sont indifférents au mal comme au bien, de ceux enfin, qu’une fatale nécessité condamne au joug avilissant de la morale des intérêts.

Il semble aujourd’hui qu’on ne fasse plus attention au contraste néanmoins frappant qui existe entre les expressions, les titres et les qualifications les plus respectables et les plus sacrées, comparés aux choses et aux personnes qui en sont décorées. Si on voulait y réfléchir on y apercevrait des dissonances choquantes, qu’on pourrait en quelque sorte comparer à une espèce de hurlement et d’aboiement, d’autant plus remarquables, qu’ils tendraient à faire connaître les différentes nuances de l’hypocrisie et de la corruption du cœur humain. Du reste, je n’attache aucune importance à de pareilles expressions, chacun peut les considérer comme des jeux de mots d’assez mauvais goût.

Pourquoi donc, le titre du livre, des Comédiens et du Clergé, exciterait-il une si grande susceptibilité ? Ne l’ai-je pas suffisamment justifié au moyen des détails historiques les plus incontestables que j’ai présentés dans cet ouvrage ? Je vais enfin ajouter ici d’autres exemples du même genre qui viennent à l’appui de ce que j’ai avancé.

N’est-on pas en droit de demander si les dénominations et les qualifications, si dignes de respect : Pères de la foi…, Missionnaires…, en deviennent plus recommandables lorsqu’on sait qu’elles servent à désigner les membres qui composent ces jacobinières jésuitiques de Montrouge, de Saint-Acheul, etc., etc., qui inondent la France et qui ont des clubs correspondants en Suisse et dans tous les gouvernements qui sont assez imprévoyants et assez faibles pour se laisser mener et subjuguer par ces espèces de coteries religieuses qui sont autant de foyers d’intrigue et d’ambition ?

Ces sociétés secrètes, sont d’autant plus dangereuses, qu’affectant l’indépendance, sous le spécieux prétexte de se rendre utiles pour la propagation et l’affermissement de la religion catholique, elles refusent de faire connaître leurs constitutions et leurs règlements, non seulement aux gouvernements séculiers, mais encore à l’ordinaire des lieux, c’est-à-dire aux évêques dont ils prétendent décliner la juridiction ecclésiastique.

C’est ainsi que ces clubs du fanatisme jésuitique, exercent sous les noms de Congrégations, de Pères de la foi, de Missionnaires, l’intrigue et le brigandage, en exigeant des gouvernements et des particuliers, de fortes contributions à titre d’aumônes, de secours et de donations. Ils correspondent dans tous les pays et y portent le trouble, le désordre et l’anarchie.

Dans les Pays-Bas, des missionnaires jésuites s’y présentèrent dernièrement viles ut canes, et furent chassés. En Irlande, par leurs intrigues, ils y étaient déjà parvenus à lever la tête et s’y montrèrent astuti ut vulpes : mais y ayant été démasqués et après y avoir ruiné les intérêts et les espérances des catholiques, ils y sont redevenus aujourd’hui viles ut canes. En France, ils y sont déjà, astuti ut vulpes, leurs progrès y sont sensibles, déjà ils commencent à s’y montrer, à s’y nommer, et les plus impudents croient pouvoir quelquefois déposer pour quelques instants le masque de l’hypocrisie. Déjà encore ils y aboient avec quelques succès la création de nouvelles lois inquisitoriales. Mais, tremblez, Français !!! les Pères de la foi sont là !!! de tout côté ils promènent leurs regards enflammés. Bientôt ils se montreront, terribiles ut leones, et la lance en arrêt comme au temps de la ligue, époque d’horrible mémoire, ils se vengeront inquisitorialement de tous leurs ennemis. Avec quel plaisir, avec quelle complaisance ne rappellent-ils pas ces temps de malheurs si agréables pour eux, qui leur rappellent que leurs devanciers faisaient trembler les rois ! lisez plutôt leurs brochures modernes. L’un d’eux n’a-t-il pas eu l’impudeur d’en imprimer une ayant pour titre les Jésuites peints par Henri IV ? Cet écrivain a poussé l’insolence jusqu’à prétendre que ce grand Roi était l’ami des jésuites, et comme un lâche hypocrite, il ose citer les propres expressions de ce bon prince, tandis que notre écrivain jésuite sait bien lui-même que la crainte seule avait arraché de tels compliments de la bouche de ce monarque effrayé du crédit des jésuites, puisqu’il avait traité avec eux comme de puissance à puissance, et qu’il espérait les ramener vers lui par la douceur ; mais ce fut bien en vain qu’il crut adoucir ces tigres féroces, altérés du sang des Bourbons. Trois fois ils firent couler le sang de l’ami du peuple, du grand Henri IV ; et enfin un scélérat fanatisé par les doctrines régicides des jésuites, s’arma d’un poignard parricide et arracha la vie au meilleur des rois. Et l’écrivain éhonté que je viens de citer, ose le présenter comme l’ami des jésuites ! Il faut avouer que de pareils mots, jésuites et Henri IV, hurlent d’effroi de se trouver ensemble.

