(1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. De la Vraisemblance. » pp. 434-445
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(1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. De la Vraisemblance. » pp. 434-445

CHAPITRE XXVI.
De la Vraisemblance.

La vraisemblance est le fondement de toutes les pieces de théâtre ; elle est le caractere général auquel on doit reconnoître un bon & un mauvais Drame. La vraisemblance est l’essence d’une comédie sur-tout ; & sans elle, je défie un Poëte comique de faire dire ou d’amener quelque chose de raisonnable sur la scene.

On doit bien se garder de confondre le vrai avec le vraisemblable ; il y a très grande différence de l’un à l’autre : aussi n’est-ce pas sur le vrai qu’il faut imaginer, construire, filer, nouer, dénouer une piece, parceque bien des faits vrais ne peuvent pas se mettre en action, ou que, n’arrivant pas communément, ils paroîtroient incroyables à la plupart des spectateurs. Il faut ne leur offrir que des vérités palpables, pour ainsi dire.

Le fameux Garrik, cet Auteur, cet Acteur Anglois, si cher à Thalie, à Melpomene, & sur-tout à l’honnêteté, sait si bien composer à son gré l’expression de son visage, qu’il a fait ébaucher son portrait sous deux figures différentes, & par le même Peintre, sans en être reconnu : cette singularité, quoique vraie, seroit bien difficile à mettre, avec vraisemblance, sous les yeux du spectateur.

Le Chevalier de S.F.... jeune Mousquetaire que la mort a trop tôt enlevé à ses amis, étoit extrêmement blond ; il lui est arrivé trente fois dans sa vie d’aller au bal, à visage découvert, de parler à ses parents, à son frere, à sa maîtresse même, sans en être reconnu : il ne mettoit, pour tout déguisement, que de la poudre brune dans ses cheveux, & du papier brûlé sur ses sourcils. C’est un fait vrai qui a souvent produit des scenes très plaisantes ; cependant je ne conseillerois pas à un Poëte comique de le mettre en action : la plupart des spectateurs ne le trouveroient pas vraisemblable, sur-tout nos maris, qui reconnoissent bien leur femme quoique leurs sourcils & leurs cheveux prennent successivement toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Boileau a prononcé :

Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable :
Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.

Les Savants ont distingué deux sortes de vraisemblances, c’est-à-dire l’ordinaire & l’extraordinaire. La vraisemblance ordinaire caractérise les choses qui arrivent ordinairement dans le cours de la vie commune des hommes ; l’extraordinaire est celle qui doit son ombre de vérité à la puissance des Dieux, ou de la féerie. Il est inutile de s’étendre sur la seconde espece : on le sait assez, les Auteurs qui font des Drames à baguette, ou qui en prennent le sujet dans la fable, ont de très grands privileges. On sait encore qu’ils en abusent, comme on fait ordinairement de tous les privileges exclusifs.

Le possible ne doit pas plus servir de principal ressort à la comédie, que ce qui n’est que vrai. Je suppose un pere qui dicte à son Notaire un testament dans lequel il veut déshériter un fils contre lequel il est en colere, pour favoriser un second dont il est très content. Il est absolument possible que cet homme préoccupé dicte un nom pour un autre, & fasse précisément le contraire de ce qu’il a projetté ; cependant il seroit ridicule de bâtir une piece comique sur une pareille méprise.

Que les Auteurs, trop indulgents pour leurs productions, ne se disent donc plus, en combinant un plan, ou en le travaillant : Cela peut être vrai, ceci est très possible. Mais qu’ils se demandent, Ce que j’imagine, ce que je veux dire, ce que j’ai envie de faire, est-il vraisemblable ?

Il n’y a que la vraisemblance qui puisse raisonnablement fonder, soutenir & terminer un Poëme, & un Poëme comique sur-tout, je le répete.

