(2013) Ticket_1588
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(2013) Ticket_1588

Ça, pour une expérience, c'en est une ... Sur le plan pratique, j'ai été très bien accueilli. Le fonctionnement du SAMU Social m'a bien été expliqué et j'ai pu faire la double-écoute avec un écoutant. J'ai déjà rien qu'avec la double-écoute pu me rendre compte de la difficulté à la fois des appelants (les personnes en détresse) et des appelés (les écoutants ...). La maraude s'est très bien passé également. Le briefing de 20h était rapide mais toute l'équipe était accueillante et sympathique. La misère humaine est vraiment moche. Je parle non seulement de la misère des personnes dans la rue mais également de la misère du SAMU Social pour trouver des places d'hébergement, qui sont à la fois extrêmement limitées et pas forcément adaptées (beaucoup préfèrent dormir dans la rue que dans ces foyers insalubres et parfois dangereux : bagarres, vols ...). Ces gens perdent vraiment leur humanité. Devant le foyer de Montrouge, entre 2 camions du Samu social, un homme s'est couché au sol, et criait, nous traitait de "fachos" et refusait de se laisser relever. Il rampait au sol et doucement se dirigeait vers le milieu de la route, lieu de passage des voitures. Dangereux. Où est l'humanité là-dedans ? J'aurais pu essayer de croire à un jeu d'acteur mais malheureusement il ne jouait pas. Sa détresse avait emporté toute sa raison, toute sa dignité et même ses réflexes de survie. Pitoyable au sens premier du terme. L'infirmier du camion m'a parlé de son attrait pour le relationnel mais m'a dit qu'il ne pourrait pas faire du SAMU Social toute sa vie et qu'il partirait dans quelques mois. Pas facile de "travailler dans la misère". Problème de conscience, sentiment d'impuissance, violence, insalubrité ... On a trouvé quelques places d'hébergement, donné quelques boissons/couvertures. Ce soir il faisait froid et il y avait une sorte de bruine désagréable. Nous avons été voir un homme aveugle, debout sous la pluie, seul, qui avait en plus des difficultés à la marche. Les foyers n'en veulent pas car n'est pas autonome (troubles visuels + marche). Du coup on a beau lui avoir donné du café, de la purée, une soupe, une couverture avec un sac, un paire de chaussettes, il a fallu le quitter (lui ne voulait pas), et on l'a laissé seul, sous cette bruine et dans ce froid, seul et debout. Triste ... et difficile pour la conscience ! Un peu de réflexion (plus ou moins personnelle) : Avec ce même infirmier j'ai discuté de l'utilité réelle du SAMU Social. Ils sont là pour proposer des solutions d'urgence, à très court terme. Ils sont la représentation de la bonne conscience de la société, histoire de dire "on n'est pas des animaux, si un homme dort dehors on lui propose un hébergement dans la mesure du possible et 2-3 bricoles". Mais ce n'est pas une solution efficace à long terme. Peut être même que ça dessert à certains (assistanat) en les laissant se reposer sur ces aides, et d'ailleurs le personnel en est bien conscient. C'est dommage. Les moyens devraient davantage être alloués aux prises en charge sociales à long terme, avec un réel processus de réinsertion. Ce n'est pas une visite avec une assistance sociale proposée dans les foyers que tout s'arrange. D'ailleurs bien souvent les pensionnaires n'y vont pas. Idem pour la consultation avec le médecin. Après avoir dormi, ils retournent dans la rue, et retrouvent leur situation de la veille... Dommage encore une fois. Et difficile. Les gens du SAMU social font un travail formidable, personnellement je ne pourrai vraiment pas faire ça au quotidien. Mais cette garde a été excessivement enrichissante. A renouveler pour les promos futures +++