(2016) Ticket_1074
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(2016) Ticket_1074

Nuit du 23 janvier 2016, je découvre le 115, le SAMU Social de Paris, ses locaux, son organisation, son réseau, ses belles équipes, et bien sûr ceux à qui elles peuvent apporter leur aide, leur soutien, leur bienveillance le temps d'une nuit. Après cette dernière semaine, une des plus froides de l'année, marquant l'entrée dans l'hiver cette année où les saisons ne se reconnaissent même plus, où quelques pensées à ceux qui tentent de survivre dans ce froid dans les rues de Paris, après ces regards souvent timides, parfois honteux de ne rien donner, parfois coupables malgré un petit geste, tournés vers ces personnes qui vivent dans la rue, ceux que l'on croit si différents de "nous", comme si une frontière nous séparait, ceux "en marge" de la société? Mais si l'on prend bien le temps d'y repenser, de discuter avec les acteurs sur le terrain et avec ceux qui vivent dans ces rues, le regard devient pas à pas différent. Le comment en sont-ils arrivés là, leurs histoires si différentes, si variées autant que sont diverses ces personnes, rendent compte de la complexité du phénomène d'accroissement du nombre de personnes sans hébergement. Entre ceux qui ont perdu un emploi, ceux qui malgré leur travail, ne peuvent payer un logement, dans ce contexte de crise économique où le chomage est croissant ainsi que les prix des logements. Je ne me rendais pas compte avant de l'ampleur de ces crises. Cet accroissement de la population dans les rues reflète non pas seulement une crise locale, mais aussi une crise plus étendue, dépassant les frontières de la France: il s'agit des phénomènes migratoires de ces personnes qui ont du partir de leur pays originel, fuyant l'insécurité, la persécution, la guerre, pour venir ici, espérant trouver une situation, un environnement plus sûr pour leur vie (survie?) au quotidien, pour leur famille. J'ai pu rencontrer une famille, issue d'une population qu'on appelle communément "les Roms", originaires de Roumanie: une mère, une grand-mère et 3enfants. Une brèce histoire qui m'a touchée. La mère et ses enfants vivent en fait à Rennes, dans un logement social, et étaient venus à Paris pour venir chercher la grand-mère qui avait fait tout un périple depuis la Roumanie pour venir jusqu'ici. Un jeune monsieur Français en costard cravate qui venait lui de province, les avait trouvés dans la rue, essayant de se réchauffer au mieux pour passer cette nuit au froid; il avait appelé le 115, leur a trouvé de quoi manger ainsi que des habits chauds. Quand l'équipe est arrivée, ils étaient collés serrés les uns contre les autres pour se garder au chaud, à l'entrée d'un immeuble, pour se protéger de la fine pluie qui commençait à tomber; tandis que la grand-mère restait plus à l'extérieur. Nous leur apportons de quoi se réchauffer. Lors des discussions, c'était le jeune fils de 12ans qui nous parlait, étant le seul à parler français, il faisait office d'interprète pour sa famille. Quel grand bonhomme! Vers la fin, il disait que sa grand-mère dormirait à sa place, plus au chaud, qu'il échangera de place le temps de la nuit; sa grand-mère rétorqua, il n'en était pas question, il fallait que son petit-fils reste bien au chaud. De courts instants où les belles valeurs réchauffent les coeurs, malgré le froid cette nuit là. Finalement, la famille devait reprendre le train le lendemain pour rentrer à Rennes. Oui, toutes les personnes en détresse n'ont pas tous la chance de bénéficier de ces aides; un nombre très important de personnes appelle chaque jour dans l'espoir de bénéficier d'un logement rien qu'une nuit; et combien ont abandonné, désespérés? et quand bien même, ces aides ne sont pas éternelles et ne peuvent pas sauver miraculeusement ces personnes de leur situation difficile... Mais ces intentions apportées, une soupe chaude pour réchauffer le corps, une présence, une écoute attentive, un échange de paroles, un sourire, une poignée de main pour réchauffer le coeur, sont si précieux. Ce sont quelques instants de chaleur Humaine, qui permettent de maintenir la vie, une lumière qui s'allume au moins un instant. Si seulement ces actions pouvaient se multiplier, s'ils pouvaient être plus entendus, vus, diffusés pour se faire connaître pour un début, pour enclencher des actions solidaires, des présences bienveillantes.. dans cette grande ville qu'est Paris, où l'ambiance froide est souvent difficile à porter; mais les âmes bienveillantes, chaleureuses sont bien présentes, dans la bonne humeur, et prêtes à donner de soi. MERCI le SAMU Social!