Les jésuites semblent impatients de commencer en France des scènes tragiques et cruelles, pareilles aux exécutions sanglantes qui signalent leur influence funeste en Espagne. On n’ose porter ses regards sur la Péninsule sans frémir d’horreur. C’est là que les factions monachiques et jésuitiques ultramontaines, sont gorgées de richesses, tandis que l’Etat est pauvre et la famille royale privée de finances. C’est là qu’après s’être emparés d’une grande partie des revenus du royaume, le clergé et les moines y exercent avec audace une puissance anarchique et déploient toute leur fureur religieuse. C’est là que tous les partis les plus opposés, mais tous également fanatisés par l’ignorance et la superstition, y sont armés les uns contre les autres sous les yeux d’un gouvernement paralysé. Tous les citoyens divisés sont aux prises et s’entr’égorgent, le sang coule de toute part. La division et la haine règnent dans toutes les familles, et cette discorde, soufflée par les prêtres et les jésuites, se propage malheureusement jusque dans le sein de l’auguste famille du souverain légitime, dont l’autorité méconnue ne lui laisse plus que des vœux impuissants à former pour le bonheur de son peuple.

Pour comble de malheur, on y voit des fanatiques soutenus par des moines, des prêtres, des chanoines et des évêques, et armés au nom d’un frère et d’un sujet, contre son frère et son roi légitime : mais on doit croire que ce frère désapprouve lui-même ce parti fanatique et rebelle, qui a l’audace d’oser porter le nom de Carliste.

Veut-on jeter un coup d’œil sur le Portugal, on y voit encore les traces des mêmes principes du fanatisme monacal et jésuitique. L’ultramontanisme y a fait également tous ses efforts pour y exciter le désordre et la rébellion en armant l’épouse contre son royal époux, et le fils contre son père et son roi. Mais heureusement une puissance, qui s’est placée dans le premier ordre, a comprimé ce volcan, qui est encore mal éteint ; elle a néanmoins déjà fait taire en Portugal tous les partis anarchiques et toutes les factions religieuses, monachiques, jésuitiques, catholiques, ultramontaines, etc., mais en agissant d’accord avec le souverain légitime.

On admire cette puissance éclairée, qui, depuis qu’elle s’est déclarée la protectrice des gouvernements opprimés et des peuples tyrannisés et massacrés, surpasse de bien loin tous les gouvernements de l’Europe dans l’art de gouverner, et principalement sous les rapports de la saine morale politique.

On voit le gouvernement britannique diminuer ses armées plutôt que de les augmenter, et cependant il trouve le secret de tenir à lui seul en échec la puissance colossale de la sainte alliance qui, par son impopularité, a apporté en naissant le germe de sa destruction. Cette sainte alliance si formidable, mais qui déjà perd de son énergie, ruine ses finances, s’exténue en entretenant d’innombrables armées immobiles, l’arme au bras, et n’ose agir.

On demandera peut-être l’explication de ce phénomène politique. La solution en est facile. Elle consiste dans ce peu de mots : Canning, en obéissant à son souverain, possède la confiance des peuples.

Tant que le premier ministre d’Angleterre méritera l’honorable confiance dont il est investi, ses succès sont assurés. C’est en effet en dédaignant le système stationnaire qu’il a pris son essor et qu’il a donné au gouvernement britannique une marche hardie et rapide. La justice et l’humanité qui y président font déjà oublier la vente odieuse de Parga d, ainsi que les excès de lord Maitlande, qui appartenaient à l’ancien ministère.

Canning, ami des progrès de la civilisation du monde, et en continuant d’employer le grand levier populaire de la confiance générale, réussira, il n’en faut pas douter, même dans l’entreprise si difficile et si épineuse de l’émancipation des Grecs.