La plus petite action représentée au théâtre, doit, non seulement être vraisemblable, mais la vraisemblance doit encore être observée dans toutes les circonstances qui composent cette action, comme sont le temps, le lieu, les personnages, leur rang, leur âge, leur état, leurs desseins, les moyens qu’ils mettent en usage, les raisons qu’ils ont pour agir, &c. Il faudroit donc, pour bien remplir cet article, revenir sur tous ceux que j’ai faits, & anticiper sur ceux que je ferai ; mais il me suffira de dire que toutes les parties d’un Drame comique doivent être, comme le Drame même, marquées au coin de la plus exacte vraisemblance. Dans le volume des Genres, & dans l’article des Pieces intriguées par un événement arrivé avant l’action, je traiterai de la vraisemblance dans l’avant-scene : appliquons-nous à parler présentement de la vraisemblance pendant l’action.

De la vraisemblance pendant l’action.

Je dis pendant l’action, parceque mon dessein n’est pas de parler seulement des fautes de vraisemblance qui regardent l’action, mais de toutes celles qui se font après l’exposition, & pendant que l’action est en mouvement.

Les Ménechmes nous fournissent un exemple de cette derniere espece : & ce qu’il y a de singulier, c’est que le public, accoutumé à respecter Regnard & ses ouvrages, ne s’apperçoit pas de l’invraisemblance la plus grossiere.

ACTE V. Scene III.

Le Chevalier Ménechme a fait une promesse de mariage à Araminte ; celle-ci se voyant maltraitée par le Ménechme brutal qu’elle prend pour le Chevalier Ménechme, veut faire valoir ses droits.

Araminte.

Perfide ! je me veux venger de ton forfait.
J’ai ta promesse en main ; voilà ta signature :
Je puis, par ce témoin, confondre l’imposture.

Ménechme, à Démophon.

Elle est folle à tel point, qu’on ne peut l’exprimer
Travaillez au plutôt à la faire enfermer.

Démophon, lisant la promesse.

Mais voilà votre nom Ménechme. En confidence,
Avez-vous avec elle eu quelque intelligence ?
C’est ma sœur, & je puis assoupir tout cela.

Quelle a été l’intention de l’Auteur ? A-t-il prétendu achever de confondre Ménechme par cette signature ? Deux freres jumeaux peuvent se ressembler ; mais il n’est pas vraisemblable que leur écriture se ressemble au point que l’un des deux puisse s’y méprendre. Si Regnard n’a pas eu cette idée, est-il vraisemblable qu’un homme se laisse impunément accuser d’avoir signé une promesse de mariage, qu’on lui montre sa prétendue signature, & que, la voyant tout-à-fait différente de la sienne, il ne le prouve pas. D’une ou d’autre façon, cette scene peche essentiellement contre la vraisemblance.

Regnard étoit coutumier du fait. Il cherchoit à faire rire beaucoup, n’importe comment. Dans le Joueur, Hector dit à Géronte :

ACTE I. Scene VIII.

Hector.

Je m’en vais travailler, moi, pour vous contenter,
A vous faire, en raisons claires & positives,
Le mémoire succinct de nos dettes passives,
Et que j’aurai l’honneur de vous montrer dans peu.

ACTE III. Scene III.

Hector tient parole ; il porte un mémoire écrit à la main, qu’il lit très couramment & très distinctement.

ACTE IV. Scene XIII.

Ce même Hector qui a fait un mémoire, qui a fort bien lu une écriture à la main, ne sait plus lire un livre imprimé : il le dit lui-même ; écoutons-le :

Valere, à Hector.

Va me chercher un livre.

Hector.

Quel livre voulez-vous lire en votre chagrin ?

Valere.

Celui qui te viendra le premier sous la main,
Il m’importe peu ; prends dans ma bibliotheque.

Hector.

Voilà Séneque.

Valere.

Lis.

Hector.

Que je lise Séneque !

Valere.

Oui. Ne sais-tu pas lire ?

