[58, p. 95-96]
La comédie de l’École des femmes attira à Molière une nuée de critiques toutes plus mauvaises les unes que les autres ; plusieurs personnes même la frondèrent237 ouvertement. Pour venger Molière de tous ses détracteurs, Boileau fit les stances suivantes qu’il envoya à son ami :
En vain mille jaloux esprits,Molière, osent avec méprisCensurer ton plus bel ouvrage :Sa charmante naïveté,S’en va pour jamais d’âge en âgeDivertir la postérité.
Que tu ris agréablement !Que tu badines savamment !Qui mit Carthage sous sa loi,Jadis sous le nom de Térence*Sut-il mieux badiner que toi ?
Ta muse avec utilitéDit plaisamment la vérité ?Chacun profite à ton école :Tout en est beau, tout en est bon ;Et la plus burlesque paroleEst souvent un docte sermon.
Laisse gronder tes envieux ;Ils ont beau crier en tous lieux,Qu’en vain tu charmes le vulgaire ;Que tes vers n’ont rien de plaisant.Si tu savais un peu moins plaire,Tu ne leur déplairais pas tant.