(2011) Ticket_2243
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(2011) Ticket_2243

La conséquence la plus palpable de cette fameuse garde au samu social est que "travailleur social", "assistante sociale", "détresse sociale", bref tous ces nouveaux mots, ces néologismes en "social", - le concept n'a que quelques années - sont devenus des réalités. Rendre à ce point concrète la situation de détresse - ou d'a-normalité, car il n'y a pas toujours de vécu négatif de la rue - des errants, c'est acquérir une base à partir de laquelle le travail de médecin peu se construire. De même qu'on apprend à examiner, ausculter, ... etc, les corps pour ensuite apprendre à les soigner, apprendre à ausculter les gens - c'est à dire leur situation, leur passif - est également une base essentielle pour apprendre à les soigner - dans leur entièreté cette fois, gens et non plus corps. Ainsi l'incurie n'est-elle peut-être pas une fatalité, et l'on peut alors réfléchir à proposer à chaque patient sdf d'"arrêter", exactement de la même manière qu'on propose à chaque patient tabagique d'arrêter. Le bureau de l'assistante sociale au fond du couloir ne sera plus un lieu inconnu ou l'on envoie les patients crados, partagé entre l'espoir idiot qu'une magicienne va les rendre normaux et la certitude qu'ils ne voudront pas, mais le lieu de travail d'une personne aussi essentielle au soin que le premier labo pharmaceutique : comment soigner une tuberculose chez un patient en errance, sans notion de la date ou de l'heure, incapable de prendre des cachets à heure fixe, ... sans soigner aussi - un peu - son isolement, son exclusion - vraie cause de sa tuberculose, d'ailleurs...?