Ma nuit au Samu social a été une occasion de découvrir les maraudes et les appels au 115. Jusqu'ici je n'avais pas d'idée précise des activités du Samu social. La double écoute a été très informative. J'ai appris les critères qui faisaient qu'on octroyait une place d’hébergement à une personne et non pas à une autre. Dure réalité mais réalité tout de même. J'ai d'ailleurs pu aller voir dans la nuit un centre d'hébergement. Les places sont précieuses et se font rares. J'ai assisté à des ouvertures de dossiers pour des personnes qui appelaient pour la première fois le 115. Et j'ai aussi fait la distinction entre l'EMA (équipe mobile d'aide) et l'EMF (équipe mobile pour les familles). Le suivi est très bien fait: une fois que quelqu'un a appelé, les prochains écoutants pourront la retrouver facilement avec toutes les informations déjà recueillies. Seul problème, comme partout, manque de places. C'est très souvent qu'on doit annoncer à quelqu'un qu'on ne peut pas la/le loger et qu'il faudra rappeler plus tard avec parfois deux heures d'attente avant d'avoir un écoutant au bout du fil. Dans le camion du Samu social on s'arrête pour les signalements ou dès qu'on trouve quelqu'un à la rue en mesure d'être aidé. C'est à la fois frustrant et soulageant: S'arrêter pour aider des sans abris qu'on s'efforce de fuir du regard dans la vie de tous les jours, ne pouvant pas dilapider tout notre argent à chaque sans abris qu'on croise. Surtout à Paris. Et mesurer les limites de l'action du Samu social: les personnes ne voulant pas être aidées, celles pour qui on ne peut pas grand chose. Je me suis sentie bien d'aider, ne serait-ce que par des paroles. Dommage que l'aide soit contingentée par les places dans les centres d'hébergement et qu'il faille un quota de nuits dehors pour mériter une place dans un de ces établissements. C'est toujours agréable et réconfortant de travailler (plutôt d'assister dans mon cas) avec des gens qui ont la volonté d'aider autrui et d'aller à la rencontre de l'autre, rencontre qui s'avère parfois difficile.