(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LX »
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(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LX »

Chapitre LX

On met au premier rang des musiciens non inventeurs Vinci, le père de ceux qui ont écrit pour la théorie. Son grand mérite est d’unir l’expression la plus vive à la connaissance la plus profonde du contrepoint. Son chef-d’œuvre est l’Artaxerce de Metastaso. Il mourut en 1732, à la fleur de l’âge, et, à ce qu’on dit, par l’effet du poison.

Jean-Baptiste Iesi était né à Pergola, dans la Marche, ce qui le fit appeler Pergolèse. Il dit que Pergolèse est mort à 25 ans, by the Pox. C’est un sot, mais il nomme à peine Paisiello, Guglielmi et Anfossi. Il beugle en 1803 sur la décadence de l’art. Il a raison. L. Durante fut son maître et il mourut à 25 ans. Vous connaissez ce grand homme. Ses chefs-d’œuvre sont : le Stabat Mater, l’air se cerca se dur, de l’Olimpiade et la servante maîtresse, dans le genre bouffon. Le père Martini a dit que Pergolèse était porté naturellement au genre buffo, et qu’il a des motifs gais jusque dans le Stabat Mater. — Hasse, appelé il Sassone, fut élève d’Alexandre Scarlatti. — Jomeli naquit à Averse et mourut en 1775. Il a montré un génie étendu. Le Miserere et le Benedictus sont ses plus beaux ouvrages, dans la manière noble et simple ; l’Armide et l’Iphigénie, ce qu’il a fait de mieux pour le théâtre. — Gluck se forma à Naples. On sait que son genre n’est pas l’expression. Ses ouvrages sont pompeux et magnifiques et m’ennuient. David Perez, né à Naples, a composé un Credo qui se chante encore dans l’Église des Pères de l’Oratoire, à certaines solennités, et l’on va l’entendre.

Traeta fut le maître de Sachini. Il eut plus d’art que son élève qui passa pour avoir eu plus de génie. Le caractère de Sachini est une facilité aimable. On distingue parmi ses compositions série le récitatif Berenice : che fai, avec l’air qui le suit. — Bach, né en Allemagne, fut élevé à Naples. On l’aime à cause de la tendresse qui anime ses compositions. La musique qu’il fit sur le duo : Se mai più saro geloso paraît avec avantage au milieu de celles que les plus excellents maîtres ont composées sur ces paroles. Bach a particulièrement bien réussi à exprimer l’ironie. Tous ces musiciens moururent vers 1780. — Piccini a été le rival de Jomelli, dans la manière noble ; on ne peut rien préférer à son duo : Fra, queste ombre miste o cara ! Peut-être doit-on le regarder comme le fondateur du théâtre Buffa actuel. — Paisiello, Guglielmi et Anfossi sont ceux de ses disciples qui ont eu un nom. (Il ne parle pas de Cimarosa !… C’est qu’en 1803 il ne fallait pas le nommer à Naples.)