Il paraît bien que ce grand homme d’Etat sait manier habilement ce levier politique, et comme un autre Archimède, il en connaît toute la puissance, et il a trouvé le point d’appui que demandait ce célèbre mathématicien : « Da mihi punctum, et terram movebo. »

Jamais le premier ministre d’Angleterre ne trahira cette confiance populaire qui fait toute sa force ; jamais il ne sera le défenseur de l’absolutisme ; jamais il ne protégera la superstition, ni le fanatisme ; jamais il ne favorisera le système inquisitorial. Jamais il ne permettrait que des troupes envoyées pour rétablir le bon ordre dans un pays, y restassent, comme en Espagne, dans une attitude honteuse, qui accuseraient les principes de ceux qui les ont envoyées. De braves militaires doivent-ils être spectateurs immobiles, d’horribles massacres dirigés par des moines et des jésuites, sans daigner s’interposer entre les assassins et les victimes ? doivent-ils être réduits au rôle de témoins coupables des crimes qui se passent sous leurs yeux ? doivent-ils, enfin, se trouver condamnés à sanctionner de leur présence l’anarchie, la rébellion, la vengeance, les massacres et les assassinats qui accablent aujourd’hui la malheureuse péninsule4 ? Non ! le ministère anglais ne sera jamais ni si maladroit, ni si absurde.

C’est donc au gouvernement anglais qui, tous les jours, déploie de plus en plus les principes d’une politique sage, éclairée et morale, qu’était réservée la noble mission d’enchaîner à Lisbonne la rébellion, le monachisme et le jésuitisme. Ce gouvernement, qui depuis longtemps n’est plus la dupe de l’ultramontanisme, est cependant parvenu à écarter les malheurs qui menaçaient les Portugais catholiques. Il s’est porté à cet acte d’humanité avec zèle et en dépit des malédictions et des anathèmes de la faction de ces fanatiques qui s’arrogent si audacieusement les beaux titres de pères de la foi et de missionnaires. Il faut bien en convenir, ces dénominations si respectables hurlent d’effroi de se trouver en si mauvaise compagnie.

Il n’est pas jusqu’à l’innocent congréganiste qui hurle d’effroi, de se voir enrégimenté parmi les vils espions du Vieux de la montagne f, de ce terrible inquisiteur, de cet impérieux général de toutes les congrégations de Loyolag, répandues dans l’univers.

Ces sociétés secrètes, sèment de toutes parts le désordre et l’anarchie. Elles exercent l’espionnage le plus odieux, mais le plus habilement combiné.

Les congréganistes répandus en grand nombre dans l’ordre social et principalement dans toutes les classes des agents du gouvernement, ont ordre de se surveiller les uns les autres et d’espionner tous ceux qu’ils fréquentent. C’est ainsi que l’espionnage devient général, il n’est aucun bureau qui en soit exempt, depuis celui du ministre jusqu’au bureau à tabac. Tous les lieux publics sont espionnés jésuitiquement, indépendamment de l’espionnage légitime de la police.

Il est encore un autre genre d’espionnage très étendu. C’est une espèce de commérage sous la direction de confesseurs curieux qui ont ordre de questionner adroitement les maris et les épouses, les enfants et les valets ; ils savent tout ce qui se passe dans l’intérieur des maisons et connaissent les actions et surtout la manière de penser de chaque particulier.

Les rapports de cette surveillance, aussi étendue qu’elle est minutieuse, aboutissent dans chaque pays à un centre commun, où des jésuites dévoués, d’après des instructions secrètes, sont chargés de faire des résumés fidèles qu’ils transmettent au monarque absolu des solipses, à ce fameux général des jésuites, résident à Romeh. Le pape lui-même, est dans la dépendance de ce roi des rois. Ce moine souverain s’assimile à la divinité. Il commande des séides dévoués, qui ont sous leurs ordres tant d’autres séides subalternes ! Ce puissant général, véritable monarque, est bien assuré d’être ponctuellement obéi de tous ses sujets, leur ordonnerait-il de commettre les plus grands crimes pour l’intérêt de la société de Jésus, et sous le spécieux prétexte de venger la religion ; au moindre signal, ils se permettraient, au nom d’un Dieu de paix et de miséricorde, d’assassiner ou d’empoisonner sans remords les souverains, les grands personnages et les particuliers les plus obscurs. Malheureusement cette horrible société n’en a fourni que de trop nombreux exemples !

Les principaux séides de ce Vieux de la montagne sont des espèces d’envoyés extraordinaires accrédités en divers pays, auprès des puissances étrangères qui sont assez simples et assez dupes, pour payer elles-mêmes les frais de ces sortes d’ambassades. Ces séides et leurs agents secrets, sont chargés d’espionner et de diriger les gouvernements, de régenter les souverains, de les punir et de s’en défaire même, lorsqu’ils sont indociles.