Hector.

Hé ! vous n’y pensez pas ;
Je n’ai lu de mes jours que dans des almanachs.

Si Regnard a cru qu’il étoit vraisemblable de pouvoir écrire & lire des mémoires sans savoir lire des livres imprimés, pense-t-il que le spectateur soit assez idiot pour ignorer que l’impression des almanachs est la même que celle de tous les livres, & pour oublier qu’il a entendu ce même Hector lire son mémoire ? Hector, en lisant Séneque, épele en effet, & met chaque mot en pieces, comme un enfant qui lit pour la premiere fois : surcroît d’invraisemblance qui fait bien rire le parterre des Dimanches, mais qui fait, avec juste raison, secouer la tête aux connoisseurs.

Il est, dans l’un des chefs-d’œuvre de Moliere, dans son Ecole des Maris, des circonstances presque aussi peu vraisemblables, auxquelles le public semble ne pas faire attention, peut-être par respect encore. Mais comme il n’auroit pas le même égard pour nous, il est bon que nous connoissions ces fautes, afin de les éviter : les voici.

ACTE III. Scene III.

VALERE, SGANARELLE, ISABELLE.

Isabelle, amoureuse de Valere, fait croire à son jaloux que Léonore, sa sœur, en est éprise, & qu’elle lui a demandé la permission de parler à cet amant sous son nom, & par sa fenêtre. Sganarelle ne veut pas le permettre. Isabelle dit qu’elle va donc ordonner à sa sœur de se retirer, & elle sort elle-même avec un voile sur la tête ; de sorte que Sganarelle, la prenant pour Léonore, la voit aller avec plaisir vers la maison du galant.

Valere.

Oui, oui, je veux tenter quelque effort cette nuit,
Pour parler... Qui va là ?

Isabelle, à Valere.

Ne faites point de bruit,
Valere ; on vous prévient, & je suis Isabelle.

Sganarelle.

Vous en avez menti, chienne, ce n’est pas elle.
De l’honneur, que tu fuis, elle suit trop les loix,
Et tu prends faussement & son nom & sa voix.

Il est nuit ; Sganarelle peut ne pas reconnoître Isabelle : prévenu par ce qu’elle lui a dit, il peut encore méconnoître sa voix, puisqu’elle la contrefait. Mais peut-il penser que Léonore, en allant chez Valere, veuille passer aux yeux de son amant pour Isabelle, tandis qu’il n’y a pas l’ombre de ressemblance entre elles deux ? Ce seroit une grande folie à elle, & c’en est une plus grande chez Sganarelle, de l’en croire capable.

Scene VIII.

Valere, à la fenêtre de sa maison.

Non, Messieurs, & personne ici n’aura l’entrée
Que cette volonté ne m’ait été montrée.
Vous savez qui je suis, & j’ai fait mon devoir
En vous signant l’aveu qu’on peut vous faire voir.
Si c’est votre dessein d’approuver l’alliance,
Votre main peut aussi m’en signer l’assurance.
Sinon, faites état de m’arracher le jour,
Plutôt que de m’ôter l’objet de mon amour.

Sganarelle.

Non, nous ne songeons pas à vous séparer d’elle.
(Bas, à part.)
Il ne s’est point encor détrompé d’Isabelle :
Profitons de l’erreur.

Valere a pourtant vu de bien près la beauté qu’il a chez lui, si l’on en croit Sganarelle. Il a dit plus haut qu’il la tenoit dans ses bras. Pourquoi donc Valere ne l’auroit-il pas reconnue à la voix, à la taille ? &c. Sganarelle peut-il penser qu’un amant se méprenne si lourdement ?

Même Scene.

Valere.

Enfin, quoi qu’il avienne,
Isabelle a ma foi, j’ai de même la sienne,
Et ne suis point un choix, à tout examiner,
Que vous soyez reçus à faire condamner.

