(1801) Moliérana « [Anecdotes] — [58, p. 95-96] »
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(1801) Moliérana « [Anecdotes] — [58, p. 95-96] »

[58, p. 95-96]

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 285

La comédie de l’École des femmes attira à Molière une nuée de critiques toutes plus mauvaises les unes que les autres ; plusieurs personnes même la frondèrent237 ouvertement. Pour venger Molière de tous ses détracteurs, Boileau fit les stances suivantes qu’il envoya à son ami :

  En vain mille jaloux esprits,
  Molière, osent avec mépris
  Censurer ton plus bel ouvrage :
  Sa charmante naïveté,
  S’en va pour jamais d’âge en âge
Divertir la postérité.

  Que tu ris agréablement !
  Que tu badines savamment !
Celui qui sut vaincre Numance238, (Scipion l’Africain)239
  Qui mit Carthage sous sa loi,
  Jadis sous le nom de Térence*
  Sut-il mieux badiner que toi ?

Ta muse avec utilité
Dit plaisamment la vérité ?
Chacun profite à ton école :
Tout en est beau, tout en est bon ;
Et la plus burlesque parole
Est souvent un docte sermon.

Laisse gronder tes envieux ;
Ils ont beau crier en tous lieux,
  Qu’en vain tu charmes le vulgaire ;
Que tes vers n’ont rien de plaisant.
Si tu savais un peu moins plaire,
Tu ne leur déplairais pas tant.