Ils tiennent également en tutelle les ministres d’état, qu’ils surveillent, nomment et changent à leur gré. Ceux-ci en devenant créatures de la société de Jésus, sont pour ainsi dire congréganistes obligés, ou jésuites de robe courtei. Ils ne peuvent se maintenir en place, qu’en se traînant à plat ventre, devant la puissance jésuitique qui les fait trembler. L’aveuglement ministériel est si grand que les hommes d’état ont l’imprévoyance et la faiblesse de fournir eux-mêmes, les armes les plus puissantes pour consolider l’esclavage, et river les chaînes des agents de la souveraineté. Le pire d’une position aussi humiliante, c’est que dans tous les gouvernements où les jésuites dominent, les ministres d’état y sont réduits à la dure nécessité de mettre en pratique les principes de corruption, qui sont si bien établis dans les constitutions, les règlements et les instructions publiques et secrètes de l’ordre monastico-politique des disciples de Loyola ! Ces ministres enfin, auxquels il est défendu d’avoir une conscience particulière, hurlent d’effroi d’être contraints, mais bien malgré eux, d’introduire trop souvent dans leurs opérations gouvernementales, une infâme morale astucieuse et machiavélique. Qu’on juge maintenant de l’asservissement pénible dans lequel gémissent tous les agents subalternes d’un gouvernement trop faible pour accorder aux magistrats cette noble indépendance, si nécessaire pour rendre la justice en matière politique et religieuse, et faire respecter les lois.

Ce n’est pas tout encore, les disciples de saint Ignace, ainsi que leurs partisans serviles, leurs écrivains soudoyés, leurs gazetiers salariés, tous d’après le principe d’hypocrisie dont ils sont prédominés, semblent avoir épuisé les dénominations et les expressions les plus sacrées et les plus vénérées, pour en décorer le titre de leurs journaux et de leurs gazettes ; combien ne voit-on pas d’Amis de la religion et du roi, qui ne professent que des principes anti-chrétiens et régicides !

Si on jette un coup d’œil, principalement sur leurs écrits périodiques en matière religieuse, on y trouve des intitulés respectables, qui hurlent d’effroi de servir de frontispice à des ouvrages qui, renfermant quelquefois du bon grain, sont néanmoins trop souvent infectés d’ivraie.

C’est là, qu’un vil écrivain, profondément corrompu, vénal et honteusement protégé, soudoyé et honoré par la théocratie jésuitique, a osé hurler effrontément, les mots atroces rigueurs salutaires, pour justifier l’assassinat des protestants et de tous les hérétiques, et pour préconiser enfin toutes les Saint-Barthélemy religieuses et politiques.

C’est d’après ce principe si odieux, qu’un jeune étudiant irréprochable, fut assassiné au milieu de la foule, par un coup de fusil tiré au hasard, qui aurait pu tuer tout autre individu. Le même principe encore, fit mitrailler le peuple à Cadix et massacrer d’innocents écoliers à Pavie.

Combien ne voit-on pas d’écrivains jésuitisés, qui, inspirés par l’orgueil le plus hautain, n’ont pas honte de fouler à leurs pieds, la charité et l’humilité chrétiennes, en distillant le venin de leurs plumes empoisonnées, et en produisant des ouvrages qui semblent écrits sous la dictée des furies ! Ils n’y respirent que vengeance, que sang et carnage. Ils y appellent à grands cris ou plutôt par des hurlements épouvantables, la persécution, l’inquisition, et tous les fléaux qui sont la conséquence de l’intolérance théocratique. Ils veulent qu’on ne gouverne les peuples que par la terreur et la violence, et ils n’aspirent qu’après les exécutions sanguinaires de la sainte inquisition, tandis que ces deux dernières expressions hurlent d’effroi, de servir de mot de ralliement aux bourreaux théocrates, altérés de sang humain.

On voit encore un abbé5 j qui prostitue son talent équivoque dans l’art d’écrire, pour la défense du jésuitisme impur. Il déshonore ses écrits par des principes anarchiques en politique et par des doctrines dangereuses pour la religion chrétienne, dont il ébranle, dont il renverse tous les supports et détruit toutes les preuves. Plusieurs savants écrivains, aussi religieux que profonds, ont démontré d’une manière évidente ce que je viens d’avancer ; et s’il est nécessaire, j’en présenterai un jour l’extrait, accompagné de réflexions.

