(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 230, 15 janvier 1907 »
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(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 230, 15 janvier 1907 »

Tome LXV, numéro 230, 15 janvier 1907

Échos.
Segantini et l’Italie

Tome LXV, numéro 230, 15 janvier 1907, p. 380-384 [382].

On sait que l’Autriche dispute à l’Italie la gloire d’avoir donné naissance au grand peintre des Alpes. Segantini, qui était né à Arco (Autriche), est mort sur le Schafberg, en Engadine. Et tandis que l’Autriche honore de son mieux la mémoire de Segantini, l’Italie s’en désintéresse complètement, et n’a jamais voulu acheter le célèbre Triptyque qui est la dernière œuvre et le chef-d’œuvre du grand maître impressionniste. Cependant elle aurait pu, en l’achetant, enrichir admirablement le tout récent musée du Château des Sforza, à Milan, se souvenant que Segantini était allé dans cette ville, à l’âge de quatorze ans, en petit ouvrier vagabond, et qu’il y avait longtemps vécu et considérablement travaillé.

Le triptyque de Segantini, que quelques artistes italiens espéraient faire entrer en Italie, vient d’être mutilé et dispersé. Grâce aux 200 000 francs que le prince de Wagram a payés pour la partie centrale : nous l’aurons bientôt à Paris, dans la galerie du Prince. Trois autres tableaux de Segantini ont été vendus à des étrangers, qui les emporteront à Budapest et à Vienne. En Italie il ne reste presque plus rien d’important de Segantini, sans conteste le seul peintre italien moderne vraiment digne de sa gloire.