Querelle de Voltaire versus Maupertuis

Dates

1752

Titre(s) endogène(s)

« La Querelle » (titre d’un ouvrage de Voltaire, datant de 1753, relatif à sa querelle avec Maupertuis)

Autre(s) titre(s)

Querelle entre Voltaire et Maupertuis

Fiche rédigée par Kate Tunstall . Dernière mise à jour le 27 December 2014.

Synopsis

Synopsis

En 1752, le mathématicien Koenig publie un Appel au public pour se défendre contre le jugement de l’Académie de Berlin selon lequel il aurait faussement accusé Maupertuis d’avoir repris à Leibniz son principe de la moindre action, voire de l’avoir plagié. Il semble que c’est cette publication qui aurait fait intervenir Voltaire dans cette querelle qui sera transformée par la suite (voir la querelle Koenig-Maupertuis). Voltaire, invité à la cour de Frédéric II à Berlin depuis 1750, prend la défense de Koenig dans sa « Réponse d’un académicien de Berlin à un académicien de Paris » (Bibliothèque raisonnée, 18 sept. 1752), et accuse Maupertuis, Président de l’Académie, non seulement d’être mauvais métaphysicien et scientifique mais aussi, et plus significativement, d’abuser de son pouvoir présidentiel dans le procès du principe de la moindre action, qui avait eu pour résultat la démission de Koenig de l’Académie. Avec l’Appel au public de Koenig et surtout avec l’intervention de Voltaire, cette querelle change non seulement de lieu (elle sort de l’Académie pour entrer dans la sphère publique) mais aussi de protagonistes (des écrivains et des journalistes s’y mêlent), ainsi que de genre (la querelle produit une grande variété de textes dont on peut qualifier les procédés de « littéraires »). En novembre 1752, le roi Frédéric intervient dans la querelle avec sa Lettre d’un académicien de Berlin à un académicien de Paris, qui prend la défense de Maupertuis contre les attaques de Voltaire ; celui-ci répond dans une lettre ouverte à Koenig (17 nov 1752), puis dans un ouvrage satirique intitulé Diatribe du docteur Akakia (1752), « Akakia » étant le nom donné par Voltaire à Maupertuis. Sur les ordres de Frédéric, les exemplaires du Diatribe sont brûlés à Berlin et les cendres envoyées à Maupertuis comme preuve du soutien du roi. Il s’ensuit toute une série d’articles dans la presse, les uns écrits par des journalistes, les autres par les protagonistes eux-mêmes – Frédéric dénonce le « libelle infâme », Voltaire renie avoir écrit quoi que ce soit ; et en même temps Voltaire arrive à faire circuler d’autres éditions de sa Diatribe, dont une est réintitulée tout simplement La Querelle (1753). En avril 1753, les relations entre lui et Frédéric II sont devenues très difficiles, Voltaire quitte Berlin (le 18 avril) pour Paris ; le mois suivant, Maupertuis quitte Berlin pour St Malo, mais il reviendra en 1754. 

Enjeux

Enjeux

Si Voltaire n’est pas d’accord avec Maupertuis en ce qui concerne ses positions scientifiques et métaphysiques, la querelle est aussi à la fois personelle, portant sur la position de Voltaire à la cour de Berlin ainsi que sur sa réputation européenne, et politique car il voit comme un abus de pouvoir la manière dont Maupertuis, à travers l’Académie, traite Koenig. Sans doute faudrait-il aussi voir derrière sa représentation de Maupertuis en tyran, une image du roi Frédéric. 

Chronologie

Chronologie

• 1752 : publication de l’Appel au public : Koenig se défend contre le jugement de l’Académie de Berlin selon lequel il aurait faussement accusé Maupertuis de plagiat.

• 1752 (18 septembre) : Voltaire publie sa « Réponse d’un académicien de Berlin à un académicien de Paris » où il défend Koenig et accuse Maupertuis.