Les éloquents ouvrages de cet auteur atrabilaire, que ses aveugles admirateurs nous proposent comme ceux d’un père de l’église, sont néanmoins remplis d’inconvenances et d’expressions de mauvais goût. Un si puissant athlète, méritait bien d’être agrégé dans les jacobinières jésuitiques ; aussi y a-t-il joué un rôle, et obtenu un rang distingué : Montrouge, en effet, lui décerna l’important emploi d’inspecteur-général des clubs ignaciens en Suisse. On l’a vu traversant avec la rapidité de l’éclair, les montagnes de l’Helvétie, et de là, postillonnant vers la capitale du monde chrétien. Il arriva à Rome, où, avant de rendre ses hommages au saint père, il alla se présenter humblement devant le grand monarque des solipses k, pour lui rendre compte de l’importante mission de Berne.

C’est dans les écrits de ce missionnaire si zélé que l’auteur inspiré par le jésuitisme le plus effréné, se débat et hurle comme un énergumène dans ses longues diatribes. Il y accuse d’athéisme et d’indifférence pour la religion, quiconque n’est pas de son avis. Il y injurie sans ménagement, les gouvernements, les souverains et les ministres d’état.

Ce n’est pas le zèle de la morale chrétienne ni de la charité évangélique, qui inspire tant de rigueurs à cet apôtre du jésuitisme, car il voudrait comme un autre Mahomet, protéger et propager par le fer et par le feu, les pratiques du culte divin.

Ce qu’il y a de remarquable, est que cet abbé véritablement anti-chrétien, ainsi qu’on pourrait le prouver si facilement, y réclame spécialement, mais avec humeur, les biens de ce bas monde en faveur de l’église. A l’entendre, on dirait que le clergé, tenant en main les foudres de l’église, ne cesse d’aboyer après son indemnité ; tandis qu’il est bien prouvé qu’aujourd’hui, ce même clergé prélève annuellement plus de cent millions sur la France. Cette évaluation ne paraîtra pas exagérée, si indépendamment de plus de trente millions par an, payés par le gouvernement, on met en ligne de compte tout ce que les évêques et les prêtres dans les départements, reçoivent des communes et des particuliers, pour leurs établissements et pour l’administration des sacrements, sans compter les donations testamentaires qui se multiplient progressivement toutes les années.

Ah ! quel malheur, si on rendait aux prêtres et aux moines, les biens corrupteurs dont ils firent si mauvais usage ; dont autrefois ils s’emparèrent si frauduleusement dans les temps de barbarie, d’ignorance et de superstition, en abusant de la crédulité des peuples, et en spoliant trop souvent l’homme sans crédit, la veuve et l’orphelin ! De nos jours même, nous en voyons quelques exemples, car plus d’un ministre du culte, abusant de l’ascendant que la religion lui donne sur les esprits faibles et crédules, accumule chaque année, par la voie de legs pieux en faveur de gens de mainmorte l, d’immenses richesses, dont la progression serait effrayante, si le gouvernement n’y mettait ordre.

Voudrait-on rouvrir cette source d’abus qui mit de si grands biens à la disposition des prêtres, et qui fit jadis tant de mal à l’Etat et à la religion ? Qu’on réfléchisse donc aux désordres que les prêtres et les moines produisent aujourd’hui en Espagne, par le mauvais emploi de leurs richesses. Ne supposons donc pas que des rois seraient assez influencés et assez effrayés par l’impudence jésuitique, au point de se déterminer à enrichir de plus en plus l’autel aux dépens des sueurs du peuple, et ruiner l’Etat à coups de milliards.

Cette dernière expression n’a-t-elle pas aussi son genre d’éloquence ? Il faut le demander à ce brillant écrivain, homme d’Etat qui, d’un seul trait de plume, jugea sans appel, à mon avis, un grand personnage qui jadis fut si épris du pouvoir absolu. Autant qu’il m’en souvient, c’est M. de Châteaubriand qui a dit de Napoléon, que ce grand capitaine gagnait ses victoires à coups de générations.

Bonaparte, malheureusement pour lui, dédaigna trop souvent l’opinion publique, et il n’en disparut que plus promptement de la scène du monde. Doué d’un génie peu ordinaire, il était néanmoins atteint de la folie de la monarchie universelle. D’autres souverains et d’autres conquérants, non moins ambitieux, aspirèrent également, mais en vain, de parvenir à ce genre de monarchie idéale.

