(1801) Moliérana « [Anecdotes] — [9, p. 41] »
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(1801) Moliérana « [Anecdotes] — [9, p. 41] »

[9, p. 41]

1705, Grimarest, p. 104-106
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 408

Lorsque Molière se préparait à donner son George Dandin, un des ses amis lui fit entendre qu’il y avait dans le monde un Dandin qui pourrait se reconnaître dans la pièce, et qui était en état, par sa famille, non seulement de le décrier, mais encore de le desservir dans le monde. Vous avez raison, dit Molière à son ami ; mais je sais un moyen sûr de me concilier l’homme dont vous me parlez ; j’irai lui dire ma pièce. Au spectacle où il était assidu, Molière lui demanda une de ses heures perdues pour lui faire la lecture. L’homme en question se trouva si honoré de ce compliment, que, toutes affaires cessantes, il donna parole pour le lendemain ; et il courut tout Paris pour tirer vanité de la lecture de cette pièce. Molière, disait-il à tout le monde, me lit ce soir une comédie ; voulez-vous en être ? Molière trouva de nombreuse assemblée, et mon homme qui présidait. La pièce fut jouée, personne ne la faisait mieux valoir que celui qui aurait pu s’en fâcher, une partie des scènes que Molière avait traitées dans sa pièce, lui étant arrivées. Ce secret de faire passer sur le théâtre des traits un peu hardis, a été trouvé si bon que plusieurs acteurs l’ont mis en usage depuis avec succès.148