C'est probablement une des nuits de l'année où j'ai appris le plus de choses utiles (contrairement à ce que pensaient certains camarades qui m'avaient dit en râlant que "ça ne couvrait aucun item de l'ECN"...) J'ai été particulièrement marquée par 3 personnes rencontrées : Une appelante tibétaine qui ne pouvait pas avoir de place cette nuit là, parce qu'elle était jeune, en bonne santé et qu'elle avait déjà dormi à l'abri les nuits précédentes, critères rédhibitoires pour obtenir un lit. Elle était terrifiée et a passé longtemps à supplier celui qui l'écoutait sans qu'il puisse l'aider. Un homme qui n'avait pas de téléphone portable et regrettait que les cabines téléphoniques parisiennes soient peu à peu toutes supprimées; on lui a appris que la raison pour laquelle elles étaient supprimées justement, c'était pour empêcher les sans abri de dormir dedans... Ou comment doubler l'exclusion des SDF d'un seul coup. Et enfin une femme qu'on a retrouvée pendant la maraude, dont la fille avait des troubles sévères du comportement et venait d'être emmenée en Centre Médico Psychologique sans demander l'avis de sa mère (pourtant sa tutrice) ou même prévenir celle ci qui était pourtant dans la salle à côté. Elle oscillait entre les pleurs, de crises de colère très violentes et l'attente angoissée d'un téléphone pour appeler le CMP. Heureusement, on a réussi à obtenir pour elle une place pour la nuit dans un bon centre d'hébergement et l'assurance que sa fille allait bien et qu'elle la verrait dès le lendemain matin. Elle était revenue d'un coup à la vie et a voulu nous offrir en remerciement des bijoux en argent et corail qu'elle gardait dans ses sacs. On se sent pendant cette nuit à la fois terriblement impuissant et quand même extrêmement utile dans certains cas (pas moi qui était juste là en observatrice mais l'équipe en génral). Mais la gentillesse et la bonne humeur des équipes permet d'en faire une bonne expérience.