Ma garde du SAMU SOCIAL a été pour moi très enrichissante. En effet, je n'ai aucune expérience, que ce soit dans le domaine de l'humanitaire ou du social, et j'ai pu ainsi énormément apprendre sur ce point là. Avant cette garde, je n'avais pas du tout de notion concernant le Samu Social, quelles en étaient les missions et encore moins comment fonctionnait le dispositif du 115. J'ai pu faire en arrivant une double écoute et j'ai eu de la chance d'être avec un écoutant qui a pris le temps de répondre à mes questions et de m'expliquer le principe d'appeler le 115. J'ai pu ainsi me rendre compte, rien qu'en écoutant ces voix, à la fois une forme de détresse mais aussi beaucoup d'espoir de la part de ces personnes, qui attendent beaucoup de ce 115. J'ai trouvé émouvant lorsqu'un écoutant a pu attribué une place au CHU de Romain Rolland, avec aussi un sentiment de mission accomplie. Au moment de la maraude, nous avons été sur plusieurs signalements et nous avons pu hébergé certaines personnes au centre Romain Rolland. J'ai pu rapidement visiter les lieux de ce centre d'hébergement, avec quelques explications de l'IDE, et j'ai trouvé cela génial que ce genre de centre puisse exister, qu'il puisse être gratuit pour ceux qui en ont besoin, et surtout qu'ils soient de grande qualité, avec des repas correctes, un respect de l'intimité, une séparation hommes/femmes, une salle audiovisuelle, des douches/toilettes individuelles, un jardin... Je m'y suis senti comme dans une auberge de jeunesse. Un signalement de la nuit m'a marqué. C'était une dame de 65 ans avec un passé et une histoire incroyable. Cette personne était battu par son mari, elle a ainsi divorcé et s'est réfugié chez sa soeur. Cependant au fil du temps, sa soeur a commencé à la battre aussi. Cette personne était en détresse totale quand nous l'avons récupéré à la Cité des Dames, et l'entretien que nous avons eu avec elle était touchant. J'ai trouvé remarquable la prise en charge de l'équipe pour cette dame que nous avons emmené à Romain Rolland. Chaque personne malgré son histoire, étonnante soit elle, est prise en charge individuellement, en prenant le temps de trouver la solution adéquate pour la nuit mais aussi pour les jours avenir si possible. Je trouve cela remarquable de la part du Samu Social de pouvoir aider les personnes en détresse, même si cela est temporaire, et de les permettre de rester digne malgré leur misère. Cette garde m'a permis avant tout de relativiser sur ma condition de vie. Je me rends compte qu'avoir un appartement, avoir une famille aimante, avoir des amis n'est pas forcément une banalité. Les personnes que j'ai rencontré hier en sont la preuve. Je n'ai jamais été confronté à la rue, à ce qu'elle en est. A l'hôpital, on peut soigner des SDF, mais si l'on a pas vu comment sont leurs conditions, je pense que l'on se créé une perception complètement fictive de la rue et des ces personnes, qui n'est pas forcément la réalité. Je tire du positif de cette garde qui est à faire au moins une fois. Cela reste une expérience, et cela permet d'essayer de concevoir les choses lorsqu'on ne les a pas vécus.