(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 250, 15 novembre 1907 »
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(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 250, 15 novembre 1907 »

Tome LXX, numéro 250, 15 novembre 1907

Art moderne

Tome LXX, numéro 250, 15 novembre 1907, p. 345-348 [345-346, 348].

Les Divisionnistes italiens (Cours la Reine)

L’exposition des Divisionnistes italiens, organisée par M. Grubecy, le collectionneur milanais, fut une manifestation considérable. Historiquement à la suite des impressionnistes français, les impressionnistes italiens ne négligent aucun moyen de se distinguer de leurs devanciers : d’où cette étiquette, « divisionnistes », qui n’est pas heureuse. « Impressionnisme » a le grand avantage de ne rien signifier : quoi de mieux qu’une « mesure verbale pour rien » qui permet, dans ce demi-silence, à tous les esprits de s’entendre, à toutes les compréhensions de se rencontrer ? Il est absent des dictionnaires, le mot qui dirait la chose, le mot propre. Et il s’en faut que la division du ton, visée par le titre italien, désigne tout l’impressionnisme ni même ce qu’il y a de plus précieux dans l’impressionnisme. Ce titre a, d’autre part, une vague couleur scientificarde, qui inquiète, et, dans cette critique, je sous-entends plus ou pis qu’une pure querelle de mots. Il est, du reste, assez évident que plusieurs des exposants, et non les moindres, protestent par la nature de leur talent contre le sens tendancieusement collectif et global du titre : et je constate qu’au-delà comme en deçà des Apennins il n’est guère en art, malgré les vœux nationalistes, que des ambitions et des réalisations individuelles. — On en trouve ici de fort intéressantes : le vieux Segantini, qui garde notre estime sans appeler notre enthousiasme ; Carlo Fornara, réaliste qui pense à l’interprétation de la nature, tempérament bien latin : il fait, en quelque sorte, du Segantini à rebours, élargissant une écriture aux débuts plus serrée et maintenant très personnelle ; Previati, point du tout impressionniste, retenu par les conventions anciennes et qui n’a pas encore abdiqué l’inexpressive allégorie ; les sculpteurs Bogatti, animalier, et André Otti, tous deux en quête de l’expression intense, tous deux excellents caractéristes.

Rosso au Luxembourg

Deux œuvres de Rosso viennent d’être acquises pour le Musée du Luxembourg. Est-ce le moment de me souvenir que j’ai des premiers défendu cet artiste, alors qu’on lui résistait ? La joie nous suffise de la cause gagnée, du triomphe mérité ; récompense, où puiser de nouvelles forces d’espérer et de vouloir d’autres actes de justice.

Musées et collections.
Dispersion de la collection Rodolphe Kann [extraits]

[…] On aurait peut-être pu retenir quelqu’un des merveilleux Rembrandt qu’étaient le Portrait de Titus, le Portrait d’un savant, le Christ et la Samaritaine, ou le suave profil de Giovanna Tornabuoni par Ghirlandajo, ou l’Escarpolette de Fragonard, sans doute le chef-d’œuvre de ce peintre. […] — Parmi les primitifs italiens et flamands, outre le Ghirlandajo mentionné plus haut, on admirait, présentés dans un cadre exquis, des fresques de Luini, des tableaux de Benozzo Gozzoli, Andrea del Castagno, Giovanni Bellini, Dirk Bouts, Rogier van der Weyden, Memling, Gérard David, etc. — L’Italie du xviiie  siècle était représentée par des Tiepolo et des Guardi […] M. Pierpont-Morgan a acquis plus d’un million le Portrait de Giovanna Tornabuoni. […]