(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVII »
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(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVII »

Chapitre LXVII

Ces gens-ci sont extrêmement portés au tapage. Ils se mettent en colère pour fort peu de chose et se calment de même. Le bas peuple n’a aucune espèce d’éducation. Ce sont les hommes de la nature. (Tout ce paragraphe est d’un véritable observateur et très juste. L’auteur napolitain n’a pas pu parler du goût du peuple pour toute espèce de vol domestique, goût qui les a rendus la fable de toute l’Italie. — Le principe est toujours le même : jouir sans travailler, par conséquent dérober pour jouir. Il faudrait des voleurs pour deviner les ruses, le génie qu’ils déploient pour voler 10 sous. Ceci s’applique plus particulièrement à Naples. (L.)

Une certaine rudesse inculte se fait sentir jusque dans les premières classes de la société. Le peuple va armé de couteaux. On lui trouve un air frappant de vilité et de bassesse. Dans les discours comme dans les actions, tout est humilité. Les Napolitains étant sans éducation sont aussi sans hypocrisie. Ils adorent leur pays et ne voyagent pas. Les artisans mangent tout ce qu’ils gagnent et, dans leur vieillesse, se font mendiants, manière de vivre que la frugalité naturelle au pays et le grand nombre de distributions qu’on fait aux pauvres, rend assez commode. On dit que les crimes n’ont pas ici un caractère atroce et qu’on ne compte pas plus de 40 meurtres par an.

La langue du peuple paraît criarde d’abord et grossière ; elle est énergique et expressive comme tous les patois : mais elle a des grâces particulières. Elle semble avoir été créée pour faire rire. Beaucoup d’ouvrages sont écrits dans cette langue.

Les divers quartiers ont des dialectes, comme il est naturel de l’attendre d’un peuple plein de vie, pour lequel la religion n’est pas un frein, mais une passion, qui n’est presque gêné par aucune loi et qui est plein de naturel. (Toute cette relation est bien froide, comparée à ce que j’ai senti en 1811-1813.)