Ariste, à Sganarelle.

Ce qu’il dit là n’est pas...

Sganarelle.

Taisez-vous, & pour cause.
(A Valere.)
Vous saurez le secret. Oui, sans dire autre chose,
Nous consentons tous deux que vous soyez l’époux
De celle qu’à présent on trouvera chez vous.

Valere confesse qu’il vient de donner sa foi à Isabelle, qu’Isabelle vient de lui donner la sienne ; il nomme bien distinctement Isabelle ; Ariste le fait remarquer à son frere : est-il vraisemblable que Sganarelle n’ouvre point les yeux ? Peut-il trouver vraisemblable lui-même que Valere ait donné sa foi à une femme, & ait reçu la sienne sans la reconnoître ? Non sans doute ; rien de tout cela ne peut avoir un air de vraisemblance, & tout le comique qui en résulte, est forcé.

Présentement, que je crois mes lecteurs de mon sentiment sur les exemples que je viens de citer, je vais leur avouer mon secret, & leur dire où je veux en venir. Mon dessein est de me servir de ces mêmes exemples, pour leur faire voir que tous les incidents peu vraisemblables tiennent ordinairement ce défaut du peu de vraisemblance qui regne dans ce qui les fait naître. Tout ce que je viens de rapporter est une suite du mensonge qu’Isabelle a fait à son tuteur. Examinons-le.

ACTE III. Scene II.

ISABELLE, SGANARELLE.

Isabelle, pour se dérober à son tuteur qui veut l’épouser dans la journée, profite de son absence, & va confier son sort à son amant. Son tyran la rencontre ; elle est surprise, & s’écrie :

Isabelle.

O Ciel !

Sganarelle.

C’est toi, mignonne ? Où vas-tu donc si tard ?
Tu disois qu’en ta chambre, étant un peu lassée,
Tu t’allois renfermer, lorsque je t’ai laissée ;
Et tu m’avois prié même, que mon retour
T’y souffrît en repos jusques à demain jour.

Isabelle.

Il est vrai ; mais...

Sganarelle.

Hé ! quoi ?

Isabelle.

Vous me voyez confuse,
Et je ne sais comment vous en dire l’excuse.

Sganarelle.

Quoi donc ! que pourroit-ce être ?

Isabelle.

Un secret surprenant.
C’est ma sœur qui m’oblige à sortir maintenant,
Et qui, pour un dessein dont je l’ai fort blâmée,
M’a demandé ma chambre, où je l’ai renfermée.

Sganarelle.

Comment ?

Isabelle.

L’eût-on pu croire ! elle aime cet amant
Que nous avons banni.

Sganarelle.

Valere ?

Isabelle.

Eperdument.
C’est un transport si grand, qu’il n’en est point de même ;
Et vous pouvez juger de sa puissance extrême,
Puisque, seule, à cette heure, elle est venue ici
Me découvrir, à moi, son amoureux souci,
Me dire absolument qu’elle perdra la vie,
Si son ame n’obtient l’effet de son envie ;
Que depuis plus d’un an d’assez vives ardeurs
Dans un secret commerce entretenoient leurs cœurs,
Et que même ils s’étoient, leur flamme étant nouvelle,
Donné de s’épouser une foi mutuelle.

Sganarelle.

La vilaine !

Isabelle.

Qu’ayant appris le désespoir
Où j’ai précipité celui qu’elle aime à voir,
Elle vient me prier de souffrir que sa flamme
Puisse rompre un départ qui lui perceroit l’ame,
Entretenir ce soir cet amant sous mon nom,
Par la petite rue où ma chambre répond,
Lui peindre, d’une voix qui contrefait la mienne,
Quelques doux sentiments dont l’appât le retienne,
Et ménager enfin pour elle, adroitement,
Ce que pour moi l’on sait qu’il a d’attachement.

Sganarelle.

Et tu trouves cela ?...