Napoléon, ce souverain improvisé, dont les victoires éclatantes restèrent toujours sans résultat, passa comme l’ombre et bientôt il sera presque oublié. Il ne sut qu’un instant garder sa couronne. Il aurait pu la transmettre à sa race ; mais deux lustres à peine ne suffisent pas pour consolider un trône. Napoléon n’avait pas usurpé la couronne sur l’auguste dynastie destinée à faire le bonheur des Français, car il ramassa les rênes du gouvernement tandis qu’elles étaient flottantes et égarées entre des mains malhabiles, mais cependant en possession d’une souveraineté de fait.

L’usurpateur du directoire, semblait ne pas avoir de plan fixe ni de but déterminé. On est autorisé à en juger ainsi d’après ses projets insensés, qui, à force d’être gigantesques, immodérés, et mal dirigés, du moins vers la fin de son règne, se rapetissent en disparaissant presque aussitôt qu’ils ont été conçus.

Oppresseur de la liberté, Bonaparte n’en caressa le fantôme que pour mieux déguiser son ambition démesurée. Pouvait-il jamais devenir le prêtre fidèle du culte de cette divinité chérie de tous les peuples ? Il n’en connaissait pas le prix et ne fut pas digne d’en être inspiré. Qui l’aurait cru ? ce fut de son plein gré, sans y bien réfléchir, qu’il se constitua si imprudemment prisonnier, et qu’il présenta ses mains pour recevoir des chaînes de ceux-là mêmes qu’il avait offensés. Il ignorait donc le cœur humain ? A quoi donc lui servit son génie et son esprit ? Sur l’extrême déclin de sa carrière, il s’est montré médiocre dans l’adversité, car il fut assez simple, ou plutôt assez aveugle, pour ne pas pressentir la dure et inévitable réclusion qu’il a subie jusqu’à la fin de ses jours.

Lorsqu’on critique les plus fameux personnages, on est plus exigeant envers le grand génie qu’envers les autres hommes. Si donc je me suis occupé de faire ressortir ici les défauts du grand Napoléon, c’est que mon plan n’était pas d’en composer un portrait complet et achevé, je n’avais besoin que d’en faire une esquisse prise sous un point de vue particulier, et je ne suis pas assez injuste pour vouloir atténuer ou obscurcir tout ce que tant d’écrivains plus habiles que moi ont mis au jour, sur les grandes qualités et les grandes actions de cet homme à jamais célèbre. Si je réalise le projet que j’ai formé de donner aussi une biographie de Bonaparte, j’aurai soin, sans doute, que les ombres, si nécessaires à la perfection d’un tableau, y soient ménagées de manière qu’elles puissent servir à faire valoir les traits saillants qui méritent le plus grand jour. Je l’envisagerai sous différents aspects qui ont été, ce me semble, négligés.

Je vais, en attendant, terminer mon esquisse sous le point de vue dans lequel j’ai placé le portrait que j’ai voulu faire connaître, et dont j’ai été à portée d’observer l’original, par moi-même et de très près, pendant plusieurs années.

J’ai donc bien aperçu que la raison de ce grand homme fut trop souvent la dupe de son imagination quelquefois déréglée. Il était enfin livré à une agitation pour ainsi dire perpétuelle, et qui, je le présume, tenait autant à sa constitution physique qu’à son moral. Toujours inquiet, quelquefois bizarre, il fatiguait ses généraux enrichis, qui n’aspiraient qu’au repos pour jouir en paix des aises de la vie. Si ce grand capitaine a pu être un composé d’Alexandre-le-Grand, et de Charles XII, il fut au-dessous de César, qui, se proposant aussi de conquérir le pouvoir souverain, qu’il voulait fixer entre ses mains, attira (comme le dit Tacite) tous les ordres de l’Etat, par les douceurs du repos. « Cunctos dulcedine otii pellexit. » (C.C. Tacitus.)

Napoléon sentit qu’avec le pouvoir absolu, on pouvait faire de grandes choses, et que les empires avec de grandes armées, prospéraient toujours avec une volonté unique et ferme. Doué de cette forte volonté, et après avoir entrepris de grandes choses avec quelques succès, il n’a plus mis de bornes à son ambition, et il voulut entreprendre des choses encore plus grandes. L’opinion publique, pour ainsi dire pervertie par l’influence de Bonaparte, semblait, sous son règne, admettre aussi que la monarchie absolue était le meilleur de tous les gouvernements. Quoi qu’il en soit, personne ne peut nier que cette opinion ne soit celle du jésuitisme. Cette opinion, cependant, est erronée, malgré les avantages qu’on attribue au pouvoir absolu.

