(2018) Ticket_468
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(2018) Ticket_468

Nous recueillons les appels des SDF qui souhaitent être hébergés en centre pour la nuit car il fait froid. Nous allons donc les chercher, ce qui donne à la mission un air de taxi, mais nous arrivons à aller au devant d'autres personnes qui n'ont rien demandé, conformément au principe initial du Samu social : aller vers ceux qui ne demandent même plus d'aide. On peut regretter que cet aspect ne soit pas davantage préservé, qu'il n'y ait pas un camion du moins qui y soit exclusivement dédié, car bien souvent, un simple duvet ou une soupe seront aussi importants qu'un hébergement et d'aucuns n'auront pu appeler faute de téléphone, ou faute de force physique et de volonté à se manifester. Cependant, ceux que nous allons chercher tirent un véritable bénéfice des quelques heures allouées, qui pour recevoir des soins une fois au centre, qui pour être orienté vers des structures d'aides aux démarches administratives dont ils ne savaient rien jusqu'alors. Pour chacun d'eux, il n'importe pas tant d'arriver à y dormir, mais surtout d'y trouver un peu de chaleur à être accueillis, se voir offrir un repas, une douche et un petit déjeuner. On est fiers et heureux de pouvoir les conduire dans ce Centre au sud de Paris car il est particulièrement bien conçu et de grande qualité à tous égards. La difficulté ultime de la mission tient malheureusement à ce que le temps d'aller chercher les uns et les autres, l'arrivée au Centre s'avère très tardive (4h du matin) quand on sait qu'il faut libérer les chambres à 10 ou 11h. J'ai été étonnée de voir que tous ne souhaitaient pas toujours rejoindre un centre d'hébergement pour la nuit, habitant réellement là où ils campent et habitués à endurer le froid à un point peu concevable. De ce fait, ce dont j'ai pris la mesure plus que jamais, et plus concrètement car j'en étais déjà convaincue dans le principe, c'est à quel point un simple échange peut être important et donner de la chaleur et de la dignité aux plus isolés.