• 1752 (novembre) : le roi Frédéric intervient dans la querelle avec sa Lettre d’un académicien de Berlin à un académicien de Paris, qui prend la défense de Maupertuis contre Voltaire ;

• 1752 (17 novembre) : réponse de Voltaire dans une lettre ouverte à Koenig, puis dans un ouvrage satirique intitulé Diatribe du docteur Akakia qui vise Maupertuis

• 1752 (fin) et début 1753 : série d’articles dans la presse (écrits par des journalistes ou par les protagonistes eux-mêmes)

• 1753 : publication par Voltaire de La Querelle

• 1753 (avril) : les relations entre lui et Frédéric II et Voltaire sont devenues très difficiles : Voltaire quitte Berlin (le 18 avril) pour Paris ;

• 1753 (mai) : Maupertuis quitte Berlin pour St Malo, mais il reviendra en 1754.

Noms propres

Noms propres

Références

Références

Corpus

[Koenig, Johann Samuel], Appel au public du Jugement de l’Académie Royale de Berlin sur un fragment de lettre de M. de Leibnitz, cité par M. Koenig (Leiden, Elie Luzac, 1752)

Voltaire, François-Marie Arouet, dit, Réponse d’un académicien de Berlin à un académicien de Paris, dans Bibiothèque raisonnée des ouvrages des savants de l’Europe, Amsterdam, Tome 49 (juillet, août, sept., 1752, p. 227-228)

[Frédéric II de Prusse], Lettre d’un académicien de Berlin à un académicien de Paris (Berlin, E. de Bourdeaux, 1753);

[Voltaire, François-Marie Arouet, dit], Diatribe du docteur Akakia (Rome [Potsdam, Veuve Neumann], 1753 [1752])

[Voltaire, François-Marie Arouet, dit], Diatribe du docteur Akakia (Rome [Leiden, Luzac], 1753 [1752])

[Voltaire, François-Marie Arouet, dit], Diatribe du docteur Akakia (Rome [Londres], 1753)

Lettres concernant le jugement de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Prusse, et apologie de M. de Maupertuis. [Lettres d'Euler à Merian, de Maupertuis à Euler et de Merian à Euler, en latin et en français. Suivi de la lettre d'un académicien de Berlin à un académicien de Paris.] (Paris : Durand, 1753)

[Voltaire, François-Marie Arouet, dit], Œuvres mêlées d’un auteur célèbre qui s’est retiré de France (Berlin [Paris], 1753)

[Voltaire, François-Marie Arouet, dit], La Querelle (1753)

[Anon], Maupertuisiana (Hambourg, 1753)

[Voltaire, François-Marie Arouet, dit], Histoire du docteur Akakia et du natif de St. Malo (Leipzig, Breitkopf, 1753)

[Voltaire, François-Marie Arouet, dit], Traité de Paix, conclu entre mr le Président de Maupertuis et Mr le Professeur de Koenig (Berlin, 1753)

[Voltaire, François-Marie Arouet, dit], L’art de bien argumenter en philosophie, réduit en pratique par un vieux capitaine de cavallerie, travesti en philosophe (Hambourg, 1753)

[Voltaire, François-Marie Arouet, dit], Le Siècle politique de Louis XIV, ou Lettres du Vicomte Bolingbroke sur ce sujet avec les pièces qui forment l’histoire du siècle de M. F. de Voltaire, et de ses querelles avec Mrs. De Maupertuis et La Beaumelle, suivies de la disgrâce de ce fameux poète à Sièclopolie ([Paris], 1753)

Sources secondaires

• Maupertuis, Pierre Louis Moreau de Essai de cosmologie (s.l., 1750)

• Koenig, Johann Samuel, ‘De universali principio aequilibrii et motus’, Nova Acta Eruditorum, Leipzig, mars 1751, p. 125-135, p. 162-176 ;

• [Euler, Leonhard], Exposé concernant l'examen de la Lettre de M. de Leibnitz, alleguée par m. Le prof. Koenig, dans le mois de mars, 1751 des Actes de Leipzig, à l'occasion du principe de la moindre action, avec le Jugement de l’Académie royale de Berlin sur cette Lettre (Berlin, 1752)

Bibliographie critique

•  Magnan, André, Dossier Voltaire en Prusse (Oxford, Voltaire Foundation, 1986)

•  Mallinson, Jonathan, ‘Introduction’, OCV, 32c, pp. 1-98

•  Terrall, Mary, The Man who Flattened the Earth: Maupertuis and the Sciences in the Enlightenment (Chicago, London, Chicago University Press, 2002) 

Liens

Liens

Liens vers d'autres querelles associées

Principe de moindre action (querelle du)

Voltaire vs La Beaumelle