(2011) Ticket_2176
/ 2299
(2011) Ticket_2176

Si toute la nuit m'a parue passionnante, je retiens particulièrement la double écoute car j'ai été très surprise de son déroulement. Alors que j'imaginais ce système dépersonnalisé, j'ai été étonnée de remarquer combien les opérateurs téléphoniques connaissaient les personnes qui appellent régulièrement pour des places dans les foyers. J'ai pu observer à certains moments une réelle complicité entre le personnel des écoutes et ceux qui appellent. En fait, cet outil, qui ne remplace évidemment pas la rencontre en personne, m'a paru terriblement efficace pour soutenir des individus dont le moral est très aléatoire. Cela est surement lié à la taille restreinte des équipes d'écoutes or ceci pourrait tout autant devenir un problème si elles devenaient saturées. C'est terrible de se rendre compte que la familiarité du service et son caractère très chaleureux peut aussi être le reflet d'une certaine détresse du personnel qui manque de moyen. Mais sur le moment je n'ai pas posé cette question au personnel du Samu sur leur point de vue quant à l'efficacité des écoutes. En tout cas, vu que je ne soupçonnais aucunement que ce type d'écoute puisse se dérouler dans ces conditions, je les ai perçues comme extrêmement bénéfiques. Sur un autre aspect des écoutes en revanche, lorsqu'il s'agit de prendre en charge une personne encore inconnue du service du Samu Social, des membres du personnel m'ont expliqué les conditions dans lesquelles le Samu répond aux demandes de logement. Je n'ai pas assisté à une écoute pendant laquelle le Samu refuse une demande mais aux dire du personnel, le manque d'infrastructure et les directives qu'ils reçoivent les obligent à prendre des décisions parfois très dures. Ca n'est qu'à un certain stade d'exclusion qu'ils peuvent déployer leur aide et on peut se demander si cela n'intervient pas trop tard. Par manque de moyen, ils privilégient les situations les plus extrêmes or cela m'a laissé penser que le Samu Social ne permettait pas de prévenir l'exclusion mais constituait plutôt le dernier secours possible lorsque l'on se rapproche de situation de non retour. En ce sens j'ai été déçue qu'il faille attendre qu'une situation se détériore pour la prendre en charge. C'est à mon sens un signe de détresse de ce service publique puisqu'il adopte une posture défaitiste. Ainsi, l'impression générale que m'a laissé le service des écoutes est contrasté. J'ai été enchanté par le travail de l'équipe des écoutes, mais ils m'on fait part des limites de leur mission et cela m'a attristé de voir que le Samu Social à des objectifs très limités.