(1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VIII. De la Mascarade. » p. 196
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(1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VIII. De la Mascarade. » p. 196

Chapitre VIII.

De la Mascarade.

C’ est un genre de Spectacle, qui ne consiste qu’en une seule & simple representation. Il n’est pas question de mouvement, comme au Balet, de dexterité comme au Bal, ny de Jeu comme au Carosel. Il ne s’agit que de bien exprimer ce que ce que l’on represente, d’estre vestu & masqué si juste, qu’au premier aspect on reconnoisse ce que vous voulez representer.

Cet unique soin ne laisse pas de dépendre également de ces generales rigueurs que nous rebatons si souvent. Car si la justesse & le déssein y sont oubliez ; si le raport des parties avec le tout n’y est exactement observé ; enfin, si le jugement ne regne par tout, quelque beauté que la rencontre, le temps, le soin, & la dépense, puissent aporter à ces divertissements, l’extravagance n’en est point plus excusée, & le plaisir en est beaucoup diminué.

Il faut donc pour faire une Mascarade, entenduë, galante, & purgée de toute indecence, faire un dessein & former un sujet dont l’Idée s’estende à plusieurs objets sensibles, ou du moins connus ou connoissables, sous des formes sensibles. Par exemple, la Mascarade des Enseignes de Paris. On peut parfaitement bien exprimer le Lion d’or, la Femme sans teste, &c. Distinguer si l’on veut le nombre des Masques par Quartier, par Ruë : & où il y auroit des Fontaines, les marquer dans des Chariots, & les faire jetter tout le long de la Marche. Ainsi toutes ces differentes choses ne laissent pas de faire un certain tout de raport qui plaist à la raison, & qui ne couste à l’intelligence, que la notion de l’Idée generale, & dans le détail que la simple operation des sens.