Avant de combattre cette opinion je dirai que les conséquences qui en résultent ne prouvent que trop combien les gouvernements absolus, depuis l’antiquité la plus reculée jusqu’à présent, ont toujours produit et sans doute produiront toujours des abus multipliés, des injustices révoltantes et impunies, ainsi que des révolutions anarchiques, accompagnées d’attentats et d’atrocités de tous genres.

Le pouvoir absolu, ennemi irréconciliable de la liberté et des droits imprescriptibles et inaliénables des peuples, est nécessairement basé sur l’immoralité politique et se trouve dans un état perpétuel de fausseté et de mauvaise foi. Il est encore essentiellement opposé au progrès des lumières parmi le peuple, ce qui a été déjà prouvé.

Cette manière de penser et d’agir est précisément l’opinion de la théocratie et par conséquent des jésuites, ainsi que nous venons de le dire. On ne doit pas en être étonné, puisque le gouvernement absolu dérive en ligne directe du gouvernement théocratique. C’est la théocratie et il n’en faut pas douter, qui tous les jours conseille aux gouvernements de faire tous leurs efforts, ou pour conquérir ou pour augmenter et conserver le pouvoir absolu qui est l’objet de leurs vœux les plus ardents.

Personne n’ignore aujourd’hui que le gouvernement purement théocratique fut toujours au plus haut degré l’autorité la plus absolue, la plus arbitraire, la plus despotique, la plus tyrannique, la plus intolérante et la plus inhumaine. Ce gouvernement est si détestable qu’il n’a jamais pu se maintenir dans aucun temps, dans aucun pays, à cause de l’excès que signalent sa corruption et son immoralité ; et d’ailleurs la vengeance implacable et cruelle qui le caractérise a toujours provoqué sa ruine.

Les Hébreux et l’inquisition, à des époques bien différentes, en offrent les preuves les plus convaincantes. Chez les Juifs, des juges théocrates et absolus gouvernaient despotiquement les Israélites. Ils poussèrent le peuple à bout et l’obligèrent à secouer le joug absurde et inhumain de leurs prêtres souverains. Cependant jamais siècle ne fut plus fécond en miracles. Quant à l’inquisition, d’horrible mémoire, on se souvient encore des atrocités du saint office où des prêtres sanguinaires, juges et parties, condamnaient des hérétiques à être brûlés vifs.

Le raisonnement de dire que le pouvoir absolu peut faire de grandes choses au moyen d’une volonté forte et unique, n’est captieux et séduisant que pour les partisans entêtés, aveugles et ignorants de ce même pouvoir absolu. Il est trop facile de démontrer que cette volonté forte et unique d’un seul homme, lorsqu’elle n’est pas tempérée par des contrepoids politiques, peut ruiner l’état et renverser le souverain lui-même. Cette volonté forte, en proie à ses propres caprices, ainsi qu’aux influences funestes de l’esprit de parti qui cherche à l’égarer, renferme toujours un germe de la destruction et toujours opère beaucoup plus souvent le mal que le bien.

On sent que les exemples ne manqueraient pas pour venir à l’appui de ce que je viens de dire. Car si on veut citer les grands conquérants qui opérèrent de si grandes choses, on répondra que, c’est précisément pour les empêcher d’opérer des choses si grandes, qu’on doit enchaîner ces fléaux de l’humanité et qu’on voudrait leur refuser cette autorité absolue.

Tous ces grands conquérants, si épris d’une vaine célébrité, abusèrent tous de leur autorité absolue, et toujours ils firent le malheur également du peuple oppresseur et du peuple opprimé. Ils voyaient sans effroi leur renommée s’agrandir en sacrifiant des milliers d’hommes qu’ils immolaient dans les combats. Ces fameux guerriers n’avaient souvent que des vertus factices. Ils n’étaient que des comédiens, remplissant des rôles d’acteurs sur le théâtre du monde. On les y a toujours vus en scène, jouant la comédie ; généreux par intérêt et spoliateurs par inclination, ils ont pour principe de partager les dépouilles de leurs victimes avec leurs Séides les plus dévoués. Peu importe à un tyran de dévaster une province pour faire la fortune d’un favori ou d’une maîtresse. On peut en raconter tout à la fois des traits de clémence et de cruauté : en effet le fanatisme de la gloire les rend toujours altérés de la soif de l’or et insatiables de sang humain.

