Dès le départ j'ai été choquée. Choquée par la double écoute, car c'est impressionnant de voir le contraste entre le nombre de personnes qui appellent chaque soir et le nombre de places disponibles, ridiculement petit. D'ailleurs, l'attitude de certains est choquante. En effet, lors d'un appel, un homme dans le besoin a voulu demander à un passant un stylo pour pouvoir noter le numéro d'un centre de soins, communiqué par l'assistance sociale à l'autre bout du fil. Il a fallu 10 minutes pour qu'une personne bien intentionnée daigne prêter un stylo à ce monsieur... Un bel exemple d'indifférence générale. Ensuite, lors de la maraude, nous avons eu l'occasion de rencontrer des gens aux profils très différents. Des jeunes (beaucoup de jeunes, on réalise alors la chance qu'on a), des moins jeunes, des femmes avec des enfants... Beaucoup d'entre eux étaient soulagés de voir arriver le camion, et nous avons pu beaucoup échanger avec eux. Des poignées de main, des sourires, des encouragements. D'autres étaient moins réceptifs, mais c'est aussi la variété des réactions qui était intéressante lors de cette garde. Il a fallu s'adapter à chaque situation, et c'est important pour notre formation de futur professionnel de santé. Une garde donc très formatrice, car elle sensibilise à la réalité de la rue et elle permet d'acquérir une certaine ouverture d'esprit supplémentaire que je pense nécessaire pour notre métier.