Isabelle.

Moi, j’en suis courroucée.
Quoi ! ma sœur, ai-je dit, êtes-vous insensée ?
Ne rougissez-vous point d’avoir pris tant d’amour
Pour ces sortes de gens qui changent chaque jour ?
D’oublier votre sexe, & tromper l’espérance
D’un homme dont le Ciel vous donnoit l’alliance ?

Sganarelle.

Il le mérite bien, & j’en suis fort ravi.

Isabelle.

Enfin, de cent raisons mon dépit s’est servi
Pour lui bien reprocher des bassesses si grandes,
Et pouvoir cette nuit rejetter ses demandes :
Mais elle m’a fait voir de si pressants desirs,
A tant versé de pleurs, tant poussé de soupirs,
Tant dit qu’au désespoir je porterois son ame,
Si je lui refusois ce qu’exige sa flamme,
Qu’à céder, malgré moi, mon cœur s’est vu réduit :
Et pour justifier cette intrigue de nuit,
Où me faisoit du sang relâcher la tendresse,
J’allois faire avec moi venir coucher Lucrece,
Dont vous me vantez tant les vertus chaque jour.
Mais vous m’avez surpris avec ce prompt retour.

Comment Léonore auroit-elle pu penser qu’en contrefaisant, avec son amant, la voix d’Isabelle, & lui donnant des espérances sous son nom, elle feroit tourner sur elle l’attachement qu’il a pour sa sœur ? Au contraire, elle ne l’auroit rendu que plus épris d’un objet duquel il se seroit cru aimé, & elle l’auroit éloigné davantage d’elle. Comment Sganarelle lui-même a-t-il pu croire que Léonore ait eu cette idée ? Ce mensonge n’est rien moins que vraisemblable ; & voilà justement pourquoi tout ce qu’il amene l’est si peu.

Pour mieux prouver ce que j’avance, qu’on me permette d’imaginer quelque léger changement, qui, en ne dérangeant rien à la situation, donne au mensonge un air plus vraisemblable ; nous verrons l’effet qui en résultera. Voici mes changements.

Isabelle va chez son amant ; Sganarelle la surprend. Elle dit, pour s’excuser, que Valere, rebuté de ses rigueurs, a renoué avec sa sœur, avec qui jadis il avoit été bien ; qu’ils se sont fait une promesse de mariage, & que, pour achever de convenir de leurs faits, à l’insu d’Ariste, sa sœur l’a priée de lui prêter sa fenêtre pour parler à son amant ; qu’elle n’avoit pu lui refuser cette grace, & qu’elle alloit, lorsqu’il l’a surprise, chercher Lucrece, pour ne pas jouer un mauvais rôle durant toute cette intrigue.

Qu’on admette pour un moment le mensonge avec ces légers changements, il aura, je crois, un air de simplicité, d’honnêteté & de vraisemblance sur-tout, qui se répandra sur les incidents qu’il amene ; puisque, de cette façon, Sganarelle ne doit plus trouver surprenant que Léonore aille chez un amant avec qui elle a renoué, avec qui elle est liée par une promesse de mariage. De cette façon, il ne sera plus obligé de croire que Valere, toujours dans l’erreur, prend Léonore pour Isabelle. J’ose même penser que, de cette façon, le comique ne perdra rien de sa vivacité, puisque Sganarelle rit toujours d’un malheur qu’il essuie, & presse également un hymen qui le mettra au désespoir.

Les plus grands génies font quelquefois des fautes dont les esprits les plus médiocres s’apperçoivent. Moliere, qui consultoit sa servante, étoit plus persuadé qu’un autre de cette vérité : voilà ce qui me donne la témérité d’exposer mes réflexions.

J’ai souvent oui dire que les aparté éloignoient totalement la vraisemblance, & blessoient l’illusion théâtrale ; je ne suis point de cet avis, & je vais bientôt exposer mes raisons.