(2017) Ticket_780
/ 267
(2017) Ticket_780

Passer une nuit avec les équipes du SAMU social donne un aperçu de la pauvreté et de l’exclusion beaucoup plus percutant que n’importe quel cours de sociologie. Les permanenciers du 115 recueillent la détresse de ceux qui n’ont rien et cherchent un endroit où dormir. Les équipes de terrain maraudent et vont à la rencontre de ceux qui ne demandent rien. Elles leur offrent un café, une couverture, des vêtements, un lit pour dormir lorsqu’il en reste encore – car une fois l’hiver passé, les places se font rares. La diversité des profils de ceux qui font appel au SAMU social est frappante. Certains vivent dans la rue depuis des années, dans un état de grande exclusion. D’autres ont un travail, des collègues qui ignorent leur statut de sans-abri, mais un salaire insuffisant pour se loger dans la jungle immobilière francilienne. D’autres encore viennent d’ailleurs, sont sans ressources et sans perspectives, dans un pays dont ils ne maîtrisent ni la langue ni les codes. Beaucoup sont littéralement seuls au monde. Tous incarnent l’âpreté de la condition humaine. Le nombre de femmes qui n’ont pas de toit est le fait le plus révoltant. Dans la rue, une femme est une cible. Les hordes de vautours en tout genre ne s’y trompent pas, qui rôdent autour de ces proies faciles. Malgré leur vulnérabilité patente, beaucoup de femmes, parfois très jeunes, ne bénéficient d’un hébergement d’urgence qu’un jour sur deux. Il est troublant de constater qu’elles ne sont pas prioritaires sur les hommes. Parfois, l’équité devrait l’emporter sur l’égalité formelle entre les sexes, et conduire à protéger davantage les femmes, qui en ont indiscutablement plus besoin. Enfin, la précarité sociale engendre la précarité médicale. Accéder au système de santé est un défi pour qui vit dans la rue. Les urgences des hôpitaux, perçues comme hostiles, sont un repoussoir. La prise en charge des pathologies chroniques, en particulier, est une gageure. En tout état de cause, le travail des équipes du SAMU social mérite d’être salué. Leur engagement, leur humanité et leur infinie patience forcent le respect.