Qu’on ne nous vante donc plus ces souverains, ces conquérants, ces grands dévastateurs, dont l’autorité absolue eut toujours une tendance invincible à dépeupler le monde et à reconduire les nations vers la barbarie ; presque toujours ils furent un organe de malheurs pour leurs sujets et pour eux-mêmes.

Les plus grands ennemis des souverains sont les adulateurs et les prêtres qui leur souhaitent le pouvoir absolu, qui leur conseillent de se mettre au-dessus des lois et de déchirer les chartes ou les constitutions qui sont les pactes tutélaires des droits du souverain et du peuple.

Le grand Washington et le célèbre Bolivar, libérateur, tant que ce dernier marchera sur les traces du premier, mériteront à jamais la reconnaissance et la vénération des peuples opprimés qu’ils délivrèrent. On rit de pitié en apercevant les petitesses pleines de méchancetés de l’implacable jésuitisme, qui à Rouen a si mal accueilli le retour de l’illustre La Fayette, compagnon de Washington. Ce héros en est bien dédommagé par les vœux de onze millions d’hommes libres, qui naguères l’entouraient en lui offrant des hommages respectueux, accompagnés des accents de la plus tendre reconnaissance. Le nom de La Fayette passera plein de gloire jusqu’aux générations les plus reculées, à côté des noms immortels des Washington et des Bolivar.

Je préfère Washington libérateur, à Napoléon conquérant, et je repousse avec indignation le nom d’Iturbide, de cet empereur éphémère, qui parut et disparut pour ainsi dire au même instant, et qui après avoir juré une constitution la viola aussitôt en s’emparant de l’autorité absolue et en opprimant ses concitoyens qu’il entassait déjà dans des prisons d’état.

Le beau nom de libérateur fera désormais pâlir celui d’empereur et de conquérant ; si Washington soutint la guerre par nécessité, Napoléon la fit par manie. Tous deux généraux habiles eurent cela de commun, qu’ils commencèrent la guerre sans argent, sans munitions, sans magasins. Mais le premier, fidèle à sa patrie, à ses concitoyens, ne se laissa point enivrer à la coupe du pouvoir, tandis que l’autre accoutumé à commander à des soldats, n’eut pas assez de vertu pour résister à la tentation de commander en despote à des citoyens. S’il eut de grandes qualités, il n’aima jamais la liberté et versa inutilement des torrents de sang humain pour assouvir son ambition déréglée.

L’illustre écrivain, homme d’état et homme de lettres, que j’ai déjà cité (page 74), a donc eu raison de dire avec une sorte d’éloquence, et je le répète, que ce guerrier si prodigue du sang de ses propres soldats gagnait ses batailles à coups de générations ou à coups d’hommes, autant que je puis m’en souvenir, car je n’ai pas sous les yeux l’ouvrage dont j’ai tiré cette citation.

De pareilles expressions, qui au moment où on les entend prononcer pour la première fois, produisent une forte sensation lorsqu’on y réfléchit profondément, m’en rappellent encore une autre qui n’a jamais été consignée, que je sache, dans aucun écrit ; cette expression ou ce jeu de mots si on veut, offre également d’un seul coup de pinceau le tableau effrayant des malheurs de la campagne de Napoléon à Moscou. Celui auquel on l’attribue, écrivain zélé du parti religieux, et académicien par ordonnance, a dit en parlant de l’expédition de Russie, que l’armée avait été engloutie dans un tombeau de cinq cents lieues de long, après une agonie de soixante jours.

On cite en effet un rapport officiel du ministre de la police générale de Russie, en date du 17 mai 1813, qui porte à deux cent quarante-trois mille six cent dix cadavres d’hommes, et cent vingt-trois mille cent trente-trois de chevaux trouvés le long de la route de Moscou, dans les bois et dans les champs, dont la recherche fut faite par ordre de l’empereur de Russie, au printemps qui suivit l’incendie de cette ancienne capitale de la Russie. Ce nombre de cadavres comprenait sans doute ceux des deux nations en guerre l’une contre l’autre. Ce nombre des victimes d’une expédition aussi follement entreprise s’augmenta encore de tous les soldats français, morts dans les hôpitaux et tout le long des routes, en revenant en France.

D’autres calculs portent à quatorze cent mille hommes, le nombre des soldats morts sous les drapeaux de Napoléon, pendant l’espace de seize mois, vers la même époque dont nous venons de parler, et on évalue enfin à plus de cinq millions de Français le nombre des militaires qui périrent pendant les onze années du règne de Bonaparte. Tels sont les effets du pouvoir absolu !!…